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La pêche à la tirette au leurre souple, un grand classique revisité !

Avec la sensible désaffection des pêcheurs de carnassiers pour le sandre et la complication d’avoir à trouver et transporter des vifs, dont elle était grande consommatrice, la tirette a quelque peu disparu de notre paysage ces dernières années. Mais Laurent Madelon n’hésite pas à la remettre un peu au goût du jour, effaçant ce problème des vifs en leur substituant des leurres souples.

J’ai vraiment beaucoup pêché jadis à la tirette. Mais comme tout le monde, je suis venu peu à peu à la pêche aux leurres dont l’un des grands intérêts est de dispenser de la fastidieuse recherche des vifs. Néanmoins, j’ai toujours gardé en tête l’indiscutable efficacité de la tirette, et notamment, dans ma région, sur les brochets. Ces dernières années, après une longue période bateau, ayant repris goût à la pêche à pied, je me suis de nouveau penché sur la question en me demandant s’il n’y avait pas moyen d’utiliser un leurre souple en lieu et place du traditionnel petit vif.

Un montage à revoir

Pas simple car le principe général, avec le brochet, consiste à le laisser filer après l’attaque en libérant le fil, de façon à ce que celui-ci ait le temps de retourner sa proie. Évidemment, avec un leurre souple, c’est une autre histoire car le carnassier aura vite fait de recracher ce cadeau empoisonné. Il faut donc prévoir un ferrage instantané. J’ai également essayé de réfléchir au principal défaut de la tirette : les accrocs sur le fond, souvent dus au positionnement de l’hameçon en tête de l’appât et au plomb d’Arlesey qui se bloquait dans les galets. Aujourd’hui, la tresse a avantageusement remplacé le nylon. J’évite de descendre au-dessous du 14/100 à cause du lest coulissant qui pourrait fragiliser un support plus fin.

La tirette permet de pêcher du bord et en toute discrétion des postes encombrés, difficiles d’accès. 
Crédit photo : Laurent Madelon

Petites bombettes

Petit détail qui a son importance, le stop-float en amont de la plombée permet de régler à loisir son éloignement par rapport au leurre, et d’empêcher un trop grand coulissement sur la tresse au lancer (voir montage). Pour éviter les accrocs, l’olivette longue classique est une option mais je lui préfère de petits modèles de bombettes recoupées dont l’axe est gainé de plastique, moins agressif. Concernant le bas de ligne, pour le sandre ou la perche, un fluorocarbone de 30 ou 40/100 suffit largement. Pour le brochet, j’utilise en revanche un filament plein de qualités à mes yeux : le Regenerator (Savage Gear). Mélange de fluorocarbone et de nylon, il combine la résistance du premier et la souplesse du second.

Technique de fond par excellence, la tirette classique avait le gros défaut de générer souvent de nombreux accrochages. D’où l’idée de Laurent de privilégier les hameçons texans pour tous ses montages.
Crédit photo : Laurent Madelon

La bonne longueur

Dans la pratique, j’ai constaté qu’une longueur de 50 cm était le meilleur compromis entre discrétion, souplesse et contact avec le leurre. On peut passer à 60 avec des poissons chipoteurs ou méfiants mais, au-delà, les ferrages sont vraiment trop tardifs. À l’inverse, on peut descendre à 40, mais pas plus car le comportement du leurre n’a alors plus rien de naturel. Enfin, pour l’hameçon, le texan s’est imposé parce qu’il n’accroche quasiment pas et que la position de sa pointe, au milieu du leurre, permet de ferrer à la touche. Pour le choix des leurres, il est impressionnant de constater à quel point les comportements sont modifiés avec ce type de montage. Le mieux est de chercher, parmi tous vos modèles habituels, ceux dont l’action est plutôt planante et la plus naturelle. 

La tresse tenue dans la main, un peu à la manière d’un pêcheur au toc, permet de rester au contact permanent du leurre. Pas question de passer à côté des attaques discrètes. 
Crédit photo : Laurent Madelon

Action tirette

L’idée générale étant que la proie soit facilement repérable, on exclut donc tous les leurres trop denses. J’ai résolu le problème en modifiant la densité des miens avec des billes de polystyrène.

On peut insérer une ou plusieurs billes de polystyrène dans le corps du leurre pour optimiser son comportement. Il suffit de créer le logement à l’aide d’un emporte-pièce. Un petit tube (alu, laiton) «aiguisé» à l’intérieur avec une petite lime peut aussi faire l’affaire. On peut tester le montage (leurre + hameçon + bille) dans un récipient, le but étant d’obtenir que le leurre se pose délicatement sur le fond mais en position verticale. On assure le maintien de la bille avec un petit tronçon de fil de cuivre.
Crédit photo : Laurent Madelon

Le choix de la canne a aussi son importance. La canne doit être un modèle estampillé «tirette» ou assimilée. Il faut éviter les actions rapides et nerveuses, un scion très souple doit absolument amortir les animations. Cette canne doit néanmoins permettre d’assurer un ferrage efficace, la fourchette 15-25g étant le bon compromis entre souplesse et réserve de puissance. Une longueur de 2,40m est idéale pour assurer un bon confort de pêche du bord et des lancers efficaces. Sur le terrain, la tirette permet d’insister longuement sur des postes précis. On peut faire évoluer un montage léger dans n’importe quelle profondeur ou vitesse de courant. L’animation ainsi obtenue n’est comparable à aucune autre et permet d’obtenir un réalisme quasi parfait dans l’imitation d’un poissonnet agonisant. Cette pêche reste par essence une technique de prospection lente et méticuleuse.

Pas question non plus de laisser partir, comme au bon vieux temps, sous peine de voir le carnassier relâcher le leurre souple. Le ferrage doit être quasi immédiat. 
Crédit photo : Laurent Madelon

Comme au toc

Le principe, bien connu, n’a rien de compliqué : il s’agit de lancer le montage sur un poste choisi ou en pleine eau et de laisser le lest descendre jusque sur le fond, en accompagnant, index sur la bobine. J’ai l’habitude de saisir alors ma tresse entre les doigts, un peu à la manière d’un pêcheur au toc. Les sensations sont meilleures, permettant d’identifier les attaques les plus discrètes. L’action consiste alors à opérer de petites tirées sur le lest en relevant légèrement le scion puis à laisser le leurre redescendre sur le fond. On répète l’opération en récupérant de temps en temps l’excédent de bannière par quelques rapides tours de moulinet. C’est là qu’il est important de bien connaître le comportement de ses leurres, tous ne coulant pas à la même vitesse après une tirée. Une fois inerte sur le fond, le leurre souple n’a plus aucun intérêt et doit donc être animé de nouveau.

Laurent n’hésite pas à bricoler ses leurres souples, en les allégeant un peu, pour parvenir au comportement désiré sur le fond. Un travail simple mais de précision.
Crédit photo : Laurent Madelon

L'attaque

Mais si on a pris soin de le rendre flottant, comme vu précédemment, et qu’il peut rester à l’arrêt sur le fond la queue en l’air, on a au contraire tout intérêt à ne pas y toucher pendant quelques secondes… Dans tous les cas de figure, l’attaque va survenir sur une phase de relâché, donc a priori quand le bas de ligne n’est pas en tension. C’est tout l’intérêt de maintenir la tresse entre les doigts car même une bonne sonorité de la canne peut ne pas suffire dans ces conditions à bien identifier la réalité d’une touche.

En pleine eau, la tirette peut permettre de battre pas mal de terrain. 
Crédit photo : Laurent Madelon

Le moment clé

Il faut donc rester très concentré jusqu’au moment où le lest rejoint le fond pour la première fois… C’est bien souvent à cet instant précis que surviennent les attaques, et souvent les plus franches. En effet, le leurre suit rapidement le plomb, chutant verticalement mais s’arrêtant net son lorsque celui-ci se pose. Cet «arrêt sur image», à cinquante centimètres du fond, tête en bas, n’a pas son pareil pour déclencher une agression. Le montage ayant peu de risque d’accrocher quoi que ce soit pendant l’animation, on peut partir du principe que toute sensation bizarre ressentie entre les doigts doit être immédiatement sanctionnée par un ferrage ample.

Ce brochet d’étang n’est pas bien gros mais suffit à Laurent pour faire la démonstration du bien-fondé de ses brillantes cogitations.
Crédit photo : Laurent Madelon

Un peu partout

En conclusion, la tirette reste une approche incomparable pour pêcher de manière précise et insistante des postes souvent scabreux et difficilement exploitables autrement. Elle est aussi parfaitement utilisable en pleine eau, notamment sur les pentes douces. En rivière, la technique peut se révéler redoutable si on prend soin d’adapter la plombée afin que le montage dérive naturellement dans le courant. Cela s’apparente vraiment à une pêche au toc et, soyez-en certain, on se prend très rapidement au jeu.

Son matériel

  • Cannes : Finesse Game (Gunki) 2,45m, Mag Pro Extreme DropShot (Mitchell) 2,30m
  • Moulinet : Mag Pro RZT 1000 (Mitchell)
  • Tresse : Fireline (Berkley) 16/100
  • Bas de ligne : Regenerator (Savage Gear) 40 à 60/100
  • Hameçons : Wide Gape Tex Finesse (Illex) n°1/0 à 3/0

Quelques références, de haut en bas : Leech (Hart), Ark Shad (Damiki), M.H.C Worm (Vagabond), Nitro Soft Jerk (Illex), Fin’S (Lunker City).
Crédit photo : Laurent Madelon

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