Quand gamin je pêchais à la grande canne les gardons au blé en même temps que les anguilles au lancer, je ne me souciais que du bouchon et des gardons, sachant que les grelots m’avertiraient à la moindre tirée d’une anguille. Vous pouvez toujours vous satisfaire d’un grelot ou du bruit du frein d’un moulinet qui se vide, mais vu le prix des détecteurs électroniques, il serait sincèrement dommage de s’en priver. D’ailleurs, bon nombre de pêcheurs de sandre au posé ont compris son intérêt.
La roulette
Concrètement, votre canne repose sur le détecteur, lui-même vissé sur une pique au niveau du premier anneau, tandis que le talon repose sur un support arrière, voire à même le sol. Ainsi, le fil passe sur une roulette qui traduit la moindre tirée par un bip. Pour faire simple, les roulettes contiennent des aimants qui créent une impulsion à chaque tour. Plus il y a d’aimants (2, 4, 6), plus le détecteur est sensible, puisqu’il suffit alors d’un demitour (2 aimants) ou d’un quart de tour (4), pour avoir un son. Voilà pour la théorie.
Gérer la sensibilité
Car, dans la pratique, le détecteur renferme une électronique plus ou moins complexe qui permet de régler la sensibilité, le volume et la tonalité des avertissements, voire de choisir la couleur des LED selon vos préférences. Le réglage de la sensibilité n’est pas vraiment une question de finesse des touches, car généralement les carpes ne finassent pas. Elles gobent l’esche, se piquent sur l’inertie du plomb et font des départs tonitruants. Ça, c’est encore une fois la théorie, car parfois, les carpes réussissent à « recracher » l’esche sans se piquer. Cela peut se traduire par des micro tirées sans suite, un scion qui bouge, voire un bip ou deux en fonction de la sensibilité de vos détecteurs. Cela peut être un indice pour modifier vos montages, raccourcir vos bas de ligne, mais nous serions déjà dans un niveau de finesse que l’on rencontre assez rarement. En revanche, si les détecteurs sont réglés à une trop forte sensibilité, ils avertiront sans raison: le vent ou le courant qui tirent sur la bannière, des poissons qui tapent dans le fil, etc.
Réglages et options
On peut régler la tonalité (aigu ou grave) en fonction de sa propre oreille et des sons que l’on perçoit le mieux dans l’environnement sonore du moment, sans forcer sur le volume pour plus de discrétion. Si vous voulez vraiment jouer cette carte de la discrétion à fond ou si encore vous êtes malentendant, sachez que certains détecteurs sont vendus avec une centrale (un petit boîtier récepteur sans fil) que vous pouvez avoir sur ou à côté de vous et qui retransmet le son et la couleur du détecteur sur lequel vous avez une touche. L’électronique, le « sans fil » et le digital n’ont désormais de limite que l’imagination des fabricants (et celle de votre porte-monnaie). Par exemple, certains détecteurs vous avertissent de façon différente selon que vous ayez un poisson qui tire sur le fil (un départ) ou une touche à revenir. Au-delà de la première impression, c’est loin d’être un gadget.
L'écureuil
Très souvent, la carpe s’oppose à la traction de votre ligne, mais parfois il arrive qu’elle revienne vers vous. Puisque votre fil se détend, il faut, pour que ces touches soient aussi détectées par la roulette, intercaler un contrepoids entre le moulinet et le détecteur. D’où l’utilisation des premiers « écureuils » sur tige (les Anglais parlent de « Monkey climber »). Peu importe le nom, il faut juste avoir un contrepoids et pouvoir en alourdir la masse lorsqu’il y a du vent, du courant ou, au contraire, l’alléger pour augmenter la sensibilité de la détection des touches. La course de l’écureuil reste limitée, puisqu’une fois en bas, il ne peut pas descendre plus. Cela permet, au mieux, d’avoir un ou deux bips qui vont vous alerter, là où un seul son lors d’un départ signifie bien souvent une fausse touche, à laquelle on ne prête plus guère attention. Le même bip à revenir avec un écureuil en bas peut signifier qu’une carpe est piquée et revient vers vous. Il convient donc de vérifier sa ligne, de rattraper le mou et de prendre contact avec le poisson si c’est une touche.
Quel prix ?
En plus de ce qui a été évoqué, il faut bien sûr parler du prix et de la fiabilité. Le choix est assez pléthorique et la gamme de prix très étalée, entre 10 € (tablez plutôt sur 30 € hors promotion) et 150 € le détecteur. L’électronique et l’eau ne faisant pas bon ménage, ils doivent, à défaut d’être parfaitement étanches (certains détecteurs supportent même d’être immergés), au moins supporter la pluie. Idéalement, vos détecteurs doivent consommer peu et/ou avoir des piles disposant d’un ampérage suffisant pour ne pas tomber en panne durant une partie de pêche. Pensez à prendre des piles de rechange. Si vous souhaitez investir directement dans 2, 3 ou 4 détecteurs et pêcher régulièrement la carpe (ou tout autre poisson au posé), je vous conseille d’opter pour un coffret avec centrale. Le mieux étant souvent l’ennemi du bien, évitez les modèles trop compliqués à régler, pour ne pas dire à « programmer », je trouve bien plus pratiques les détecteurs proposant une molette pour chaque fonctionnalité (sensibilité/volume/tonalité).
Swinger ou hanger ?
Les premiers écureuils ont été remplacés par les swingers et les hangers, plus pratiques. Les swingers sont accrochés par une tige sous les détecteurs et font balanciers. C’est le même principe pour les hangers, mais avec une cordelette ou une chaînette. Les swingers sont moins sujets au vent. On règle la traction sur le fil grâce à la masselotte du balancier. C’est l’idéal pour pêcher à grande distance ou dans le courant. Les hangers sont plus compacts et font gagner en sensibilité. Il en existe de très légers pour pêcher fil détendu, posé au sol ou presque. Dans ce cas, ils n’aident pas à la détection des touches à revenir. On peut leur ajouter une plombée pour les placer sous la canne et pêcher fil tendu.