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Avec Bastien Nicolay : la pêche du black-bass en hiver

Pour certains, traquer le black-bass en hiver est une totale hérésie. Si ce carnassier est en effet le plus souvent associé aux pêches d’été, il continue néanmoins de s’alimenter pendant la saison froide. Ce n’est pas Bastien Nicolay, un grand spécialiste de l’espèce que nous avons suivi sur l’un de ses spots favoris, qui dira le contraire.

C'est à la mise à l’eau de l’étang de Soustons que je retrouve Bastien Nicolay, qui pêche le black-bass depuis l’âge de huit ans ! Avec ses vastes zones humides, son fond très uniforme et ses faibles profondeurs, ce plan d’eau de près de 400 ha est on ne peut plus typique des lacs landais.

Super champion

En 2019, Bastien Nicolay a remporté, en Espagne, la Soner Euro Nitro Cup, plus grande compétition européenne de pêche du black-bass. Notre expert a partagé son sacre avec un équipier hors du commun : Mike Iaconelli, l’un des pêcheurs de black-bass les plus capés au monde. Il a notamment remporté la prestigieuse compétition du Bass Master Classic, en 2003.

Pour Bastien, l’hiver venu permet de prendre encore quelques beaux black-bass. La pêche est simplement différente !
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Les bons secteurs

Malgré le soleil, la température est très fraîche en ce début de matinée, mais Bastien semble serein. « Le black-bass cesse de s’alimenter quand la température de l’eau passe sous les 6°C et aujourd’hui, elle est à 9, précise-t-il. En premier lieu, il va falloir bien définir les zones de tenue possibles. » Ce poisson, en effet, se déplace peu en hiver pour s’alimenter. Métabolisme et phases d’activité sont réduits, le choix des zones de pêche est donc essentiel. C’est à vive allure que le champion rejoint déjà une anse aux bordures très encombrées. Les eaux sombres empêchent toute pêche à vue. Il est encore tôt et les black-bass sont calés au cœur de leur poste de repos. Il va falloir prendre des risques pour les débusquer… Bastien opte pour le jig. Ces têtes plombées bardées de filaments de silicone imitent le plus souvent une écrevisse ou une proie tombée des frondaisons. Leur système de brosse couvrant l’hameçon permet de tenter les poissons dans ce type de spot encombré. Notre expert entreprend une minutieuse prospection des bordures, privilégiant les lancers courts, pêchant parfois presque sous la canne. La commande à pédale du moteur électrique lui facilite grandement la tâche. Cette proximité permet de gagner en réactivité durant les combats afin de faciliter l’extraction des poissons. Les posés sont précis et délicats, les animations très lentes, canne haute, fil à peine détendu afin de faire travailler le leurre quasiment sur place. Bastien marque également de très longues pauses. « Ces arrêts sont souvent nécessaires, surtout en hiver, explique-il. La majeure partie des touches surviennent dans ces moments-là ! » Bastien utilise un jig lesté en tête (10 g) sur lequel il ajoute un leurre souple volumineux en guise de trailer. Le choix de ce trailer a son importance au niveau vibratoire. De grosses vibrations sont utiles par temps agité car détectées plus facilement. Si la météo est calme, le trailer retenu déplacera peu d’eau.

Avec les températures fraîches du petit matin, Bastien mise sur une grosse prise de risques. Il attaque au jig, sur des bordures encombrées. 
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Une descente ralentie

Pour les coloris, il aime le noir qu’il couple éventuellement avec d’autres (bleu, violet, rouge). « Ces spectres sont les plus perceptibles par le black-bass, en eau claire ou teintée, confie Bastien. Sur un fond clair, des nuances de marron, marron clair, vert, sont aussi très efficaces. » Il choisit une imitation d’écrevisse (Ekrevis 60B) assez volumineuse. L’effet recherché est d’obtenir une descente planante. Les lancers s’enchaînent et le champion, concentré sur sa bannière, remarque un léger décalage. Il enchaîne immédiatement avec un lourd ferrage. La canne puissante et le moulinet à fort ratio devraient faciliter une extraction rapide. Le poisson semble très correct mais, au milieu d’un arbre immergé, le combat est périlleux et le black-bass se décroche… Bastien n’est pas surpris car, dans ce type de configuration et vu la prise de risque, ce sont des choses qui arrivent. Le soleil brille, au rythme des passages nuageux, et la température extérieure monte doucement. Ce type de jig se skippant très bien, Bastien prospecte sous la végétation tombante, amaigrie par l’hiver.

Le trailer installé sur le jig est choisi en fonction de la situation. Il opte ici pour un modèle volumineux pour obtenir un effet planant à la descente. 
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Nouveau rendez-vous

Nous sommes sur une phase d’activité car, quelques minutes plus tard, un second poisson s’empare discrètement du jig. Le combat est intense et notre expert, après l’avoir extrait en force, travaille son adversaire en pleine eau, contrant habilement chaque tentative de chandelle. Le joli spécimen d’une quarantaine de centimètres est vite remis à l’eau. Bastien peigne quelques minutes encore cette bordure prometteuse mais l’effervescence aura été de courte durée. Un sale vent du nord qui ne cesse de forcir nous oblige en effet à regagner précipitamment la mise à l’eau. Frustré, Bastien me propose un second rendez-vous, évidemment aussitôt accepté ! Nous nous retrouvons donc, trois semaines plus tard, notre champion ayant prévu de me présenter une autre approche, souvent efficace en hiver. « Le jerkbait minnow marche bien en eau froide et à tout moment de la journée. C’est sans doute le leurre à black-bass le plus utilisé dans le monde, fait-il remarquer, mais paradoxalement, moins en France… C’est pourtant un leurre extraordinaire ! » En effet, l’approche semble bien différente. Bastien s’y prend de façon beaucoup plus superficielle, misant sur une activité en pleine eau. L’idée, c’est d’utiliser des modèles suspending qui restent sur place lorsque l’on marque un arrêt. Notre expert les utilise sur les pointes d’arbres, en bordure de frondaisons, dans les bras morts et les canaux, surtout en pleine eau. L’objectif, c’est de déclencher des poissons suspendus ou postés à la périphérie de certains obstacles.

Le skipping permet à Bastien de faire ricocher son jig pour atteindre de très bons postes, sous les branches basses.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

De longues pauses

Malgré la saison et le froid, l’action de pêche est particulièrement dynamique, avec des animations très fortes entrecoupées de nombreuses pauses. Sur un bras étroit bordé de marécages, c’est la touche ! Comme à son habitude, Bastien écourte au maximum le combat. Voilà un très joli poisson de plus de quarante centimètres, bien ventru. Sa stratégie semble fonctionner. « Une animation forte en twitching est de rigueur. Il faut faire du bruit, créer un maximum de vibrations, afin d’attirer l’attention du poisson, insiste-t-il. Là encore, la touche survient quand le leurre est suspendu, à l’arrêt. Les attaques au redémarrage sont plus rares. Il ne faut pas hésiter à bien faire durer les pauses, pour jouer avec les nerfs du prédateur ! »

Un matériel puissant, adapté à la pêche au jig, favorise l’extraction en force des poissons réfugiés dans les spots les plus encombrés.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

De l'élasticité

Pour tout cela, Bastien préconise l’utilisation d’un matériel assez léger, composé d’une canne plutôt souple, couplée à un nylon élastique permettant d’assurer certes une bonne pénétration des hameçons, en général plutôt fins de fer sur ce type de poisson-nageur, mais surtout d’éviter au maximum les décrochages. La matinée avançant, la température monte doucement et Bastien rejoint une zone où les cyprinidés se regroupent pour l’hiver. Sa dérive est très lente, il insiste. Et comme prévu, c’est sur une longue pause qu’il détecte l’attaque. En perçant la surface, le black-bass laisse déjà apparaître sa magnifique parure dorée. C’est un très beau poisson qui approche les cinquante centimètres. Sacrément mérité, n’est-ce pas !

Bastien considère qu’il est essentiel de privilégier les modèles suspending afin de faire durer les pauses. Le leurre restant sur place, les gros black-bass y résistent rarement.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Son matériel

  • Bateau : Sportman 1650 (Crestliner)
  • Moteur thermique : 30 CV (Mercury)
  • Moteur électrique : X5 80 lbs (Motorguide)
  • Canne : Ike Signature Series ML (Abu Garcia), Hornet Stinger Plus (Abu Garcia) 2,26 m
  • Moulinet : Revo Ike (Abu Garcia), Revo Stx (Abu Garcia)
  • Tresse : Power Pro 23/100
  • Nylon : Invisible (Yuki) 28/100
  • Fluorocarbone : Seaguar Saiko Stiff (Yuki) 40/100

En haut : Pointer (Lucky Craft), Staysse (Lucky Craft). Au milieu : Vision 110 (Megabass), Rudra 130 (OSP). En bas : Hole Shot (ZPI) en deux coloris
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

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