Passionnés par la pêche des carnassiers, ces deux frères en ont fait leur métier. Ils travaillent tous deux chez Ultimate Fishing. J’ai été séduit par leur approche simple, mais technique, de la pêche des sandres et des perches en grand lac de barrage depuis le bord, dans une vidéo publiée sur YouTube. J’ai eu la chance de les suivre cet automne sur les rives des lacs de Villerest et de Grangent, leurs terrains de jeux favoris. Depuis la berge comme en bateau, ils connaissent chaque recoin de ces retenues. Normal, ils sont natifs de la région !
Des postes marqués
Nous nous retrouvons en milieu d’après-midi sur la partie haute du barrage, proche du camping d’Arpheuilles. Le lac est très bas, Charlie et Tom savent que ce secteur est pentu et qu’ils pourront atteindre des postes en profondeur depuis le bord. « Il n’a pas plu depuis longtemps, constate Charlie. L’eau est claire et avec le temps un peu dégagé et le soleil encore haut, nous devons chercher les poissons en profondeur. Ils se tiennent souvent entre sept et neuf mètres, sur des blocs rocheux et des éboulis. Ils vont remonter en fin de journée. » Les cannes sont assez longues, entre 2,40 et 2,50 mètres, afin de disposer d’un bon bras de levier pour lancer les leurres le plus loin possible et aussi garder un bon contrôle de la bannière depuis le bord. Les lancers s’enchaînent, Charlie force comme un fou sur sa canne ! Les leurres souples fixés sur des têtes plombées aux formes diverses fusent dans le ciel en direction de la berge opposée. Les hêtres arborent des couleurs flamboyantes en cette fin d’automne. Le paysage de ces gorges noyées est magnifique !
Un premier poisson récompense leurs efforts. « Ils ne sont pas très actifs ici, filons sur la plage pour les derniers instants de la journée », lance Tom. Une demi-heure après, nous voici sur la pente douce de la plage de Villerest. « Les sandres montent sur le sable, dans peu d’eau et poursuivent les alevins des gardons et brèmes qui se tiennent en bordure le soir », reprend le jeune pêcheur. « Poisson », alerte-t-il quelques instants plus tard. Pas de chance, le petit sandre s’est libéré de l’hameçon quelques mètres plus loin. Dans les derniers instants de la journée, ils piquent quelques belles perches et des sandres non maillés. Ils sont confiants pour le lendemain.
De belles perches
Nous sommes au bord de l’eau avant le lever du soleil ! Une légère brume court sur le lac de Grangent. La tactique est la même : débuter comme nous avons terminé sur des postes en pente douce sur lesquels les percidés viennent chasser aux heures extrêmes de la journée et nous rabattre ensuite sur des secteurs de falaises et de pentes plus abruptes afin de pouvoir lancer sur des postes plus profonds.
Tom pêche avec un Dark Sleeper de Megabass. « Ce leurre a plusieurs avantages, il est dense, il se lance donc loin, un critère important quand on pratique depuis le bord. C’est parfois frustrant de ne pas pouvoir atteindre les postes que l’on pense productifs ou bien qui sont plus profonds. La plombée interne le rend compact. Il n’a pas une grande queue qui peut le freiner en vol, comme un X Layer Curly de Megabass par exemple. Il est bien aérodynamique. Autre atout, son hameçon simple est protégé par les deux petites nageoires dorsales. Si vous passez dans des secteurs de roche, il s’accroche un peu moins qu’un leurre souple sur tête plombée classique. » Joignant le geste à la parole, il propulse son leurre à belle distance, attend qu’il touche le fond et le ramène en linéaire assez doucement. Je vois le scion se courber vers le large ce qui entraîne un ferrage immédiat ! C’est une belle perche qui vient poser pour la photo ! Elle repart sans demander son reste. C’est au tour de Charlie d’en piquer une aussi. Les poissons s’enchaînent.
Soudain, Charlie annonce un joli poisson. Nous nous étions un peu éloignés et en revenant rapidement avec Tom je vois la canne bien bandée en effet. Quelques secondes plus tard un beau sandre, très clair, crève la surface. Les deux Couchoud sont aux anges. Le poste étant bien poncé, nous filons sur le suivant, le matériel est vite rangé.
Sacrée rando
Il faut parfois être sportif lorsque l’on pêche depuis le bord ! Les deux frangins m’entraînent dans un véritable rempart, une berge boisée, abrupte et nous dévalons un pierrier jusqu’aux eaux noires du lac. Au premier lancer de Tom, je constate que nous sommes passés d’une profondeur de cinq à sept mètres sur le poste précédent des perches à une zone avoisinant les dix mètres ici. Il faut être patient, car les lests ne sont pas lourds pour autant. Le but est de faire planer les leurres souples pour obtenir une nage assez naturelle. « J’utilise souvent des têtes football de chez Decoy qui se posent bien sur le fond si je dois faire des pauses et une autre en forme de sabot, la Big Fish Radical de Xorus », précise Charlie.
De son côté, Tom a opté pour une tête Ned rig qui permet de pêcher très lentement en présentant le leurre bien à la verticale, à la vue des carnassiers. Le secteur est très rocheux, et suite à quelques accrocs Charlie opte pour un montage drop shot lourd afin de décoller le leurre et l’hameçon du fond. Ce montage est souvent utilisé avec des leurres souples de petite taille, cinq à sept centimètres, surtout pour la perche. Là, notre passionné enfile un One Up Slug, sans battoir caudal, d’une douzaine de centimètres sur le simple suspendu au-dessus du lest. Quelques lancers plus tard, c’est une jolie perche qui mord et nous indique clairement qu’il ne faut parfois pas avoir peur de pêcher gros ! Une bien belle démonstration qui prouve qu’il est certes plus facile de pêcher en bateau, mais que le jeu en vaut la chandelle de tenter sa chance du bord !
Quels leurres du bord ?
Charlie et Tom utilisent beaucoup le Dark Sleeper de Megabass pour les raisons mentionnées dans le reportage. Ils ont également pêché avec des leurres souples One Up de Sawamura sur tête plombée classique et sur la fameuse tête sabot Big Fish Radical de Xorus. Moins courant, le Head Swimmer Libero de Raid Japan limite lui aussi le risque d’accroc. La tête est assez lourde, l’hameçon simple est protégé par un système anti-herbe et une palette willow montée sur émerillon rolling envoie de petites vibrations et des éclairs lorsque vous ramenez le leurre. Une tête Ned rig équipée d’un ver artificiel peut séduire un sandre ou une perche, quant à la lame métallique, c’est bien sûr un leurre incontournable pour pêcher loin et profond !
Des cannes ad hoc
Lors de ce reportage, Charlie a utilisé une canne Tenryu Akuru SP 710 MH Tactical +. Ce modèle mesure 2,40 m de longueur et dispose d’une puissance de 10 à 45 g. Elle n’est pas surévaluée et je peux vous confirmer que c’est une excellente lanceuse, très solide vu comme le pêcheur la sollicite à chaque lancer ! Tom quant à lui a testé en avant-première un nouveau modèle, de la même marque. C’est une série spéciale Injection SP 82 MH Black Limited. Le blank n’est pas rouge comme souvent chez Tenryu mais noir et la longe poignée en liège offre une bonne prise en main. La longueur de 2,50 m permet là aussi d’atteindre de belles distances de lancer et la puissance de 12 à 45 g offre une grande polyvalence dans les leurres que l’on peut utiliser avec tant souples que durs.