Si Mitchell a incontestablement écrit une des plus belles pages du moulinet à tambour fixe au monde, ce sont les Japonais qui se sont depuis taillé la part du lion, notamment les deux leaders que sont devenus Daiwa et Shimano au fil des années..
Un peu d'histoire
Avec l’essor de la pêche de la carpe dans les années 80, ces deux marques de moulinets ont défini ce que devait être un modèle pour traquer ce poisson. Il peut contenir beaucoup de fil pour lancer et pêcher loin, il tourne comme une horloge et est capable de contrer en force comme en douceur les plus gros poissons, tout en étant à la fois extrêmement robuste et raisonnablement léger. Avec l’arrivée des bobines enveloppantes du célèbre SS 3000 (SS pour Skirted Spool) Daiwa a sonné la fin des bobines qui rentraient dans le rotor. Les carpistes se les sont appropriés, tout comme les TS 5000 (Tournament Spool) pour la forme de leur bobine adaptée au surf casting et aux lancers à longue distance. Shimano développa le baitrunner que l’on retrouve sur le moulinet culte de l’époque, l’Aéro GT 8010, puis sur le Big Baitrunner long cast. Depuis les matériaux ont évolué. Les fabricants proposent pour leurs bâtis et leurs rotors plusieurs gammes et rivalisent d’ingéniosité pour gagner en légèreté en utilisant par exemple le magnésium ou leur propre composite. Quitte à être schématique, disons que les bâtis des moulinets d’entrée de gamme sont souvent en plastique de qualités diverses, ceux de milieu de gamme en aluminium et le haut de gamme en magnésium ou composite carbone.
Ratio, bobines et oscillations
Plus on pêche loin et plus il est appréciable de pouvoir ramener facilement et vite ses montages. Si un grand ratio s’impose pour un moulinet carpe, la vitesse de récupération dépend aussi et surtout de la taille de la bobine. Plus elle est grosse et plus le rotor fait de tours à chaque tour de manivelle (TMV) et plus la récupération est élevée. C’est pourquoi les moulinets « big pit » (grosse bobine) ou « long cast » (long lancer) se sont rapidement imposés pour la pêche à longue distance, soit avec des bobines creuses pouvant contenir 500 m de tresse, soit avec des bobines moins profondes, coniques et longues, inspirées du surf-casting, pour limiter les frottements et lancer plus loin. Au moment de comparer les prix et les modèles de moulinets, pensez à vérifier s’ils sont livrés avec le même nombre de bobines, et le cas échéant, ajoutez le prix d’une bobine supplémentaire.
Déposer ou lancer
Notez qu’il y a deux typologies de pêche : à déposer et à lancer. Lorsqu’on lance, on a possiblement besoin de plusieurs diamètres de monofilament en fonction des eaux et des cheptels, donc de plusieurs jeux de bobines facilement interchangeables. Lorsqu’on dépose en lac de plaine ou de barrage, un seul jeu de bobine peut suffire. Il n’est pas indispensable d’avoir un enroulement « parfait » du fil lorsqu’on dépose en bateau. Enfin, lorsqu’on veut lancer à une distance précise, le clip fil (line clip) permet de bloquer votre fil à la distance voulue.
Frein et débrayage
Les moulinets carpe sont quasiment tous équipés d’un frein avant. Gros avantage sur les modèles à frein arrière, il est plus puissant, pour une raison facile à comprendre, la taille, donc la surface de contact des disques est plus grande à l’avant qu’à l’arrière. En fait, les freins à l’arrière ont permis aux moulinets débrayables de voir le jour et c’est bien pour notre technique leur seul avantage, pouvoir ainsi disposer de deux freins : un pour le débrayage qui n’a pas besoin d’être très puissant puisque généralement desserré et un second pour le frein de combat, une fois embrayé. Je ne sais pas quelle était la véritable raison de l’invention du débrayable. Peut-être pensait-on qu’en limitant la résistance, on pouvait ainsi déjouer la méfiance légendaire des carpes et la violence des départs, comme avec un montage coulissant ? Désormais, les marques proposent des systèmes alternatifs tels que le Quick Drag (Daiwa) qui permettent en un demi-tour de molette de passer du frein minimum au frein maximum. Quant à la puissance des freins, elle est bien souvent surdimensionnée. 6 à 8 kg de frein sont suffisants, en tout cas, ce n’est pas ce qui vous empêchera de capturer un poisson de 20 kg ou plus.
Les roulements et l'entretien
En plus de la qualité et de la précision des usinages, les roulements offrent une fluidité inégalable et durable au mécanisme. Trois « bons » peuvent suffire (axe, galet, manivelle) et en avoir une dizaine n’est pas systématiquement un gage de qualité. Les marques renommées utilisent des roulements inoxydables encapsulés ou étanches qui ont une durée de vie beaucoup plus longue. Peu de pêcheurs modernes se risquent à l’entretien approfondi de leurs moulinets. À ce sujet, la qualité d’un SAV est aussi un critère à prendre en compte au moment du choix d’une marque.
Les chinoiseries
Vous pouvez, bien entendu, trouver votre bonheur dans d’autres marques que celles citées. Chacune propose plusieurs niveaux de gamme. Notons avec humour, qu’on parle parfois avec un ton condescendant de « chinoiseries » désignant de pâles copies. Mais il se pourrait bien que ce soient les Chinois qui aient inventé le moulinet, à en croire une encre sur soie de Ma Yuan datée de… 1195 ! Tout étant cyclique, les Chinois vont peut-être révolutionner notre marché ? Après l’arrivée des Japonais puis des Sud-Coréens, Ils ont bien racheté MG et Volvo. Après, est-ce que cela gardera le charme d’une belle anglaise et la qualité du made in Japan ? L’avenir nous le dira.