Cyrille, passionné par la pêche des aspes me prévient dès le début de notre session. « Ce poisson met nos nerfs à rude épreuve ! Malgré de nombreuses sorties, la réussite n’est jamais garantie. Pour la traque de ce poisson, il faut s’armer de patience, de détermination et ne pas ménager ses efforts. Il n’est pas toujours facile de garder confiance dans sa pêche, ses leurres, ses animations. Les poissons sont là, ils montent en surface, trahissant leur activité par des remous énormes mais refusent de mordre ! On voit aujourd’hui sur les réseaux sociaux de nombreuses images de pêcheurs posant avec des aspes magnifiques. C’est un poisson médiatique et on pourrait imaginer qu’il est facile de faire de belles pêches, mais la réalité est tout autre. C’est aussi cette difficulté qui en fait toute la saveur. Même si on traverse des périodes très calmes, voire de véritables “déserts”, il faut y croire 2 et continuer. Évidemment, cela n’est pas toujours facile, ce poisson est déroutant mais la touche explosive en vaut la peine. »
Adieu la surface
Les jours raccourcissent et les températures baissent, l’automne fait son retour et offre de belles opportunités. Pour notre pêcheur, la traque de l’aspe aux leurres de surface est la plus excitante. Mais il faut se faire une raison et en automne, au fil des jours, l’efficacité de cette technique de surface diminue. Difficile de savoir quel facteur met fin à l’efficacité de notre leurre favori et au magnifique spectacle de ces belles attaques en surface. La température de l’eau est un élément déclenchant mais sûrement pas le seul. Certaines années, la bascule se fait dès la fin août, d’autres courant septembre. Comme toujours à la pêche, il faut être opportuniste et savoir s’adapter. Bien sûr Cyril n’abandonne pas les leurres de surface du jour au lendemain. Au cours des sorties, il est assez facile de savoir s’il faut délaisser cette technique. Si les aspes ne montent plus sur ces poissons nageurs, il n’y a pas à hésiter, on passe à autre chose. Parfois cela est moins flagrant, les aspes suivent mais ne prennent pas ou les attaques se soldent toutes par des ratés. On range les « flottants », et on choisit un modèle qui pêche plus creux de quelques centimètres. Bien souvent, un leurre qui nage juste sous la surface suffira à déclencher de nouveau les poissons plus discrets.
Slider et stick coulant
Depuis plusieurs années à cette période, Cyrille privilégie deux types de leurres, un poisson nageur et un leurre métallique. Il commence ses approches avec un leurre dur de type slider qui évolue juste sous la surface. Cyrille anime ce leurre pour qu’il ait une trajectoire dessinant de grands S juste sous l’onde. Cette nage est obtenue par simple récupération au moulinet, pas besoin d’animations spécifiques ce qui le rend très simple d’utilisation. Son modèle favori pour ce petit jeu est le Contact Feed Sinker Slider de Tackle House. Avec ses 8,5 cm et ses 18 grammes, il correspond très bien aux proies des aspes. Il se lance très loin et permet de battre du terrain. Notre pêcheur le propulse trois quarts amont et effectue une récupération rapide. Le second pour rechercher les poissons en subsurface est le Mr Joe de Sakura. Ce leurre a été créé par Éric le Guyader, un ancien ligneur de la pointe du raz et incroyable concepteur de leurres. Le Mister Joe est à la base destiné aux bars et aux pêches exotiques mais dans sa petite taille, la version 10,5 cm pour 23 grammes, il est redoutable sur les aspes. Ce stickbait coulant à la particularité d’évoluer de 10 cm jusqu’à 1 mètre sous la surface. Animé rapidement en walking the dog, il a une nage erratique, vraiment étonnante. Il déclenche les attaques de nombreuses espèces, tant en eau douce qu’en mer et les aspes n’y font pas exception. Les quatre couleurs disponibles fonctionnent bien pour la pêche de ce poisson.
Éternel jig
Cyrille complète toujours cette approche par des leurres de type casting jig. C’est devenu un incontournable pour l’aspe et il ne quitte jamais sa boîte de pêche. Il lui permet de sauver des sorties en début d’automne et il devient au cœur de l’hiver son unique leurre. Les jigs métal avec leur grande densité permettent de lancer très loin. Même lorsque le vent est fort, qu’il soit de face ou de travers, il se comporte comme une balle. Pour animer correctement un leurre, le vent violent est un handicap. Mais les castings jigs sont certainement ceux qui permettent le mieux de sortir son épingle du jeu. Cyrille adapte le rythme de sa récupération au moulinet et le grammage du leurre en fonction de la force du vent et des zones pêchées. En trouvant le bon équilibre poids du leurre, profondeur et force du vent, il est presque toujours possible de pêcher correctement les différentes couches d’eau.
Le bon compromis
Il utilise deux types d’animation avec ce leurre, un simple lancer-ramener ou des tractions plus ou moins énergiques. Cyrille adapte son animation aux conditions. Plus les eaux se refroidissent et plus les animations doivent être lentes. La profondeur de nage va aussi évoluer avec l’avancée dans la saison. Notre spécialiste augmente le grammage du jig jusqu’à le faire sauter sur le fond. Les aspes se regroupent en automne. Pour trouver ses groupes de poissons, il parcourt un maximum de terrain et prospecte différents types de postes. Il faut garder le moral et ne pas hésiter à insister. L’automne est une saison où il est possible de pêcher des heures sans une touche puis d’enchaîner plusieurs poissons sur le même poste et c’est aussi la meilleure période pour capturer de très gros spécimens. Persévérez encore et encore !
Choisir ses leurres
En fin de saison, automne et hiver, les conditions météo sont plus défavorables pour le pêcheur, en particulier le vent. Vous devez choisir des leurres répondant à trois critères fondamentaux :
- Avoir la faculté de nager dans le courant et l’écume sans décrocher, et cela même sur des récupérations très rapides.
- Avoir un aérodynamisme permettant d’atteindre les postes les plus éloignés.
- Avoir un armement solide, l’automne permet de piquer de gros poissons et rien n’est plus frustrant que de louper l’aspe de l’année à cause d’un hameçon fragile qui s’ouvre lors du combat.