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La pêche du brochet en eau très froide

Un adage dit que plus le temps se refroidit, plus l’eau est froide, et meilleure sera la pêche du brochet ! Cela est à peu près vrai et se vérifie souvent. Seulement, il y a une période de l’année où l’eau est vraiment très froide : décembre-janvier. Le métabolisme des brochets est alors ralenti à son maximum, et ses phases d’activités sont naturellement très courtes. À nous de savoir profiter de ces moments en plein cœur de l’hiver, pour capturer des poissons même par eau très froide ! 

Même si l’hiver est aux yeux des pêcheurs la période la plus propice pour le brochet, elle n’en reste pas moins la plus inconfortable en action de pêche et la plus aléatoire au niveau des résultats. Pêchez sur une période de redoux et vous allez aimer l’hiver car il correspond souvent à une belle phase d’activité des poissons. Partez pêcher sur un coup de froid, et vous vous rendrez compte que les résultats ne sont plus pareils… ni vos doigts ! Mais quoi qu’il arrive, il est toujours possible de faire du poisson, même dans ces conditions extrêmes.

Quand l’hiver arrive, le pêcheur doit s’équiper en conséquence et faire preuve de prudence.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Préparez-vous pour l’hiver

Avant d’aborder le sujet pêche et techniques, il me semble important de rappeler quelques points de sécurité avant le départ : portez un gilet de sauvetage, dans une embarcation ou en float-tube, voire du bord. En cas de malaise ou de chute dans l’eau glaciale, cela pourra vous sauver la vie. Habillez-vous en conséquence : bonnet, veste et salopette chaudes, chaussures montantes, chaussettes de ski, gants… Ce n’est pas parce qu’il y a du soleil dans le jardin qu’au milieu d’un lac ou à l’ombre au bord de la rivière il ne fera pas froid. Prenez des boissons chaudes (soupe, thé, café…). Faites attention au brouillard sur l’eau (on est vite désorienté) et au gel sur les calles de mise à l’eau, bord de rivière… Ces points abordés, rendez-vous au bord de l’eau. Seulement il n’est pas toujours facile de choisir son jour de pêche en fonction des contraintes familiales et professionnelles. Quoi qu’il arrive, on essaiera de choisir une période de redoux. C’est-à-dire lorsque la météo annonce des températures stables et douces. Dans le Nord-Est, lorsqu’une température à 8 ou 10 degrés est annoncée en journée par exemple et plus de gelée la nuit pendant quatre ou cinq jours, c’est le moment que je choisis pour me rendre au bord de l’eau. À l’inverse, une météo annonçant un changement brutal de temps avec des températures négatives m’incitera peu à y aller. Sauf si c’est un froid qui s’installe pour plusieurs jours ou semaines. Mais sinon, « le coup de froid » m’incite plutôt à attendre le redoux ! Vous l’aurez compris, les températures extérieures jouent un rôle sur l’activité des poissons mais aussi sur la température de l’eau. C’est cette dernière qui nous intéresse ici et que je vais détailler afin de choisir les bonnes techniques à employer en eau très froide !

Travaillez avec des pauses. Les jerk minnows sont excellents, surtout en cas de redoux.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Modes de pêche

Nous allons nous intéresser à une période s’étalant de mi-novembre à la fermeture du carnassier fin janvier. C’est le moment de l’année, dans le domaine public, où l’on voit la température de l’eau baisser de semaine en semaine avant d’atteindre sa température annuelle la plus basse. La plage thermique dont nous parlons s’étend de 12 degrés (mi-novembre) à 3 degrés (fin janvier). Durant ces deux mois et demi, trois techniques sont à mes yeux les plus efficaces.

Le jerk minnow

Au-dessus des vieux herbiers les jerk minnows sont une bonne option.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

C’est la première des techniques que j’emploie lorsque l’eau se refroidit. En effet, arrivé à la mi-novembre, l’eau est souvent autour de 12 degrés. C’est le moment où les poissons vont se tenir au-dessus des herbiers qui commencent à mourir ou venir proche des bordures en lac de barrage de plaine. À ce moment, les poissons sont actifs et se pêchent entre 1 et 4 m de profondeur, pour une température d’eau variant entre 7 et 12 degrés. L’action de pêche consiste alors à pêcher au jerk minnow juste au-dessus des herbiers, proche de la bordure. La pêche est énergique et les pauses courtes. Il faut lancer au ras des obstacles, faire trois twitchs (animation consistant à secouer énergiquement et de manière serrée le scion de la canne pour donner une nage erratique au leurre) et une pause. On recommence l’opération jusqu’à ramener le leurre à ses pieds. Attention avant de le sortir de l’eau ; c’est souvent à ce moment qu’un poisson suiveur décidera d’attaquer votre jerk minnow. Lorsque la température de l’eau baisse et que la végétation aquatique disparaît presque totalement, il faudra alors augmenter les temps de pause. Entre 8 et 10 degrés, il faut ralentir l’animation mais faire des twitchs plus violents suivis de longues pauses. Cela permet de déclencher l’agressivité des brochets en poste, et la pause leur laisse le temps de cibler l’attaque. D’ailleurs la touche survient souvent à la pause (toc franc dans la canne) ou au moment où l’on redémarre l’animation (sensation de lourdeur). Dans tous les cas, le ferrage devra être ample et énergique afin de bien accrocher le leurre dans la gueule du brochet. Afin d’être efficace dans la pêche, munissez-vous de plusieurs jerk minnows suspending (qui restent entre deux eaux à la pause : B’Freeze Lucky Craft, Magsquad 128 Illex), sinking (qui coulent lentement : Squad Minnow 95 HW Illex) et de jerk minnow à grande bavette (DD Arnaud Illex, Realis 100 Deep runner Duo, Staysee Lucky Craft).

Rappel : qu'est-ce qu'un jerkbait minnow ?

Les jerkbaits sont conçus pour être animés, réagissant vivement aux coups de scion, et donc d’utilisation plus exigeante. Ce sont d’excellents leurres à brochet car leurs mouvements désordonnés et vifs simulent bien une proie affolée. L’effet est avant tout visuel, même si la plupart comportent des billes sonores. Ces leurres sont destinés aux eaux assez peu profondes. Il est rare qu’ils nagent à plus de 2 m, certains pêchent quasiment sous la surface. Mais leur pouvoir d’appel est important, même à plusieurs mètres. Les jerkbaits existent en deux grandes familles. Avec et sans bavete. Ici, on parle des jerkbaits minnows, donc avec une bavette, qui reste de petite taille pour ne pas freiner les animations, mais donne une nage automatique en lancer-ramener, apportant une bien meilleure polyvalence.

Il a fallu passer au jerk minnow coulant pour retrouver la même intensité de capture, avec même des doublés de brochet à la clé.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

En fonction de la température de l’eau et de la luminosité, les poissons n’auront pas le même comportement. Plus l’eau sera froide ou plus il y aura de lumière et plus ils auront du mal à venir chercher votre jerk minnow suspending qui évolue 1 m-1,50 m sous la surface. Ce sera donc le moment de sortir son jerk minnow à grande bavette ou coulant lorsque les poissons se trouvent dans des profondeurs de 3 à 4 m ou que le soleil est à son zénith. Lors de guidages cet hiver, j’ai pu remarquer ce phénomène. Les poissons étaient sur zone et nous pêchions bien au jerk minnow suspending dans 3 m d’eau. Les poissons montaient et les touches étaient franches. Puis, avec le soleil devenant de plus en plus présent, les touches diminuèrent. Il a fallu passer au jerk minnow coulant pour retrouver une intensité de capture identique, avec même des doublés de brochet à la clé. Une fois la température de l’eau passée sous les 6-7 degrés, le jerk minnow perd de son efficacité, sauf à quelques rares exceptions, sur des pêches très lentes et agressives au-dessus de vestiges d’herbiers en rivière ou en lac, lors des phases de redoux en janvier par exemple. Je précise que certains jerk minnows sont vendus d’origine avec trois hameçons. La réglementation française n’autorisant que l’utilisation de deux hameçons sur la même ligne, n’oubliez pas d’en enlever un pour rester dans la loi.

Le leurre souple

Un beau métré en prospection lente au souple.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Dans les eaux entre 5 et 10 degrés, si les poissons ne sont pas sur les bordures, c’est tout naturellement que je vais porter mon choix sur les pêches profondes au leurre souple. La technique est simple :
• trouver les bancs de poissons fourrages (souvent dans les secteurs les plus profonds de la pièce d’eau) et pêcher dedans et autour. Ce sont des zones de tenue de chasse pour les brochets. Un leurre souple bien présenté saura à coup sûr déclencher l’attaque du carnassier;
• chercher les cassures, cassures d’herbiers ou les zones les plus profondes des lacs et rivières, puis pêcher ces postes au leurre souple lentement. Ce sont des zones de repos et/ou d’embuscades pour les brochets à cette période de l’année. Ils ne résisteront pas à votre leurre souple. Dans les bancs de poissons fourrages ou au début du refroidissement des eaux, les brochets aiment bien se tenir entre deux eaux. On pourra les voir à l’échosondeur, suspendus entre 1 et 4 m sous la surface alors qu’il y a 10 m de profondeur. Ils ont le même comportement au-dessus des herbiers. On peut les voir à l’échosondeur, posé sur l’herbier ou à la cassure de ce dernier, en chasse. Ramener un leurre souple lentement sera très vite sanctionné. Au début du refroidissement des eaux, les poissons sont très actifs. C’est le moment que je choisis pour les pêcher avec de gros leurres souples que je ramène très lentement. Mon choix se porte sur de grosses bouchées : AT minnow de Sébile, Dexter shad 250 Illex, G’Bump 200 Gunki, Illex Dunkle 20 cm… que j’arme avec une tête plombée et un triple voleur en 1/0. Puis avec le refroidissement, et ce, jusqu’à des températures d’eau de 5 degrés, je vais réduire la bouchée et affiner mes montages. Les poissons sont plus léthargiques, moins enclins à se déplacer. Je vais les chercher près du fond, avec des leurres souples de 10 à 15 cm que je vais ramener très lentement. À ce petit jeu, les Nitro shad 90 et 120 Illex, Tipsy XL 13 cm Gunki, Dexter shad 150 et Pulse shad Berkley ont ma préférence. Ce sont des leurres qui nagent très lentement, même le Nitro shad à la gomme si dure. Il est bluffant en eau très froide ! Cela n’est pas un secret à ces températures d’eau, j’ai fait de très belles pêches au leurre souple en ramenant excessivement vite dans des eaux à 5 degrés en plein mois de décembre. Mais en règle générale, pêcher lentement en hiver est une base à retenir. Comme souvent, il faut s’adapter à l’humeur des poissons. Car arrivé en dessous de 5 degrés, la pêche se complique, il n’y a plus d’écho suspendu de brochet entre deux eaux, et les échos au-dessus des herbiers sont maintenant bien cachés à l’intérieur de ces derniers…

En verticale

Combat avec un beau poisson au souple en verticale.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

J’appelle cela la « Broc’ticale ». On connaît l’efficacité de la verticale sur les percidés, et notamment le sandre. Il en est de même pour le brochet. D’ailleurs, on ne compte plus les brochets attrapés lors de journées à la recherche du sandre en verticale. Alors de là à transposer de manière spécifique la verticale sandre pour le brochet, il n’y a qu’un pas. J’utilise cette technique lorsque les eaux sont très froides. C’est-à-dire comprise entre 3 et 7 degrés. Les poissons sont alors au ralenti, et pour la plupart posés sur le fond dans l’attente de jours meilleurs. Seulement ils n’arrêtent pas de s’alimenter pour autant. Certes, leur métabolisme est au ralenti, mais si vous présentez un joli leurre souple devant le nez d’un brochet, il ne pourra pas résister. Cette technique est plus subtile que les autres et demande une certaine habitude, premièrement pour interpréter les échos, pour bien gérer la dérive et, enfin, dans le choix des montages.
Interprétation des échos : cette technique se pratique à l’aide d’une embarcation et d’un échosondeur. Il faudra déterminer les zones de tenue des poissons (souvent les endroits profonds) et voir s’ils sont collés sur le fond, près des poissons fourrages ou entre deux eaux.
La gestion de la dérive : elle est primordiale et conditionne la réussite de la journée. Il faudra trouver la bonne vitesse de dérive, le bon grammage de tête plombée et présenter le leurre devant le nez des poissons. Certaines fois, ce sera sous le bateau. On pourra voir son leurre dans son écho 2D et ainsi assister aux touches en direct sur son échosondeur. D’autres fois, il faudra pêcher en oblique légèrement derrière le bateau et s’imaginer son leurre suivre la courbure du fond. On obtiendra la touche grâce à cette compréhension de l’échosondeur et à l’imagination que l’on y transpose. C’est à la fois subtil et excitant comme pêche.
Le choix des montages : pour le brochet, il sera possible d’être plus grossier que pour le sandre. Cependant, je déconseille de pêcher avec un bas de ligne de plus de 60/100, pas assez discret pour cette pêche tout en finesse. Il faudra une canne adaptée, type 190 MH, afin d’avoir suffisamment de souplesse pour ne pas décrocher de poissons pendant le combat, mais assez puissante pour ferrer efficacement surtout lorsque l’on pêche entre 8 et 10 mètres de profondeur. Une tresse en 15/100 maximum pour bien fendre l’eau et un bas de ligne entre 40 et 60/100. Une canne souple associée à un frein bien réglé limite les coupes même en 40/100. Je me suis vu pêcher en verticale le brochet en 28/100 lors de journées très froides. Les poissons étaient très méfiants, peu actifs, et la seule manière d’avoir des touches était de pêcher en verticale avec de petits leurres souples et de façon discrète.

Les zones de cassures sont de bons postes d’hiver.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Pensez aux attractants

Ces trois éléments pris en compte, la pêche du brochet en verticale est passionnante et permet surtout d’enregistrer des touches lorsque plus rien ne marche. En verticale, pas besoin de pêcher gros. Des leurres souples de 8 à 12 cm sont parfaits. J’utilise des gommes dures à la nage serrée (Nitro shad, Turbo shad) lorsque l’eau est inférieure à 6 degrés et des plus souples (Pep’s Gunki, Pulse shad…) lorsque l’eau est supérieure à 6 degrés. J’utilise aussi beaucoup d’attractant (Nitro booster Illex). Sur ces pêches lentes, il apporte un véritable plus. En effet il décide plus de poissons suiveurs et évite les touches « courtes ». Un des autres avantages de cette technique est que l’eau froide regroupe les carnassiers sur les mêmes spots. Comme les lignes pêchent au même endroit, il est alors possible de faire des doublés de brochet régulièrement, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

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