Mais comment est-ce possible ? La carpe est en mesure de déceler un vers de vase microscopique sous 5 cm de vase, mais elle est incapable de détecter que le bout de plastique lévitant à 2 cm au-dessus du fond n’est pas comestible ? Ce paradoxe n’est plus à démontrer, il est bien réel, et le plastique fait maintenant partie de l’attirail des carpistes. Cette popularité n’est donc plus un simple effet de mode, il s’agit d’un outil efficace supplémentaire dans la boîte à outils du pêcheur. Nous allons développer, au travers de cet article, les principaux atouts des esches en plastique et expliquer pourquoi il faut toujours en posséder en session.
Rien ne résiste au plastique
S’il est bien une qualité que l’on ne peut retirer au plastique face aux bouillettes, graines et autres esches, c’est bien sa durabilité. Le plastique résiste aux assauts des indésirables : écrevisses, gardons, poissons-chats, etc. Rien ne brise la coquille d’une esche en plastique. Outre les indésirables, le plastique dure dans le temps : sa texture s’altère très peu, sa couleur se préserve bien plus longtemps que celle de toute autre esche sur le marché et ses propriétés physiques n’évoluent que très peu (flottabilité, malléabilité, etc.). Quelle que soit la taille de l’esche ou son mode d’utilisation, vous pouvez pêcher sereinement avec du plastiquesans craindre que l’esche ne se détériore : c’est quand même un sérieux atout ! Dans la continuité de la durabilité, le plastique peut être utilisé pour certaines pêches puis rangé dans un coin de sa boîte à pêche avant d’être réemployé plusieurs mois ou années plus tard. Personnellement, j’en emploie énormément en hiver et en début de saison, et moins l’été ou à l’automne. C’est avec grand plaisir que je les ressors dans le même état 10 mois plus tard.
Combinaisons gagnantes
Les esches en plastique, qu’elles prennent la forme de graines, de vers, de mousses ou de toute autre invention, peuvent être panachées avec des esches « olfactives ». On reproche souvent aux esches en plastique d’être inodores (ce qui reste discutable, car on peut facilement tremper ces esches dans des boosters au préalable). En les utilisant en combinaison avec des bouillettes ou des graines, par exemple, on associe les avantages de chacune pour créer une esche polyvalente ! La combinaison la plus classique est le bonhomme de neige « bouillette-maïs plastique », mais celle qui m’a permis de prendre le plus de poissons est certainement « noix tigrée-maïs en plastique » : un combo indestructible et durable, quelle que soit la situation.
L'effet leurre
Pas besoin d’être particulièrement rusé pour comprendre que les esches en plastique sont efficaces grâce à l’effet « leurre » qu’elles déploient. Pour des raisons visuelles ou par curiosité, les carpes se dirigent vers ces bouts de plastique et s’en saisissent. Ce comportement n’est pas exceptionnel : la carpe passe une bonne partie de son temps à aspirer de la matière dont la majorité n’est pas comestible, comme la vase, le sable, les micro-bois flottants, etc. La bouche protractile des carpes est justement conçue pour aspirer tout type d’élément, puis en faire le tri pour ne laisser passer que ce qui présente un réel intérêt. Soyez confiant si vous testez le plastique pour la première fois : vous ne faites qu’expérimenter ce que les pêcheurs de carnassiers font à chaque sortie, en animant un leurre pour piéger des poissons.
Employer le plastique pour un maximum de résultats
Comment utiliser le plastique pour améliorer vos résultats ? J’apprécie particulièrement l’utilisation des esches en plastique, surtout lorsque les indésirables sont peu actifs ou, à l’inverse, très actifs. En cas d’inactivité, cela me permet de proposer de toutes petites esches au milieu d’un micro-amorçage, évitant ainsi l’effet « bouillette de 24 mm sur un lit de micro-pellets ». La carpe est moins méfiante et saisit plus facilement cette esche qui est de la même taille que l’amorçage. À mes yeux, c’est l’une des pêches les plus efficaces en début de saison ! En cas de suractivité des indésirables, cela me permet de pêcher en toutes circonstances et ainsi de passer les nuits sereinement, sans craindre de remonter des montages « à la goutte d'eau » au petit matin. C'est alors l'une des pêches les plus stratégiques pour une saison comme l'été. Les esches en plastique jouent un rôle central dans la pêche au zig, qui doit être considérée comme un mode de pêche extrêmement efficace lorsque la situation s’y prête. Un morceau de mousse sombre placé sous la surface est d’une efficacité redoutable ! Dans le même esprit, on peut utiliser de petits appâts en plastique flottant pour pêcher avec du pain en surface. Cette technique permet d’avoir toujours une esche reliée à l’hameçon, écartant ainsi le scénario où la carpe se saisit du pain qui s’est détaché de l’hameçon. J’aime beaucoup tremper mes esches en plastique au préalable pour ajouter encore plus d’attractivité : quelques semaines d’immersion dans un booster sont suffisantes pour obtenir de bons résultats olfactifs. Les petites mousses se gorgent encore plus rapidement en attractants et sont très efficaces instantanément. Enfin, le plastique peut également servir à camoufler certaines parties de votre montage. Typiquement, un asticot en plastique peut être employé comme « rig aligner » pour recouvrir l’œillet de votre hameçon et ainsi masquer la partie métallique la plus visible au profit d’un leurre en forme d’asticot.
Quels produits pour démarrer ?
Il existe une telle panoplie de produits que l’on peut vite être dépassé. Comme nous l’avons vu, inutile d’acheter tout le magasin pour s’équiper : les morceaux de plastique vont durer autant de temps que vous le souhaitez (tant que vous ne perdez pas votre montage). Il est pertinent d’opter pour des esches de densités, de diamètres et de couleurs différentes. De petits maïs rose-jaune-blanc, en flottant et équilibré, constituent déjà un bon début. Ajoutez à cela une poignée de micro-esches et vous voilà prêt à affronter la majorité des situations. N’oubliez pas également que vos esches en plastique peuvent être découpées pour produire des esches plus petites et ainsi faire face à des situations diversifiées. Pour ne citer que quelques marques, les « dog biscuits » de chez Nash sont très efficaces pour la pêche en surface. La société ROK propose un joli catalogue d’esches flottantes de très bonne qualité et enfin, le site « L’Univers du Plomb » offre une belle diversité d’esches flottantes à des prix intéressants.
Les limites du plastique
Vu sous cet angle, on peut se demander pour quoi les plastiques ne sont pas l’esche royale de notre passion. Les raisons sont multiples, et la première est certainement que l’on ne peut pas « amorcer au plastique » (même si, en regardant la surface de certains lacs et ri vières, on pourrait se poser des questions… mais bref), et ainsi construire une pêche au tour d’un appât comme on peut le faire avec des bouillettes, des graines ou autres. Ajoutons à cela que sur des amorçages d’accoutumance de type ALT ou pré-amorçage, les carpes prennent certaines habitudes et ciblent des appâts en particulier. Le plastique n’étant pas un appât d’ALT, il devient alors moins attractif que les appâts traditionnels (même si ce n’est pas un théorème infaillible). Pour finir, il faut admettre qu’en matière d’attractivité sur une longue durée, les esches en plastique ont un effet limité. Alors qu’une bille va diffuser ses attractants sur plusieurs dizaines d’heures, un maïs en plastique sera en mesure de libérer quelques attractants (suivant le trempage préalable) pendant une poignée d’heures, ce qui limite son usage sur des sessions où l’attente entre les touches est relativement longue. Pour conclure, l’arrivée du plastique dans nos boîtes à pêche a ouvert un nouveau champ des possibles : proposer des esches dans toutes les situations ! La durabilité et la diversité d’emploi de ces petits bijoux décuplent nos perspectives et apportent une plus-value à chaque saison de l’année. Avec quelques produits bien choisis, on peut ajuster ses pêches et proposer des stratégies variées pour « briser le cadenas » de la pêche à la carpe ! Quoi qu’il en soit, cette esche ne fait que compléter et renforcer l’emploi d’appâts traditionnels tels que les bouillettes ou les graines, et ne devient en aucun cas un « appât miracle » mais humblement une astuce de plus pour les pêcheurs rusés. Osez et vous serez récompensés.