L’espèce a colonisé progressivement l’Europe entière depuis la fin du XVIIIe siècle. Le trafic maritime aurait fortement participé à son expansion. En effet, elle possède la faculté de se fixer à la coque des bateaux et aurait profité allégrement et clandestinement de ce moyen de transport ! Elle est aujourd’hui présente dans la majorité des lacs et rivières d’Europe. En France, d’après un rapport de l’ONEMA datant de 2015, elle est observée depuis 1838. La moule zébrée a un très fort pouvoir de colonisation. En un laps de temps très court, la densité d’individus présents dans un milieu peut être hallucinante. Sur certains spots, la biomasse de moule est telle qu’elle peut entraîner un encrassement des installations anthropiques (stations de pompages, coques de bateaux, chaînes, bouées…). La moule zébrée est très envahissante. Comme la corbicule, elle est responsable d’importants déséquilibres écologiques et elle altère les écosystèmes. En filtrant l’eau, sa consommation de plancton est si importante qu’elle entraîne une modification de la chaîne alimentaire. Elle concurrence directement les espèces indigènes. Par ailleurs, ces millions de petits filtres augmentent la transparence de l’eau et favorisent ainsi la prolifération de végétaux aquatiques et l’augmentation de la lumière disponible.
La moule zébrée peut vivre jusqu’à 5 ans. Elle sert d’hôte à plusieurs parasites dont le ver Bucephalus polymorphus, plus connu sous le nom de bucéphalose larvaire. Ce parasite est un ver qui vit dans l’intestin des poissons carnassiers. Il y pond des œufs, d’où sortent des embryons capables de nager. Ces embryons vont ensuite coloniser notre moule et s’y multiplient pour donner un second stade larvaire : la cercaire. Cette dernière occupe ensuite les cyprinidés sous forme de kyste. Elle provoque alors, chez ces derniers, d’importantes lésions et nécroses des nageoires, des yeux et de la bouche. Les poissons carnassiers mangent les porteurs de ces kystes. C’est comme ça que les larves se retrouvent dans l’intestin des carnassiers, où elles se transforment en adultes et peuvent pondre à leur tour… bref, pas de moules, pas de bucéphalose…
Reproduction
L’espèce est composée d’individus mâles et d’individus femelles, il n’y a pas d’hermaphrodisme. Elle se reproduit entre juin et octobre lorsque la température de l’eau est située entre 12° et 15 °C. Une femelle peut pondre jusqu’à 40 000 ovules par cycle et jusqu’à 1 million sur la saison. Après éclosion, il y a formation d’une larve. Cette dernière peut voyager, avec les courants, sur plusieurs dizaines kilomètres avant de se fixer et entamer sa métamorphose pour devenir un jeune adulte.
Lieu de vie et habitat
Ce bivalve affectionne particulièrement les eaux douces stagnantes (lacs, étangs, gravières…). Elle est également présente dans les cours d’eau, fleuves et rivières, en zones calmes. Elle aime aussi particulièrement les canaux dans lesquels la navigation a largement participé à son implantation. La moule zébrée peut se fixer sur de multiples supports : blocs rocheux, galets, arbres immergés, piquets, chaînes, pontons flottants et tous types d’objets durs immergés… La densité d’individus peut-être extrêmement dense. Ils peuvent s’agglutiner en grappe sur plusieurs centimètres d’épaisseur. Des moules se fixent sur d’autres moules, qui se fixent elles-mêmes sur d’autres congénères, formant ainsi des couches épaisses ! Il y a quelques années, en Aragon, le gouvernement Espagnol avait mis en place plusieurs mesures fortes pour limiter la prolifération des moules zébrées : désinfection obligatoire de la coque des bateaux (avant et après la mise à l’eau), code couleur spécifique des plaques d’immatriculation des bateaux sur les zones colonisées…
Les carpes et la moule zébrée
Cela va sans dire, les carpes margent des moules, elles semblent même adorer ça. C’est assurément une bonne source de nourriture, riche, bien protéinée et facile à « chasser » (ce bivalve ne nageant pas bien vite). Pour les carpes, je pense cependant que la moule est moins pratique à consommer que la corbicule. L’une étant solidement attachée à une structure immergée (grâce à son « byssus ») et l’autre simplement posée sur le fond. J’ai parfois halluciné en observant des carpes en milieu naturel ou en vidéos subaquatiques. Elles s’alimentent quelquefois en aspirant des invertébrés et autres bivalves sur des structures verticales. Elles montent ainsi sans problème dans la couche d’eau pour « curer/aspirer » le revêtement des branches et autres piquets. C’est fou quand on y pense, nos chères carpes sont capables de s’alimenter sur le fond, entre deux eaux (en pélagique), sur les structures verticales comme à la surface… Impossible de finir ce papier sans parler de la pêche sur des spots colonisés par les dreissenes. Leurs coquilles sont extrêmement abrasives et réputées pour couper très facilement les lignes. J’ai de frustrants souvenirs de casses sur mes 1res pêches sur le Tarn, en amont de Montauban… C’est sûrement à ce moment-là que j’ai commencé l’inventaire des matériaux potentiellement utilisables en tête de ligne et en tresse à bas de ligne. Et c’est sûrement à cette même époque que la bonne vielle tresse Quicksylver de Kryston a commencé à devenir mon alliée ! Il est vraiment nécessaire d’utiliser de solides matériaux sur les eaux colonisées par ces coquillages et de tout mettre en place pour que la ligne ne soit jamais en contact avec une grappe de dreissenes…