Pour de nombreux pêcheurs de carnassiers, le float-tube est une toute nouvelle invention. Le premier engin de ce type date pourtant de 1940 et avait été bricolé avec une ancienne chambre à air de camion par un pêcheur américain de l’Arkansas ! Cet ancêtre de notre float-tube moderne était très fragile et particulièrement lourd. Malgré ces inconvénients, il eut un vrai succès et fut baptisé « fish and float » ! Tout un programme… Pour peu que l’on prenne certaines précautions, le float-tube est sans conteste un outil qui offre aux pêcheurs une véritable liberté de mouvements. Fini les postes inaccessibles et les brochets imprenables, de nouveaux horizons s’ouvrent au pêcheur qui souhaite tenter cette aventure pour un budget très contenu. Non seulement le float-tube est léger et très maniable, mais cela ne prend que peu de temps pour le gonfler et le mettre à l’eau. Peu encombrant dans la voiture – il se loge facilement dans un sac de sport avec gonfleur, palmes, ancre –, il permet de tenter des postes jusque-là parfaitement inaccessibles du bord. Mais je crois que les plus belles sensations sont atteintes lorsqu’un beau brochet ou un silure qui a pris votre leurre parvient à faire tourner la « bouée » sur elle-même (et le pêcheur avec) lors du premier rush. Je peux vous assurer que ce sentiment de légèreté sur l’eau n’est que du plaisir. Beaucoup mieux que depuis la berge, le pêcheur ressent chaque coup de tête du poisson, chaque mouvement pendant la bagarre.
La liberté retrouvée…
Lors de mes premières expériences de pêche en float-tube, j’avais peur d’une chose : faire fuir les poissons, car je pêchais des ballastières cristallines. En effet, la taille de cette bouée imposante et parfois ses couleurs vives ainsi que les mouvements des palmes me semblaient être un handicap pour approcher des poissons éduqués. J’avais « tout faux ». Non seulement le float-tube ne fait pas fuir les poissons, mais bien au contraire, il semble qu’il rende le pêcheur invisible. En effet, je ne compte plus les poissons de belles tailles que j’ai réussi à prendre à deux ou trois mètres de mon embarcation tandis que, lorsque l’on marche sur la berge, il est bien difficile de s’en approcher sans déclencher la fuite, surtout quand l’eau est transparente. D’après mon expérience, la seule exigence pour ne pas éveiller la méfiance des carnassiers est d’utiliser des palmes sombres (noires) et de palmer avec discrétion. Il faut donc palmer doucement et prendre son temps, puis garder les jambes immobiles dès qu’un poisson passe à portée de canne. La couleur extérieure du float-tube ne semble pas déranger les poissons. Je pense que les carnassiers ne sont pas effrayés par le float-tube pour deux raisons : ils sont peu ou encore rarement pêchés de cette manière et n’ont pas peur de ce « gros canard qui s’approche ». Ensuite, et surtout, parce que la silhouette du pêcheur est extrêmement basse dans cet engin, ce qui éveille beaucoup moins la méfiance qu’une posture classique. Bien sûr, le pêcheur trouve son champ de vision réduit parce qu’il est bas sur l’eau, et cela peut paraître plus compliqué. D’ailleurs, des essais effectués avec des modèles « pontoons » (sorte de petit radeau avec des rames) ou plus simplement en bateau ont montré que les résultats en matière de prises n’étaient pas vraiment meilleurs.
Savoir se laisser porter
Une fois équipé, le pêcheur en float-tube doit s’efforcer d’aborder les différents secteurs avec beaucoup de discrétion. Si c’est votre premier essai, mieux vaut ne pas trop vous éloigner de la berge et chercher les endroits encombrés où les poissons ne peuvent être atteints par ceux qui pratiquent de la berge. C’est souvent de cette manière que l’on tombe sur un joli banc de perches ou des sandres sur une cassure. En grande rivière, dans un courant lent, inutile de palmer, il suffit de se laisser porter, de garder les yeux grands ouverts et de travailler son leurre comme à l’habitude. Pour ma part, j’adore les hauts-fonds, faits de roches, de sable ou de plantes aquatiques qui sont hors d’atteintes des confrères et qui recèlent souvent un ou deux brochets en poste. Un float-tube vous permettra de rentrer dans un paquet de nénuphars sans le moindre souci. Ces secteurs peu profonds permettent aussi de faire une halte. Le float-tube offre un autre avantage, il permet par eau basse de découvrir des secteurs que l’on pêche depuis longtemps sous un autre angle… cette roche en plein milieu du courant mais parfaitement invisible de la berge. Ce haut-fond à 30 mètres du bord. Cette grande fosse dont le fond est parsemé d’accroches. Grâce à cet engin flottant, vous allez, comme je l’ai fait, parfaire la connaissance des secteurs de pêche que vous pratiquez. Il se peut aussi que vous aperceviez des poissons dont vous ne soupçonniez pas la présence : ici un beau brochet, un banc de perches ou de très gros chevesnes à tenter en surface. En float-tube, un étang, un lac ou une rivière lente nous apparaissent bien différents, et c’est pour cette raison que cette pratique ouvre de nouveaux horizons parfois parfaitement inconnus.
En toute sécurité
La pêche en float-tube ne doit se faire que par eau très basse et sur des parcours au courant particulièrement lent si vous pêchez en rivière. Un float-tube n’est pas étudié pour franchir des rapides comme un kayak, la prudence sera donc toujours de rigueur. Un conseil, pratiquez à deux sans oublier votre portable qui pourrait vous être utile en cas de soucis. Gardez à l’esprit qu’un float-tube, même le plus robuste, reste relativement fragile face à des barbelés, des roches acérées ou tout objet contondant parfois jeté dans l’eau. Pêchez tranquille mais soyez vigilant en ne vous éloignant pas trop de la berge. Rangez parfaitement votre matériel dans les poches du float-tube qui sont prévues à cet effet. Munissez-vous d’une épuisette avec un manche court et d’une ou deux cannes de rechange. Il existe maintenant des supports de cannes très pratiques et rapides à mettre en place.
Waders respirants pour l'été
Pendant la saison chaude, les meilleurs waders pour pratiquer le float-tube sont de loin les modèles Goretex respirant. Très légers avec des terminaisons en chaussettes néoprène, ils offrent de loin la plus grande liberté de mouvement et facilitent le port de grandes palmes « standards » qui s‘enfilent comme des chaussures. Ces waders permettent de diminuer les problèmes de crampes lorsque l’on a peu l’habitude de palmer longtemps dans une eau fraîche.