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Boat trip light en rivière, mode d’emploi

Crédit photo Laszlo Kapolna
Certains cours d’eaux, du plus petit ru au plus grand fleuve, possèdent des profils communs qui nuisent à leur accès et surtout à leur navigabilité : faibles profondeurs, obstacles omniprésents, ponts, barrages… Il est difficile de manœuvrer sur ces eaux courantes et quasi-impossibles de les remonter. Pour les pêcher convenablement sur une session de plusieurs jours, la seule solution concrète qui s’offre à nous est la baroude, en descendant le fil de l’eau dans une coquille de noix avec un minimum de provisions.

Se jeter à corps perdu sur une rivière de ce type, sans en étudier les critères, reviendrait à se tirer une balle dans le pied ! Il est nécessaire d’effectuer une prospection virtuelle, grâce aux images satellites et de la confirmer par une prospection physique pour en vérifier les observations collectées au préalable. Ce travail préliminaire définira la longueur, le choix des postes et les éventuels obstacles de navigation de la future descente. Souvent boudées ou oubliées, vous ne trouverez pas beaucoup d’informations sur ces rivières non entretenues, il vous faudra donc chercher et étudier les futurs tracés pour ne pas vous planter. Malgré les précautions prises au préalable, il n’est pas rare de tomber sur des os une fois sur la flotte, nous verrons ensemble plus bas dans ce papier comment remédier ou même éviter ces galères.

S’adapter en toute situation, un morceau de bois, deux piques et de la cordelette pour tenir le bed.
Crédit photo :

Le pêcheur qui voudra se lancer dans cette pratique devra être une bonne condition physique car le maniement quotidien du matériel et les nombreux chargements et déchargements peuvent devenir exténuants. Tous les jours il faudra remuer son popotin pour déplacer tout son équipement, malgré un sommeil haché car perturbé par la visite nocturne des carpes. L’organisme est mis à l’épreuve. C’est une pêche vraiment dynamique et sportive, presque plus efficace que tous les régimes disponibles sur le marché ; ma balance me le confirme à chaque retour de session ! Etant donné que nous partons d’un point A pour rejoindre un point B, il est impératif de se faire déposer au premier point et de se faire récupérer au second. Faites jouer votre relationnel et priez pour qu’une âme charitable vous traîne au point A, pour vous récupérer au point B, quelques jours ou semaines plus tard. Je profite au passage pour remercier ma compagne, Angélique, qui fait l’effort de jouer ce rôle malgré son manque d’aisance à conduire mon vieux camtar, fatigué et rouillé par deux décennies d’existence. Un autre point très important sera la surveillance des hauteurs d’eau pour passer les obstacles. En effet, ceux-ci peuvent devenir contraignants suite à une montée ou une descente de la rivière.

Dormir avec le coulis de l’eau en bruit de fond, ça n’a pas de prix.
Crédit photo :

Pour exemple, on peut facilement passer sous un tronc d’arbre barrant le passage sur une eau basse ; à l’inverse, si l’eau monte ce même tronc pourra être à fleur d’eau et empêchera le passage du bateau. Deuxième situation, un pont peut être facilement franchissable sur une rivière haute, alors qu’avec un niveau bas et donc l’apparition de blocs rocheux ou pieux de bois, l’embarcation ne pourra pas se frayer de chemin entre les piles. Surveiller et noter les hauteurs d’eau est important pour ne pas se faire déborder car les lâchers de barrages et pluies fortes ont une influence directe sur les niveaux. Grâce aux applications comme Vigicrues ou RiverApp, on peut bien plus facilement anticiper et corriger sa navigation. Malgré ces précautions, ces rivières sauvages sont changeantes et la moindre crue pourra modifier la topographie générale, il faudra s’adapter d’année en année et vérifier les hauteurs d’étiage ainsi que les effets des marnages.

L’embarcation et la propulsion.

Plus le bateau sera étroit et léger, plus il sera efficace. Cela-dit, pour embarquer une à deux semaines d’autonomie, il faudra un gabarit adéquat. Les bateaux cabines, les grandes plateformes gonflables et les bateaux rigides sont plus complexes à manipuler et à diriger, de plus ils ont tendance à s’ensabler et à s’y bloquer, un petit pneumatique est préférable pour passer dans les trous de souris, il se délogera aussi plus facilement en cas de blocage sur le fond. Les modèles compris entre 2,50 et 3 mètres pour un pêcheur sont parfaits, leur poids est souvent inférieur à 30 kilos, ce qui facilite les manipulations en l’absence de mise à l’eau ! Ces petits modèles autorisent une capacité de stockage suffisante, tout en étant assez étroits pour se faufiler entre les obstacles et ne pas racler les hauts fonds à fleur d’eau. On évitera un bateau équipé d’une quille si la rivière comporte de nombreux radiers car celle-ci aura tendance à frotter plus vite qu’un fond plat. Certains baroudeurs déjà très affûtés à cet exercice descendent ces cours d’eau avec des canoés rigides ou gonflables de grande taille.

Pas facile de zigzaguer dans le lit entre les bancs de sable
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Cette solution est excellente, hormis pour remonter le courant quand celui-ci est soutenu. La transition est faite concernant la motorisation ; bien qu’il ne soit pas obligatoire, le moteur est un précieux allié, plus particulièrement sur les eaux qui galopent.

De quoi être serein en cas de crevaison du pneumatique
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Je ne saurai trop vous conseiller un arbre court qui offrira moins d’hauteur d’embase et par conséquent moins de risques de choc. Il est aussi impératif de naviguer avec un moteur à bascule libre afin de ne pas bousiller son ensemble de navigation ; les tableaux arrière n’aiment pas trop les gros chocs d’embase. Tout comme le bateau, le poids du moteur doit être vu à la baisse afin de pouvoir rapidement le remonter et le redescendre. Qu’il soit thermique ou électrique, bon nombre de modèles répondent à ces critères, le choix vous appartient par rapport à vos besoins de navigation.

Stalking d’une poignée d’heures, avant de rejoindre le spot sélectionné pour la nuit.
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Le matériel impératif

Il est nécessaire d’emmener le minimum sans lésiner sur l’essentiel afin d’éviter de ruiner sa session. Rappelons que seul sur un cours d’eau, loin de la civilisation, il est préférable d’avoir de quoi palier aux galères. Le matériel, comme le bédouin doivent pouvoir être réparés rapidement. Concernant le bonhomme, une trousse de secours complète et bien garnie est obligatoire avec en plus d’une pince à épiler (pour se faire le maillot au bord de l’eau), des médocs pour soulager les maux de têtes et de ventre. J’y ajoute toujours une boîte d’antibiotiques, une autre d’anti-inflammatoires et une dernière d’antihistaminiques. Cette trilogie de médicament permet déjà de palier à pal mal de pépins et dans la très grande majorité des cas, vous pourrez continuer votre descente la fleur aux dents plutôt que les larmes aux yeux.

Aller chercher des poissons à caractère sauvage.
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J’ai le souvenir d’une angine bactérienne bien carabinée qui m’avait dégommé lors des premiers jours d’une descente de 10 nuits, les antibios m’ont vite requinqué et j’ai pu terminer mon périple sans souci majeur. Il est important de pouvoir se soigner rapidement et durablement dans ce contexte. Je n’encourage pas l’automédication, loin de là, mais allez dire à votre toubib de famille que vous êtes bloqués et souffrant au beau milieu d’une rivière, il en sera ravi et c’est bien connu, il viendra dans la minute en speed boat ! Bien entendu, si ça ne va vraiment pas, il faudra alerter les secours. Pour les allergiques au venin d’abeille par exemple, votre médecin traitant peut vous prescrire une trousse d’urgence qui pourrait bien vous sauver la vie et pas qu’au bord de l’eau. Ce mini pack de survie de base doit toujours être à portée de main et dans toutes les situations de pêche, donc bien rangé dans le carry all.

Premier poisson d’une récente descente
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Pour le matos, c’est un peu le même acabit, il faut pouvoir réagir rapidement pour soigner les pièces maitresses. Un kit de réparation bien complet pour le zod avec une clef de valve, des patchs, de la colle et surtout de l’alcool (non, pas pour boire !) ou de l’acétone pour dégraisser la partie à réparer avant collage. Un bateau pneumatique avec un plancher gonflable est une bonne option en cas de crevaison d’une des chambres, car le plancher gardera le bateau en flottaison et vous permettra de rejoindre sereinement la berge pour jouer au docteur naval. Les réparations au bord de l’eau ne sont pas un luxe, elles peuvent sauver votre session. Les tubes de colle pour zodiac sont généralement thermofusibles donc une fois rentré au bercail, vous pourrez tranquillement refaire votre réparation en décollant le patch et en raclant les restes de colle après les avoir chauffés au décapeur thermique. Croyez-en les conseils de mon ami Laurent Fougeras, expert en réparation de pneumatique (et en chutes) ! Pour le soin du moteur, quelques outils de base comme des tournevis et des clefs feront l’affaire. Pour le reste, quelques outils supplémentaires vous permettront de réparer n’importe quoi ou de vous ouvrir des passages ; une scie, une bombe de lubrifiant/dégrippant, du chatterton, de la colle universelle, un maillet, une cisaille ou une machette, une pelle US, des tendeurs, des pinces et des cordelettes en nylon.

S’alléger au maximum

Les manuels du petit bricoleur et du docteur halieutique étants cités ci-dessus, nous pouvons passer en revue le reste du contenu du bateau, toujours dans l’idée d’oublier le superflu pour ne garder que l’essentiel. Inutile d’emmener des kilos de plombs, quelques-uns suffisent, un morceau de chambre à air fera encore mieux l’affaire couplé avec des cailloux ramassés sur place. Deux cannes, deux piques pour les détecteurs et quelques piques supplémentaires, une épuisette, quelques appâts, un brolly, un bed chair, une bâche, un matelas de réception, deux slings, de la flotte ou un purificateur, quelques fringues de rechange, une tenue de pluie, un réchaud, un peu de bouffe et basta. Moins il y en a à charger et à recharger, plus la pêche sera simplifiée.

Si le matériel devient défaillant, ce kit permet de faire quelques réparations de fortune.
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Je laisse d’ailleurs systématiquement le casier hermétique de nourriture dans le bateau. Le gros avantage de ces cours d’eau est qu’ils desservent inévitablement des villes ou villages et donc des commerces. Si un point de vente se trouve à mi chemin de la descente, alors on peut prévoir de quoi grailler jusqu’à ce futur ravitaillement. L’intendance pour la nourriture est donc simplifiée. Mon collègue de la rédaction Soël Briche aime déguster de la feta vieillie en fût de Fisty pour se chopper une intox alimentaire ! Etant aussi passé par là, je n’emmène plus jamais rien de frais, juste quelques boîtes, des barres céréalières, des légumes et des fruits. Le passage sur les zones urbaines permet de retrouver un brin de civilisation et donc de refaire le plein de miam. Il faut bien avouer qu’après quatre à cinq jours d’autonomie à manger des boîtes qui sentent la pâtée pour chats, un bon plat frais du traiteur de la superette accompagné d’un morceau de pain et d’un guerluchon de pinard n’est pas du luxe. Concernant les appâts, il en est de même, c’est une pêche d’interception et non de préparation. Dans l’idée, 15 kilos de bouillettes ou de graines suffisent très largement pour une descente de deux semaines.

Le bateau chargé, avec le nécessaire pour 15 jours sans superflu.
Crédit photo :

Un poste pour une nuit

Les postes n’étant pas préparés à l’avance, il est nécessaire de trouver les poissons ou de jauger leur présence potentielle afin de pêcher sous leurs barbillons. Il est aussi tout à fait possible de réaliser quelques pêches à rôder en journée, pour prendre des poissons bonus. L’activité étant principalement nocturne, la sélection du bon spot fera toute la différence, cela est plus facile à dire qu’à faire mais avec un peu d’habitude, ces postes deviennent presque évidents. Celui qui a peur de se gaufrer n’y trouvera pas son compte, c’est une pêche de découverte dans tous les sens du terme. On explore une nature souvent intacte en glissant sur l’eau loin de l’empreinte humaine. Paradoxalement, les zones accessibles à l’homme sont parfois jonchées de merdes en tout genre, je fuis ces parcelles comme la peste pour regagner les coins de nature plus authentiques. Nous préférons tous observer les aigrettes que les monticules d’immondices ! L’approche, comme la descente, est donc légère, avec quelques appâts distribués autour du piège ou même une pêche en single. On réglera bien évidemment les quantités d’appâts versées à la flotte suivant l’activité des poissons au fil de la nuit.

Cette commune est venue engamer mon esche sous mes yeux, dans 40 cm d’eau à deux mètres du bord.
Crédit photo :

Comme toujours en rivière, on utilise du costaud et rien d’autre ! Malgré la non-accoutumance de ces poissons à nos appâts exogènes, ces carpes non éduquées répondent plutôt bien à cette approche et en théorie, moins il y en a dans l’eau plus vite l’esche piégée se fera aspirer. Switcher de poste toutes les nuits a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients, cette approche permet de s’évader et de pêcher des postes « tous neufs », comme les poissons qui y résident.

Les poissons massifs sont présents sur ces rivières peuplées majoritairement de quéquettes !
Crédit photo :

L’inconvénient principal restera la débauche d’énergie et le fait de ne pas pouvoir poser une pêche en construisant son coup sur plusieurs jours. Le problème avec cette méthode de pêche statique en rivière, c’est qu’au fil des jours et des nuits, les touches se raréfient, c’est quasi-systématique. Il est à mon sens bien préférable de reprendre la coquille de noix pour la laisser glisser sur l’eau en quête d’un nouveau terrain de jeu.

 

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