Lorsqu’il fait chaud, la pêche du brochet n’est pas toujours évidente, notamment aux leurres. Les poissons sont léthargiques et ont des phases d’activité très courtes dans la journée. Ce cas de figure est vrai quasiment partout en France, à l’exception de quelques lacs (les lacs alpins par exemple) et des petites à moyennes rivières. Dans ces milieux, à l’inverse c’est plutôt l’été que l’on réalise les plus belles pêches de brochets. Bref, ce qui nous intéresse, c’est de trouver comment capturer des brochets au début de l’automne quand les masses d’eau ne sont pas encore totalement rafraîchies. Pour résumer, comment prendre des brochets alors que l’eau va retrouver lentement sa température automnale ?
Retour aux fondamentaux
De mon côté, j’ai trouvé la réponse en revenant aux fondamentaux : pêcher avec des appâts vivants. Oui, mais voilà, pas n’importe comment. Je voulais combiner pêche aux appâts avec traque du brochet, un peu comme l’on fait au leurre. Je ne voulais pas juste mettre des cannes au vif et attendre que les brochets viennent à moi. Non, je veux aller vers les brochets, provoquer la rencontre, les capturer et, bien évidemment, les relâcher le plus proprement et rapidement possible. En effet, quand la température extérieure est encore élevée tout comme l’eau dans laquelle évoluent les poissons, inutile de faire des séances photos qui s’éternisent au risque de voir mourir sous nos yeux nos compagnons à grandes dents. Idem pour la remise à l’eau des brochets. Il faudra préférer lâcher le poisson la tête la première pour qu’il regagne vite une profondeur d’eau plus tempérée, que les oxygéner pendant de longues minutes en surface sous peine de les voir « cuire » dans nos mains. Pour cela, je me suis mis à les pêcher en fireball !
Quid du fireball ?
Le fireball, c’est une technique qui permet de proposer un appât vivant ou mort (des poissons blancs dans ce cas de figure) devant le nez du brochet. Cette technique est composée tout simplement d’un plomb avec un hameçon simple très court et d’un petit œillet sous le plomb. Certaines têtes fireball permettent d’y fixer une empile avec un triple et ainsi d’être plus efficace au ferrage. On veillera à choisir des têtes de fireball avec une ouverture d’hameçon assez importante afin de bien piquer les brochets, et plutôt fort de fer pour ne pas ouvrir l’hameçon sur un gros poisson (Spro et VMC disposent de très bons produits pour cela). Le grammage dépendra de la taille du vif utilisé (j’utilise souvent entre 14 et 28 g) et la couleur a peu d’importance sur le brochet. Que la tête soit jaune, blanche ou en plomb par exemple, cela ne change rien quant aux résultats. Pour la taille des vifs, l’idéal est d’utiliser des poissons assez résistants : les gardons, les rotengles et les ides ont ma préférence. D’une taille comprise entre 10 et 15 cm, je les monte directement sur la fireball sans rajouter d’empile avec un triple. Les brochets attaquent quasiment toujours en tête avec cette taille d’appât. Il suffit de ferrer à la touche pour piquer le poisson proprement dans le coin de la gueule.
Plombée et taille de vif
Pour éviter que le vif ne s’en aille de la monture, je rajoute une petite gaine en caoutchouc sur l’hameçon (type pe per) après avoir enfilé le poisson sur ce dernier. Cette gaine a pour fonction de maintenir le gardon en place sur la f ireball et de nous empêcher de pêcher dans le vide à la suite de la disparition fortuite du vif. Le grammage, quant à lui, dépendra de la taille du vif et de l’es pèce. Plus le poisson est gros, plus on pêchera lourd. Plus l’espèce de vif choi sie évolue près de la surface, plus on mettra lourd afin d’empêcher le poisson de remonter en surface et de ne plus être pêchant à la profondeur voulue. Enfin, si l’on utilise des poissons appâts plus gros, alors il ne faudra pas hésiter à rajouter un triple sur le dos du vif. En décalant le ferrage de deux ou trois secondes, on rate peu de poissons tout en évitant que le brochet n’engame trop loin le vif. Je fais cela avec une brême ou un carassin par exemple. Le seul inconvénient avec un triple en plus, c’est que quelle que soit la taille de vif utilisé, on s’accrochera plus lorsque l’on pêche dans les endroits encombrés. Le triple attrape aussi tous les morceaux d’algues et feuilles lorsque l’on pêche près du fond, rendant la présentation de l’appât inopérante aux yeux des brochets.
Présentation en verticale
L’action de pêche n’est pas difficile et s’apparente à la pêche en verticale. On ne lance pas, mais on dépose le fireball avec le vif sous le bateau et l’on pêche à l’aplomb de ce dernier. Il faut ensuite avancer à la bonne vitesse. Pas trop vite sous peine d’être trop derrière le bateau, lentement étant pour moi l’idéal. Ainsi, j’essaie de rester dans le cône du sondeur pour voir les échos de brochet et les pêcher proprement avec mon fireball, en leur présentant sous le nez. S’il faut, je m’arrête même pour être plus insistant ; essayez, vous allez être surpris… Cette technique est redoutable sur les poissons apathiques. Les touches peuvent être violentes, à se faire arracher la canne des mains, tout comme subtiles : une sensation de lourdeur qu’il faudra sanctionner par un ferrage ample et appuyé. En pêchant à l’aide de l’écho, on peut aussi déterminer plus facilement à quelle profondeur sont les brochets actifs. En effet, il m’est arrivé d’attaquer des brochets postés près du fond sans obtenir la moindre touche, alors que les échos de brochets qui étaient actifs étaient ceux situés entre deux eaux. Cette recherche des brochets au fireball est sympathique et ludique, car on a la possibilité de voir les poissons à l’écho, d’apprendre à interpréter leurs mouvements en combinant 2D et down imaging, pour ensuite voir les touches en direct sur l’écran 2D. Sensations garanties. Je pratique cette technique lors de mes guidages, et beaucoup de mes pêcheurs en sont devenus accros !
Côté matériel
Le matériel à utiliser est simple. Il faut une canne courte 190 à 210 cm d’action de pointe pour un ferrage efficace, puis progressive pour ne pas trop décrocher. On pêche sous la canne, avec peu de fil de sortie. Une canne raide raisonnera trop et décrochera les brochets, une canne trop souple ne les piquera pas correctement. Le moulinet de taille 2500 sera garni de tresse en 20 centièmes, de préférence en 4 brins si l’on pêche des zones encombrées. Un bas de ligne en 60 à 80 centièmes suivant la taille des vifs utilisés et le tour est joué. Il n’y a plus qu’à trouver la bonne vitesse et les brochets vont sauter dans votre bateau cet automne…