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Mai : la pêche des aloses au jig, lame et à la cuiller sur la Charente

Les poissons migrateurs font vibrer le cœur et l’esprit des pêcheurs. Et si le saumon et la truite de mer sont les plus connus, il existe d’autres espèces offrant, elles aussi, de belles perspectives aux pêcheurs. L’alose est un poisson moins réputé, mais pour de nombreux passionnés, ce poisson combatif offre de belles sensations…

C'est au mois de mai que nous retrouvons Florian, un souriant gaillard blond, par une belle journée ensoleillée sur les bords de la Charente, à Chaniers, pour découvrir la pêche aux leurres de l’alose. Il faut savoir que nos eaux abritent deux aloses : l’alose feinte (Alosa fallax) et la grande alose ou alose vraie (Alosa alosa). Cette dernière est en forte régression depuis quelques décennies, et elle est classée sur la liste rouge des poissons menacés. La réglementation concernant la pêche des aloses varie en fonction des lieux, mais en Gironde, la pêche de la grande alose est totalement interdite. Les aloses sont des poissons osseux possédant une carène ventrale et présentant une silhouette très semblable à celle d’une sardine ou d’un hareng, ses proches cousins. L’alose feinte adulte mesure entre 40 et 60 centimètres pour un poids d’environ 700 grammes. La grande alose, elle, peut atteindre 80 centimètres pour un poids d’1,6 kg. Outre leur différence de taille, les deux poissons présentent des différences de morphologie. On reconnaît l’alose feinte grâce aux taches noires (entre quatre et huit) alignées sur ses flancs, toutefois ces taches ne sont pas visibles sur tous les spécimens. Ses écailles sont régulières et parfaitement alignées sur l’axe longitudinal. La grande alose ne possède qu’une tache derrière l’opercule et ses écailles sont irrégulières et non alignées.

Aloses acrobates

Les deux poissons ont un mode de vie assez similaire. Ce sont des migrateurs, qui, comme le saumon, remontent les cours d’eau pour y frayer après avoir passé quelques années en mer. Les remontées d’aloses ont lieu entre avril et juin. Les deux poissons se reproduisent bruyamment la nuit lorsque l’eau atteint une température précise. Chez ce poisson, la reproduction nécessite une véritable danse nuptiale. Le mâle et la femelle, nageant vigoureusement de concert, font des cercles à la surface de l’eau durant lesquels les œufs sont émis puis fécondés. Ce comportement, très bruyant, est surnommé « bull ». Il permet aux chercheurs d’estimer le nombre d’aloses en train de se reproduire. L’alose est un poisson très apprécié gustativement dans le sud-ouest de la France pour sa chair, bien que farcie d’arêtes. D’ailleurs, de nombreuses recettes utilisent de l’oseille pour éliminer les arêtes les plus fines. Ses œufs sont aussi consommés et les amateurs préfèrent ce « caviar » d’alose à sa chair. Notre ami ne recherche pas ce poisson pour sa chair ni ses œufs, mais pour sa défense légendaire. Alors pour prendre un maximum de plaisir et profiter de la vigueur de ce migrateur, il utilise un matériel assez fin. Cela permet aussi d’augmenter le nombre de touches. Toutefois, Florian insiste bien sur la nécessité d’avoir un matériel suffisamment puissant pour abréger les combats et éviter de trop fatiguer le poisson quand on désire le gracier. Car si l’alose est un poisson plein d’énergie, il est aussi très fragile et un combat trop long l’épuise. Il faudra aussi éviter de trop le manipuler si on veut le relâcher dans de bonnes conditions.

 Le mois de mai est idéal pour traquer les aloses aux leurres.
Crédit photo : Erwan Balança

Petites lames

Pour l’instant les choses ne semblent pas gagnées, car les pêcheurs présents sur le site n’ont pas attrapé une seule alose. Nous les interrogeons et cela fait pourtant un bon moment qu’ils enchaînent les séries de lancers sans aucun résultat. Si, à certains moments, les aloses semblent frénétiques et attaquent tous les leurres, il y a aussi de nombreux jours où le poisson semble avoir disparu. Nous préparons notre matériel avec comme musique le son régulier des cuillères qui touchent l’eau. L’absence de touches et de prises de nos voisins pêcheurs ne semble pas affecter notre ami. « Je vais allonger mon bas de ligne en fluorocarbone et pêcher plus fin. Ça peut faire la différence lorsqu’elles sont tatillonnes. » Florian ouvre son sac et recherche le leurre du jour dans une de ses nombreuses boîtes. « L’eau est assez claire, alors on va privilégier des teintes bleutées et argentées qui fonctionnent bien ici. L’orange et le rose donnent également des bons résultats, mais dans des eaux plus chargées ou avec une luminosité plus faible. » Dans la foulée, il nous tend un leurre : c’est une jolie lame de petite taille. « Les aloses aiment le métal et ces microlames sont très efficaces ! Elles permettent de balayer beaucoup de terrain et d’augmenter ainsi les chances de croiser les bancs qui se déplacent beaucoup. Leur seul inconvénient est que j’ai régulièrement des décrochés, mais j’ai rajouté un anneau brisé pour les limiter. »

Touches en série

L’action de pêche est assez simple. Il faut lancer et ramener sans cesse jusqu’à ce que les bancs de poissons rentrent en activité. Il ne faut pas rater le passage qui généralement dure moins d’un quart d’heure. Au moment de cette frénésie, il faudra essayer de balayer le plus de volume d’eau possible. Pour résumer, il faut jeter loin, changer la rapidité de récupération et toujours garder à l’esprit que celui qui prend du poisson, c’est celui qui a son leurre dans l’eau… Et toujours bien régler son frein car le démarrage est puissant ! Nous voilà donc, nous aussi, à faire des séries de lancers-rameners. Cela ne dure pas longtemps car Florian annonce « poisson ! » Mais dans le même instant un « m… » lui échappe et l’absence de tension dans la canne ne laisse aucun doute : un décroché ! Dans la minute qui suit nous subissons la même épreuve, belle frappe, ferrage mais pas de poisson au bout de la ligne. Le ferrage était-il trop mou ? Ou trop tôt ? Voire trop tard ? Bref, nous n’en savons rien et, comme toujours, nous nous interrogeons sur la cause de cet échec. De toutes les hypothèses, aucune ne nous satisfait totalement. Alors vivement la prochaine touche qui sera sévèrement sanctionnée ! Cela ne tarde pas, mais c’est à nouveau Florian et cette fois le poisson est bien piqué ! La canne montre une jolie courbe, le frein chante gentiment et notre ami a retrouvé son grand sourire.

En l’absence de touche, il ne faut pas hésiter à lancer loin en éventail pour déclencher les attaques.
Crédit photo : Erwan Balança

Revue de matériel

Le choix se fait en fonction des conditions de pêche : pour des niveaux bas et une eau claire, il pêche avec une canne permettant d’utiliser une ligne fine, une tresse de 0.4/0.6 terminée par un bas de ligne de 16-20 centièmes. Canne sensible mais tout en ayant suffisamment de puissance pour brider le poisson. Lorsque le débit de la Charente est plus élevé, il emploie un matériel plus puissant, une canne pouvant utiliser une ligne plus forte PE 0.8/1 et bas de ligne en 25 centièmes. Il faut compléter l’ensemble avec un moulinet possédant un bon ratio, la taille 2500 est parfaite. En l’absence de touche, il ne faut pas hésiter à lancer loin en éventail pour déclencher les attaques. et cette erreur est vite sanctionnée ! Pour les leurres, le métal marche bien. Le jig est le leurre le plus utilisé traditionnellement en 20 g, mais attention à adapter selon le spot et le débit ! Varier la taille et le poids en fonction de la profondeur et du courant, de 5 à 30 g. L’avantage du jig est qu’il permet une utilisation soit linéaire soit de façon classique. La lame est aussi un leurre très efficace qui permet de couvrir une grande sur face de terrain. Le spintail, dont l’hameçon est derrière la palette, fonctionne même en cas d’attaques timides, les touches sont souvent concrétisées. On peut également utiliser des petits poissons nageurs à truites, en particulier les leurres les plus denses ou avec un transfert de masse qui permettent de gagner en distance.

L’alose ne se rend qu’à la fin d’un combat intense.
Crédit photo : Erwan Balança

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