J'enfonce un peu plus ma casquette sur ma tête. Je regrette presque de ne pas avoir pris de bonnet ! Une jolie brume court sur l’eau et nous sommes engoncés dans nos doudounes. Pour un 20 juin c’est tout de même incroyable. Qu’importe, lorsque Jean-Baptiste m’a téléphoné il y a deux jours en me disant « tu peux venir, les sandres sont chauds en ce moment », je n’ai pas hésité et j’ai parcouru les 600 km qui nous séparent avec joie.
Des conditions hivernales
En cette veille d’été, les conditions de pêche sont donc un peu compliquées. Nous nous retrouvons au bord de l’Escaut au nord de Lille. Le fleuve traverse la France puis la Belgique pour aller se jeter en mer du Nord dans les Pays-Bas. La population de sandres est ici florissante et une crue soudaine a gonflé son cours et mis les carnassiers en activité. Nous sommes presque dans les mêmes conditions de pêche que lors de la Mercury Fishing Cup, la coupe de France qui s’est déroulée sur une Seine en crue en novembre 2023 et qui a vu le sacre de Jean-Baptiste et de son coéquipier, Nicolas Noël. Appliqués, méthodiques, les deux amis ont enchaîné les captures de sandres avec de gros leurres souples, les yeux rivés sur leurs échosondeurs équipés de technologie Live, c’est-à-dire avec une vision en direct de ce qu’il se passe sous l’eau.
Un équipement à la pointe
Cette nouvelle technique a ses aficionados et ses détracteurs ! Je ne rentrerai pas dans le débat, mais pour faire taire les mauvaises langues, ce n’est pas parce que l’on est suréquipé que l’on prend plus de poissons… Il faut un vrai sens de l’eau, une analyse fine de la pêche pour faire la différence, j’en ai eu encore la preuve ce jour-là.
« Allez, allez ! »
Nous débutons à peine la dérive que Jean-Baptiste peaufine les réglages de ses appareils, deux échosondeurs Lowrance dernier cri qu’il a personnalisés avec des pare-soleil fabriqués grâce à une imprimante 3D par l’un de ses amis. Ses cannes sont méticuleusement rangées, chacune équipée d’un leurre différent, avec une tête plombée très lourde, plus de 50 g, maintenant le leurre à la verticale du bateau afin qu’il reste bien dans le cône de détection de la sonde et donc visible à l’écran. Alors que je le regarde animer son montage doucement, je prends un énorme coup de fusil dans le poignet ! Ma canne plie, le sandre monte rapidement, nous pêchons dans trois mètres d’eau teintée. Un beau poisson dépassant 70 cm gigote en surface et se décroche, mal ferré. Cela m’apprendra à être plus attentif ! Je peste, JB rigole et me lance : « Ne t’inquiète pas, il y en a beaucoup d’autres ! » À peine trois mètres plus loin, il s’excite : « Allez, allez, mords donc ! » Je le vois animer son leurre délicatement et mouliner en même temps. Montage et poisson suiveur sont bien visibles sur l’écran, les deux arrivent à un mètre seulement sous la surface lorsque je vois le scion de sa canne se courber, le pêcheur envoie alors un gros ferrage. Celui-ci ne peut pas se sauver ! Le carnassier glisse dans l’épuisette, prêt pour les premières photos.
Dans les cailloux
Le reste de la journée se déroulera à l’identique, nous avons capturé une vingtaine de sandres en alternant deux belles dérives le long de blocs de cailloux et d’arbres dont les branches basses frôlaient l’eau. La conduite du bateau est millimétrée, Jean-Baptiste insiste sur les postes dès que le relief du fond est un peu chaotique. Le gros leurre souple de type finesse alterne avec un grub lorsque les échos qui montent soudain du fond refusent de mordre au leurre proposé.
Ce qui m’a marqué, c’est la différence de taille entre nos poissons. Ceux du champion de France furent plus gros, souvent séduits par cette animation verticale par paliers alors que je me contentais de raser le fond de façon plus ou moins immobile et avec des leurres plus petits. Lorsque l’on voit le nombre de sandres qui viennent voir le montage et qui repartent discrètement, on comprend vite l’intérêt de cette technologie. Pouvoir s’adapter plus vite, changer de leurre plus rapidement et finalement trouver la pêche ou tout du moins le modèle qui fonctionne ce jour-là. Nous sommes passés sur une pêche en linéaire avec des shads plus petits sur une veine d’eau bien marquée et là aussi, sans aucune assistance technologique, j’ai pu constater la concentration de JB et une parfaite maîtrise des dérives. Le tout avec une bonne humeur et des blagues de potache qui l’ont rendu célèbre dans les émissions télévisées qu’il filme avec Sylvain Legendre pour la chaîne YouTube du groupe. Comme quoi, on peut être un grand champion, mais demeurer accessible et aimer partager ses connaissances avec le plus grand nombre !
Une sacrée tête
Vous avez pu lire dans le numéro d’avril que l’utilisation de très lourdes plombées, jusqu’à 100 g est désormais monnaie courante pour pêcher le sandre en verticale avec les technologies Live. Il faut en effet que le montage reste à l’aplomb du bateau ce qui, dans une rivière ou un fleuve en crue peut s’avérer compliqué. Les marques rivalisent d’ingéniosité pour proposer de nouveaux lests, en témoigne Fox Rage qui propose ces nouvelles têtes très réalistes et bien finies et pesant jusqu’à 80 g. Elles sont équipées d’un triple relié au lest par un émerillon rolling de qualité. Au besoin, Jean-Baptiste ajoute un autre triple vers la queue du leurre relié par un stinger souple.
Son équipement
Lors de cette journée de pêche, Jean Baptiste a surtout utilisé deux ensembles casting pour la pêche en verticale. Le premier était composé d’une canne TR VFOrce d’une puissance allant jusqu’à 60 g avec un moulinet Lew’s ProTi très léger. Le second était plus puissant et comprenait une canne Prism X Pike Cast 40/120 g avec un moulinet Lew’s Elite Ti.