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Les quatre saisons du sandre : adapter sa technique de pêche

Lorsque l’on est passionné de pêche du sandre, il est difficile de passer plusieurs mois à attendre la meilleure période pour le traquer. Au travers des saisons, il est possible de capturer ce carnassier à condition de bien connaître ses postes, mais également les techniques les mieux adaptées pour séduire ce percidé. Détaillons ensemble, au fil des saisons, la traque de ce poisson qui nous fait toujours autant rêver !

Afin de capturer régulièrement des sandres et en nombre, il est important d’adapter ses techniques aux conditions et aux tenues du poisson. Si, en hiver, les pêches seront lentes et statiques, en été la rapidité et la mobilité sont souvent la clé du succès. Aujourd’hui, grâce aux sondes « live », un nouvel univers de pêche s’offre à nous. Nous arrivons à localiser des carnassiers sur des postes où nous doutions de leur présence.

Afin de capturer régulièrement des sandres et en nombre, il est important d’adapter ses techniques aux conditions et aux tenues du poisson.
Crédit photo : S. Schulz

Courants et pleine eau

Le premier constat établi est que nous négligeons trop souvent les courants et la pleine eau. Mais avant de lancer vos leurres en plein milieu du fleuve ou du plan d’eau, essayons de comprendre pourquoi les carnassiers adoptent certains types de postes dans la couche d’eau. Chaque saison, les sandres vont modifier leurs tenues, afin de suivre le garde-manger. Vous l’avez alors compris, au travers des quatre saisons, les différentes techniques ne pourront pas être les mêmes, ou du moins ne s’appliqueront pas à la même vitesse. Pour être efficace dans nos traques, il faut rester attentif aux températures de l’eau, au niveau et à la présence des poissons dits « fourrage ». Ces indicateurs vont directement influencer le comportement du poisson, qui n’hésitera pas à changer de poste. Revenons alors sur certains points qui ont pu vous échapper, car le hasard n’a pas sa place lorsque l’on traque les sandres…

À la saison froide, ce sont les pêches lentes qui déclencheront les touches.
Crédit photo : Charly Vaudolon

En hiver, doucement, très doucement…

S’il y a une période qui caractérise particulièrement la pêche du percidé, c’est bien l’hiver. Du fait de la baisse de luminosité et des températures, ces derniers restent en activité tout au long de la journée. Lorsque l’on parle de pêche hivernale, on sous-entend que la température de l’eau passe sous la barre des 10 °C. Dans ces conditions, les proies, mais également les prédateurs, ont leurs métabolismes ralentis. Ralentis mais pas inactifs ! Les sandres vont continuer à s’alimenter, mais sur des fréquences plus espacées qu’en période estivale et en plus petite quantité. Engourdis par le froid, les carnassiers se positionnent sur le fond et restent immobiles, c’est généralement le cas en fleuve mais aussi en lac. Ils attendent alors le passage d’un banc de poissons pour attaquer. Leur mimétisme est tel qu’ils deviennent quasiment noirs ou très claires en fonction de la couleur du fond. Ils passent alors inaperçus aux yeux de leurs proies. C’est pour cela que certains poissons sont capturés noir « charbonnier » en plein cœur de l’hiver, ce qui n’a rien à voir avec la période de reproduction.

Cet arbre en plein milieu de la rivière sert d’abri à une petite troupe de sandres.
Crédit photo : Lilian Haristoy

Drop-shot et drop-bait

Dans le froid, les techniques de traque les plus lentes sont les plus efficaces. Ainsi, la verticale, le manié (très lent) et le drop-shot ou drop-bait réserve toujours de belles surprises. Du fait du caractère capricieux des sandres, il est impossible de prédire la technique de traque ou le leurre qui remportera le plus de succès. Il faut donc s’armer de patience et tenter des choses. Avec l’expérience, un bon pêcheur de sandre sait ce qui fera la différence et sera efficace pour séduire les carnassiers. Aussi, le premier indicateur que vous devez prendre en compte est la couleur de l’eau. En effet, cette information va définir la couleur des leurres souples (LS) que vous allez devoir utiliser. Au fil des décennies, un nuancier de couleurs a été défini. En effet, avec une eau en crue boueuse (marron chocolat), ce sont des leurres noirs ou rouges qui peuvent déclencher les touches. Mais les premiers jours de la crue sont rarement productifs, car, souvent, l’eau perd en température, c’est d’ordinaire ce qui bloque l’activité des carnassiers. En continuant sur l’échelle des couleurs, un fleuve ou une rivière moins chargée mais toujours marron (visibilité moins de 5 cm), misez sur l’orange ! Peu utilisée par les passionnés, cette nuance permet souvent de renouer avec le succès. Au-delà de 10 cm de visibilité, dans de l’eau moins opaque, le vert chartreux et le jaune fluo sortent du lot. Lorsque la couleur du milieu arrive sur des visibilités supérieures à 50 cm, mais toujours sur des eaux légèrement cassées, le blanc et le rose doivent être tentés. Et même si cela peut paraître absurde à nos yeux d’humain, les sandres font la différence entre un blanc uni et un blanc nacré.

Un beau spécimen capturé par Damien en période de crue.
Crédit photo : Damien Modrak

Coloris ayu en eau claire

Une fois que l’eau s’est éclaircie, avec une visibilité supérieure à 2 m, il faut observer la dominance de vert ou bleu qui va apparaître par rapport à la couleur du ciel. Ainsi, les couleurs naturelles à base de vert ou de bleu doivent être testées. Le fameux coloris ayu reste toujours une référence des eaux claires. On note également que les dos vert, bleu, violet ou marron avec un corps translucide à paillettes sont très efficaces. Même si ce n’est pas une vérité absolue, ce nuancier va réellement pouvoir vous aider dans votre sélection. S’agissant des formes de corps des leurres souples, comprenez que toutes émettent des fréquences de mouvements différentes. Plus les eaux sont froides, plus les artificiels sans queue donnent de bons résultats. Ainsi, les Slug et Fin’s restent de bons leurres pour la période froide.

Une canne spinning pour le lancer-ramener et un ensemble casting pour la verticale
Crédit photo : Charly Vaudolon

Avez-vous déjà observé un gardon nager en eau froide ?

Ce qui est frappant lorsque l’on regarde les bancs de poissons fourrage, c’est que ces derniers restent quasiment immobiles. Ils gardent leur position grâce à de petits mouvements de queue. C’est uniquement lors des déplacements du banc que ces derniers font battre leurs queues de gauche à droite pour avancer. Il faut alors comprendre que lorsque les eaux sont calmes, les proies ne se déplacent quasiment pas. Les sandres viennent alors se positionner à proximité du banc. Les proies sont alors clairement identifiées par deux paramètres : l’aspect visuel et les vibrations. C’est pour cela que les leurres sans appendice vibratoire sont efficaces et notamment à proximité des boules de blancs. Il faut alors privilégier ces artificiels pour des prospections lentes, voire statiques. Les shads et les grubs sont intéressants lorsque les eaux entrent en mouvement. En période de crue, sous l’effet des courants, de nombreux tumultes perturbent la tranquillité du milieu aquatique. D’ailleurs, l’ensemble des poissons quittent leurs tenues hivernales pour venir se protéger des courants contre les berges. Les gardons, les brèmes et les ablettes viennent nager assez rapidement au ras du fond. Il faut alors essayer de reproduire au mieux l’évolution des proies du sandre.

Les critères vibratoires

Pour que le leurre soit facilement identifié dans tout ce vacarme, il est intéressant d’utiliser des leurres à fortes caractéristiques vibratoires. J’entends par là des leurres aux formes de queues différentes, afin de varier et de tester les fréquences. Qu’elle soit ronde ou carrée, grosse ou petite, la queue des shads émet des ondes complètement différentes. Pour le grub, c’est la même chose, si la virgule est large et courte, elle n’aura pas la même signature acoustique qu’une queue fine et longue. La texture des plastiques va également influencer la nage du leurre. Plus la gomme est tendre, plus le leurre nage à faible vitesse. Il est donc intéressant de les utiliser pour les pêches lentes à moins de 0,3 km/h. Les textures plus toniques se révèlent plus productives lors des traques supérieures à 0,8 km/h ou lorsque les artificiels sont employés dans les courants.

Depuis longtemps, le sandre déclenche l’intérêt des passionnés au fil des saisons.
Crédit photo : Damien Modrak

Au printemps, respectons nos poissons !

Fin avril, le mois de mai et le début de juin sont pour les passionnés de sandre la période où pêcher devient alors un péché ! En fin de période de fraie, certains sandres retardataires sont encore sur leurs nids. Il n’est donc pas rare d’observer des poissons sur les roches et les arbres morts en bordures, et ce même à la fin du mois de mai. Ce spectacle est superbe et la tentation grande, mais il serait vraiment dommage de venir perturber ces géniteurs. Et c’est souvent à cette période de l’année que des sandres monstrueux sont capturés accidentellement par les pêcheurs de brochet ou de silure. En prospectant les bordures, il est quasiment impossible d’éviter les sandres. L’agressivité et l’instinct de défense de ces carnassiers sont tels qu’ils attaquent tout ce qui passe dans un rayon de 2 à 3 m autour du nid. Ce n’est que vers le début juin que la quasi-totalité des sandres sont sortis de la fraie. Toutefois, si un sandre est capturé par accident, il convient alors de le remettre à l’eau dans les plus brefs délais. Ainsi, le nid de ce dernier ne restera pas sans surveillance trop longtemps. C’est réellement vers le début du mois de juin que tous ces carnassiers ont fini de frayer. Le moment venu de reprendre la traque, pensez que les sandres sont toujours positionnés là où se trouve leur nourriture.

Un gros spécimen capturé en powerfishing au crankbait.
Crédit photo : Damien Modrak

Un été derrière les herbiers !

L’été est une période particulière pour la pêche du sandre. La plupart du temps, nous délaissons les percidés au profit du brochet ou du silure. Il est vrai qu’il est souvent difficile de leurrer les sandres durant la période estivale. Et les pêches sans résultat se répètent régulièrement. Il y a alors plusieurs explications à ces traques infructueuses. La première est que l’activité des sandres est à 80 % nocturne, et plus encore lorsque les eaux sont basses et claires. Seules les périodes de l’aube et du crépuscule sont alors productives. Et, certaines fois, l’activité des poissons ne dure que quelques minutes sur la journée. Le paramètre chance est alors trop important pour envisager des pêches fructueuses. Le restant de la journée, ces poissons sont encore postés au même endroit mais ils ne bougent plus. Pour avoir observé les sandres en plongée, ces carnassiers restent à proximité des courants, afin de bénéficier d’une eau oxygénée durant les heures chaudes de la journée. Ils ne fuient pas la luminosité. Il n’est alors pas rare d’observer de gros sujets à proximité d’obstacles, même en plein soleil.

Dans l’eau claire, le sandre devient beaucoup plus méfiant.
Crédit photo : Damien Modrak

En fleuve ou en rivière, les piles de pont, les balises, les digues sont toujours d’excellents postes, tout comme les hautsfonds jonchés d’herbiers. Comme nous l’avons déjà évoqué, trouvez les proies et vous trouverez les sandres ! La présence d’ablettes en surface est toujours annonciatrice d’une zone propice. Il faut alors comprendre la topographie du poste pour déterminer la zone de chasse du carnassier. Postés non loin du banc d’ablettes ou de gardons, ils restent à l’affût derrière les obstacles. Lorsque les carnassiers entrent en activité, ils n’hésitent pas à venir nager en pleine eau et même dans les courants soutenus. Il ne faut alors pas hésiter à parcourir ces zones à l’aide de leurres assez rapides. Aussi, les poissons nageurs de type crankbait et jerkbait sont des armes de prédilection dans ces conditions. Mais les leurres souples ne sont pas sur la touche pour autant ! De type shad ou grub, ils sont également intéressants pour les prospections rapides en pleine eau. Les leurres métalliques peuvent également intéresser les percidés. C’est le long des roches et des arbres morts immergés que les chatterbaits et les spinnerbaits donnent également de bons résultats. Vous l’avez compris, nous avons l’embarras du choix concernant le choix des leurres en été.

En automne, lorsque les températures commencent à baisser, les sandres entrent en activité durant toute la journée et les touches se succèdent.
Crédit photo : Lyonel Chocat

À l’automne, restons sur les tombants

Lorsque les températures commencent à baisser, les sandres, mais également les perches, entrent en activité durant toute la journée. C’est alors le moment des pêches fructueuses où le nombre de captures se compte généralement à deux chiffres. Mais pour arriver à ce résultat, il est important de comprendre les déplacements des carnassiers. Les températures en chute libre, les poissons quittent les hauts-fonds. Les percidés suivent alors le mouvement général de l’ensemble des espèces. Ils viennent coloniser les tombants et l’entrée des fosses. Avec l’arrivée du froid, les eaux s’éclaircissent du fait de l’appauvrissement des particules bactériennes. Il n’est ainsi pas rare d’avoir une visibilité dépassant les 4 m. Les sandres sont alors actifs mais méfiants. Les pêches aux leurres souples peuvent donner de bons résultats, à condition de miser sur des coloris naturels. Ce sont bien souvent les bleus ou les verts avec les ventres clairs ou translucides à paillettes qui sortent du lot. Il ne faut pas oublier également les couleurs à dominante marron ou bronze, le fameux « motor oil ». Systématiquement, ces coloris doivent être testés, car, en fonction des jours, ils peuvent être la clé du succès. Mais dans ces conditions d’eaux claires, les pêches aux appâts restent redoutables. C’est réellement la technique du drop-bait qui rapporte les meilleurs résultats. L’hameçon esché d’un lombric ou d’un petit poisson piqué par le nez, les carnassiers n’y résistent pas ! Pour favoriser le nombre de touches, n’hésitez pas à descendre le diamètre du bas de ligne. Un fluorocarbone compris entre 25 et 30/100 est adapté à cette pêche. Plus le fil est fin, plus il est souple, vous augmentez ainsi la présentation naturelle de l’esche. Lorsque l’on traque les percidés au drop-bait, il est important de ne pas ferrer dès la touche perçue. Il ne faut pas hésiter à rendre la main afin de favoriser la prise en gueule de l’appât. Une fois la tension dans la canne perçue, effectuez un ferrage ample. Les cannes les mieux adaptées à cette traque ont une action relativement souple. Cette souplesse permet au poisson de ne pas ressentir la tension de la ligne.

Adapter sa quête en fonction des saisons et des tenues des sandres est souvent couronné de succès.
Crédit photo : Damien Modrak

C’est également la période de prédilection des traques au poisson mort manié. L’intemporelle monture d’Albert Drachkovitch reste une valeur sûre dans cette quête du sandre. Enfilé par la bouche sur l’agrafe de la monture et bloqué à l’aide d’un fil de cuivre, ce sont les gardons et surtout les ablettes de 10 à 15 cm qui déclenchent les poissons trophées. En eaux claires, les ablettes ont toujours eu un léger avantage pour séduire les percidés grâce à leur brillance. Il ne faut donc pas hésiter à changer régulièrement le poisson mort lorsque ce dernier se dégrade au travers des lancers répétés. N’hésitez pas à augmenter légèrement la taille du bas de ligne avec cette technique. Si le drop est véritablement une pêche de rendement, le manié est une traque sélective. Et ce sont souvent de beaux sujets qui sont capturés. Il convient alors d’employer des fluorocarbones de 30 à 35, voire 40/100. Pensez également aux autres grands prédateurs présents dans le cours d’eau. Il n’est pas rare de croiser la route d’un brochet ou d’un silure.

Les bons postes au fil des saisons

  • Printemps : les sandres sont postés sur les hauts-fonds. Ils restent sur des profondeurs qui excèdent rarement les 4 m.
  • Été : prospectez le long des herbiers, mais également les courants, car c’est là que ces carnassiers viennent chasser.
  • Automne : misez sur les cassures et les pentes.
  • Hiver : traquez-les au milieu des fosses. Les parties les plus profondes sont leurs zones de tenue pour l’hiver, car les sandres restent au contact des boules de poissons blancs.

 

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