La pêche des sandres et des perches du bord réserve de belles surprises pendant la période automnale. Les carnassiers se rassemblent en bancs par fois compacts autour de ceux de poissons fourrages. Les touches peuvent s’enchaîner à un rythme assez surprenant. Le revers de la médaille, car il y en a bien un, c’est que de grandes zones des plans d’eau peuvent être complètement vides. Alors, avant de lancer son leurre, il convient de se poser les bonnes questions pour éviter de pêcher dans un désert.
Les postes clés
En rivière, les proies et les prédateurs redescendent en même temps que les températures vers l’aval des biefs. Les entrées de darses, ports, écluses et autres zones calmes, pour peu qu’elles soient assez profondes, vont alors représenter votre meilleure option. Pour savoir si vous êtes au bon endroit, je vous invite à tomber du lit et à vous rendre au lever du jour sur ces secteurs. Normalement, les bancs de poissons blancs se manifestent en surface par de nombreux remous, sauts et autres gobages. Il arrive même que vous puissiez assister à des chasses à ce moment précis. Les brochets font gicler les proies en éventail alors qu’avec les sandres les chasses se caractérisent par des remous et des proies qui giclent de manière plus éparse. Pour ce qui est des perches, les chasses sont assez bruyantes et ces dernières poursuivent leurs proies qui ricochent en surface. Difficile de les manquer.
Jusqu'au bord
Si vous arrivez vraiment de bonne heure pour traquer les sandres, ne lancez pas trop loin et ne vous avancez pas de trop. Ces carnassiers poursuivent souvent les proies jusqu’au bord. Pour peu qu’il y ait une structure dans la bordure, vous constaterez que les remous se produisent souvent au même endroit. Dans ce cas de figure, j’opte souvent pour le poisson nageur. En fonction de la profondeur du poste, un modèle de type « minnow », à savoir avec un profil allongé, est souvent préférable. La longueur de la bavette est définie par la profondeur. J’ai une nette préférence pour les leurres suspending de 8 à 11 cm avec une récupération linéaire agrémentée de pauses. Faîtes bien attention à le récupérer jusque dans l’extrême bordure si le jour est à peine levé. Il en va de même pendant les derniers lancers au coup du soir.
On passe au souple
Si l’activité retombe un peu, les leurres souples reprennent du service. J’aime particulièrement pêcher assez léger avec des formes de type « shad » en récupération lente et continue avec juste quelques pauses pour reprendre contact avec le fond. Pour le choix de la taille, ce sont les proies disponibles sur le poste qui vont vous guider. Quand la lumière sera encore plus forte, les sandres regagnent peu à peu le bas de la cassure surtout si l’eau est claire. Il faut alors augmenter le poids des têtes plombées, allonger les lancers et multiplier les pauses sur le fond tout en diminuant les distances entre chacune d’entre elles. En rivière courante, cette prospection se fait en général trois quarts aval, le courant porte le montage et limite les accrocs avec le fond. Il arrive cependant que les carnassiers préfèrent des proies qui descendent le courant. Une prospection un quart amont est alors préférable quand c’est possible.
Montage texan
Dans ce cas de figure, si les accrocs sont trop fréquents, les montages de type « texan » vont vous rendre de grands services. La pointe de l’hameçon étant noyée dans le corps du leurre, cela limite les risques. Ils permettent également de pêcher canne basse en remontant la pente sans décoller le leurre, très lentement. Cette prospection, bien que fastidieuse, est parfois la seule qui rapporte des touches. S’il y a des moules zébrées et/ou des gobies sur le secteur, cette technique est souvent la meilleure. Si les sandres sont apathiques, un leurre souple de type « finess » monté en drop shot lancé vers l’amont et ramené doucement à l’aide du courant en pied de cassure fait régulièrement des merveilles.
Les postes à perches
Les perches peuvent elles aussi se trouver sur ces postes, mais également autour des derniers herbiers, le long des quais, sous les coques de bateaux et dans les arbres immergés. S’il y a pas mal de courant dans la rivière que vous prospectez, les contre-courants bordés de blocs de roches sont à pêcher en priorité ainsi que l’aval des piles de pont. Si l’automne est assez clément, il reste de jolis coups à faire avec des leurres de surface et autres petits poissons nageurs. En règle générale, si les perches sont là dès les premiers passages, vous devez enregistrer des touches ou des suivis. Plus le banc est important, plus il y a de concurrence entre les individus et moins elles seront regardantes. Si vous avez une épuisette, laissez vos prises dedans le temps de terminer la prospection. L’activité descendra moins vite. Une fois que les touches diminuent sur les leurres « durs », il est temps de passer aux souples. Dans un premier temps au shad et ensuite au ned rig avec des imitations de vers ou d’écrevisses. De même, les petits rubber jigs avec une petite créature en trailer avec une animation minimaliste sur le fond vous permettront de rajouter quelques poissons avant de quitter le poste pour le laisser reposer. En plan d’eau, les sandres et les perches vont opérer le même repli vers les zones profondes qu’en rivière. Plus le plan d’eau est grand et profond, plus l’inertie thermique du volume d’eau va limiter ce phénomène.
Amusez-vous en petits plans d'eau
En revanche, dans les petites pièces d’eau, la digue et la bonde vont rapidement devenir les postes à prospecter en priorité. Dans les plans d’eau moyens, les cassures, les arbres immergés, en particulier sur les berges les plus profondes, retiennent les poissons encore quelque temps. Ils se dirigeront ensuite vers les plateaux en limite des zones les plus profondes qu’ils regagneront une fois les premiers froids bien installés. Si je ne suis pas fan de la pêche du sandre dans les petites pièces d’eau car je la trouve trop irrégulières, je dois avouer, en revanche, apprécier pleinement la recherche des perches en wadding dans ce genre de milieu. Bien souvent, elles sont nombreuses et de taille modeste. Pour compenser, j’utilise une canne très légère, destinée à la traque de la truite avec de tout petits leurres. Les poissons nageurs et leurres de surface font moins de 5 cm et les leurres souples entre 3 ou 4 cm. Un poisson de 30 cm semble alors énorme et si d’aventure quelques individus dépassent les 40 cm, un moulinet avec un frein bien réglé sera votre meilleur allié. Cette technique, à l’opposé de l’image que l’on donne de la pêche sur les réseaux sociaux, reste une très bonne école pour les plus jeunes et, pratiquée à plusieurs, même avec des pêcheurs expérimentés, donne lieu à de franches rigolades.
Lancez loin !
Dans les plans d’eau plus grands, la recherche des perches s’opère de la même manière mais en augmentant légèrement la taille des leurres. Si vous pratiquez dans des gravières qui ne sont jamais fréquentées par des bateaux ou float tubes, il y a souvent un bon coup à jouer en pêchant plus loin que tout le monde, et ce, pour les deux espèces de percidés. Une canne longue, une tresse fine et des leurres métalliques comme le plomb palette, des jigs et des spintails, et vous voilà prêts à catapulter vos leurres sur des poissons rarement sollicités. Dans ce cas de figure, recherchez des hauts fonds, tas de cailloux et cassures, s’il y a des herbiers à la belle saison dans la pièce d’eau, la limite entre ces derniers et l’eau libre est à prospecter en priorité. Prenez bien vos repères dès que vous avez les premières touches, vous gagnerez un temps précieux lors des prochaines sorties en recommençant sur les mêmes postes avec les mêmes angles de lancer.
Guettez le vent et les crues
Il arrive sur certains plans d’eau que des rivières passent au travers. Si c’est le cas, les premières crues ne sont pas à négliger, en particulier s’il y a une belle population de sandres. Ces derniers profitent de l’eau trouble pour redoubler d’activité. Les pêches aux leurres souples assez peu plombés font alors des merveilles. Concentrez-vous sur la zone du plan d’eau la plus sale, même si la profondeur ne dépasse pas un mètre. Ce phénomène peut également arriver si le vent souffle fort plusieurs jours d’affilée dans la même direction. Une bande d’eau plus teintée se forme le long de la berge exposée, c’est ici que vous devez commencer votre session ! Ces pêches du bord sont parfois frustrantes, certains postes étant inaccessibles, mais chaque poisson, à mes yeux, a une saveur différente. Elles permettent aussi de vivre des moments intenses dans peu d’eau et sur des postes inaccessibles en bateau. Il faut souvent un peu de temps avant de bien comprendre le fonctionnement d’un plan d’eau, mais le jeu en vaut la chandelle.
Mon matériel
Pour la perche en petit plan d’eau, une canne de 2 m d’une puissance de 2 à 8 g équipée d’un moulinet taille 2 000 garni d’une tresse en 0,8 mm terminée par une pointe en 0,18 mm en fluorocarbone est parfaite. Dans les milieux plus grands, une canne de 240 cm de puissance médium avec un moulinet taille 2 500 garni d’une tresse en 0,10 ou 0,12 mm équipée d’une pointe en 0,20 ou 0,22 mm permet de rechercher les perches, mais également les sandres en canal. Sur les grands plans d’eau et les rivières, une canne spinning de 240 cm de puissance MH avec un moulinet taille 3 000 garni d’une tresse en 0,12 mm et terminée par une pointe en 0,24 mm sera plus adaptée.
Et les canaux ?
Si vous pêchez des canaux dépourvus de postes marqués, les spintails et crankbaits seront vos meilleurs alliés. Ils permettent de découvrir rapidement le linéaire, se lancent loin et pêchent toutes les couches d’eau. Une prospection linéaire proche du fond permet bien souvent de déclencher les premières touches. À vous ensuite d’affiner les animations et de revenir aux techniques utilisant les leurres souples évoqués précédemment.
Quelle couleur de leurre ?
Je vous conseille de choisir un panel reprenant dans l’ordre la couleur de l’eau, celle du fond et enfin un leurre transparent avec des paillettes imitant la teinte des proies présentes dans le milieu. Pour finir, une dernière couleur, fluo, dans les tons chartreuse, pour les sandres et une imitation de perche pour cette même espèce. Jouez sur le cannibalisme ! Si l’eau est trouble, préférez les couleurs pleines avec un contraste marqué entre le dos et le ventre. Dans le cas contraire, optez pour des teintes plus nuancées. Lorsque vous obtenez des touches avec une couleur, n’hésitez pas à varier les nuances autour de celle-ci pour affiner.