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Carp Tour 360 - 90 jours, 85 départements, une expérience unique ! Partie 3

Petit souvenir du Salagou

Cela fait maintenant 46 jours que je suis parti. Le moral tient bon et j’ai encore de l’énergie. Chaque jour je reproduis les mêmes gestes : le matin je plie, je range tout dans la voiture, puis je conduis vers un nouveau département. Bien souvent, j’ai une idée du spot où je veux aller, et dès que j’y arrive je réfléchis à un plan B, au cas où. Une fois sur place, j’observe, je me promène, je questionne tous les pêcheurs que je croise, puis j’adapte mes montages et mes appâts à la situation. La clé de la réussite à mon avis est d’aller chercher la carpe et non d’attendre qu’elle vienne. Waders, fil fin pour lancer, bateau, tout cela permet de se rapprocher du poisson. Et plus on est proche, plus ça ira vite.

Jour 47/90

Aujourd’hui, je suis contraint de changer mon plan de route. Au lieu d’aller vers le nord, j’oblique vers Paris, où je pêcherai un lac du côté de Mantes-la-Jolie. L’après-midi passe et je suis capot, je pars donc avec mon contact Teddy sur la Seine. J’installe mes lignes de l’autre côté du fleuve, mais il y a plus de courant que prévu et rapidement la nuit se transforme en cauchemar. Je n’ai pas su anticiper et j’ai perdu beaucoup d’énergie.

Coucher de soleil sur Orient
Crédit photo :

Jour 48/90

Dans la journée, je raterai une carpe en stalking à un mètre de l’épuisette, je visiterai l’Eure, où je parviendrai à attraper un petit mâle énervé par la fraie en extrême bordure. Je me rends ensuite dans le Val d’Oise, où je vais passer la nuit sans pêcher, sur un des rares lacs fédéraux. Les poissons sautent dans la queue du lac, et je suis confiant pour demain.

Mon plan de route pour la dernière partie
Crédit photo :

Jour 49/90

5H00 du matin, il fait déjà jour. Je vais essayer de prendre les poissons avec des chod-rigs, pour présenter correctement sur les fonds herbeux. Les poissons sautent, mais ne mordent pas. Je comprends bien trop tard qu’il s’agit sûrement d’amours argentés, que je ne prendrai donc pas avec des montages traditionnels. J’ai l’impression d’avoir perdu la matinée, et je décide de partir essayer d’autres lacs. Je tente tout : pêche au pain, fosses, bordures, rien n’y fait. Je suis désespérément capot. Ces journées-là sont démoralisantes, mais je dois mettre de côté ce que je ressens et continuer.

Jour 50/90

Hier soir je me suis installé sur un lac dans l’Oise. Je n’ai rien fait de la nuit, mais en prospectant à l’aube je repère des amours en queue de lac. Je décide de placer un montage à la noix tigrée au bateau amorceur et quelques heures plus tard je valide le département. Il était temps, il ne me restait plus qu’une heure de pêche avant de partir ! Je me rends ensuite sur un ensemble d’étangs publics à Bray-sur-Somme où je vais capturer un petit poisson au pain. J’en suis désormais à 46 départements pêchés, 35 validés. Il y a encore du boulot !

Petite pêche en Provence
Crédit photo :

Jour 54/90

Je suis de retour à Paris. Entre-temps j’ai pêché le Pas-de-Calais dans une bassine où tous les poissons sont abîmés. C’est de plus en plus difficile pour moi de prendre du plaisir dans ce genre d’endroit. J’ai attrapé une belle commune sauvage dans un étang du Nord, après avoir lutté jusqu’à en perdre la raison avec trois canards clairement décidés à me piquer mon pain. J’ai ensuite tenté un canal dans l’Ain, sans succès. Enfin, j’ai rejoint Walid à Grigny, dans une zone urbaine très populaire. Je pense que beaucoup n’auraient pas voulu pêcher ici, mais j’ai été très bien reçu et j’ai passé un bon moment.

Jour 55/90

Je me lève à l’aube, sur les berges de la ferme Odysséa, un privé un peu spécial de l’Eure-et-Loir. La gestion de ces lacs m’a vraiment intrigué, puisque le but est de réduire au maximum l’impact des pêcheurs, quitte même à simplement observer les poissons. Une expérience très intéressante qui s’intègre parfaitement dans mon voyage. Un peu plus tard ce jour-là je passe par hasard devant les locaux de Star Baits, où je décide de m’arrêter pour leur parler de mon projet. Bien m’en a pris puisque j’ai pu discuter avec le boss de la firme qui m’a d’ailleurs rechargé en appâts. Quelle aubaine !

Magnifique paysage des Pyrénées Atlantiques
Crédit photo :

Jour 56/90

Hier j’ai roulé jusqu’à la limite entre le Loir-et-Cher et la Sarthe à Ruillé-sur-Loir. Cela m’a permis de passer la nuit sur le Loir, où je ferai une petite commune sauvage, qui me remplit de joie. Quelle récompense d’attraper une carpe dans une nouvelle rivière, qui plus est pendant un challenge comme le Carp Tour ! Je termine la journée dans un endroit féerique : le lac de Rillé dans le 37, où Je m’installe dans une forêt immergée, loin de tout. Le lac est plein et je suis dans une zone où les poissons sont actifs. Je vais prendre de belles carpes jusqu’à 22H, heure à laquelle je décide d’arrêter de pêcher. Je serai réveillé à 3 h du matin par un sanglier qui vient labourer le sol à 2 m du biwy, me collant par là même la peur de ma vie.

Jour 59/90

Il me reste quelques heures pour valider la Dordogne au lac de Miallet. Je me suis fait un coup à une soixantaine de mètres, où j’ai trouvé une belle marche. En ce moment (mi-juin) ce genre de configuration fonctionne très bien. J’y crois donc à mort, d’autant que ces derniers jours j’ai validé tous les départements où je suis passé : la Vienne vers Poitiers puis la Charente-Maritime au Mas Chaban. Vers 8 h du matin, je fais un départ qui se termine par une casse, à cause d’une sleeve mal serrée. Mon conseil : évitez la pince Wish.

Des appâts qui sont les bienvenus et qui me donnent de bons résultats

Jour 63/90

Après un court passage à Toulouse, je suis reparti pour 30 départements, en commençant par le centre, le nord-est, et l’est. Ce voyage devrait faire entre 3 et 4000 kilomètres et me prendre 25 jours. On démarre en Haute-Vienne sur un barrage d’une centaine d’hectares. Le coin est splendide et je suis heureux de pouvoir pêcher à nouveau. Je m’installe en fin de journée et récolte un gros orage et un beau capot.

Petite carpe de l’Essone
Crédit photo :

Jour 64/90

En discutant avec Cyrille, un boulanger du coin, j’apprends qu’il y a un lac à truite non loin qui pourrait me permettre de valider le département. Je dois y faire une pêche technique où le bateau amorceur est indispensable. Malheureusement, le mien ne marche plus, et je dépose à la nage. À peine revenu sur la berge, j’ai un départ et je finis par faire tout le combat en caleçon, à la plus grande surprise des promeneurs. Qu’importe ! Je valide après une bagarre épique. J’enchaîne avec le lac de Faux la Montagne en Creuse où je ferai un poisson en pleine tempête. Quel pied !

Coucher de soleil sur l’Allier
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Jour 65/90

Je ne le sais pas encore, mais je suis sur le point de faire un poisson d’exception. Après avoir manqué de valider dans le Puy-de-Dôme, je me rends à Vichy, dans l’Allier. Le coin est magnifique et le coucher de soleil grandiose. Dommage, c’est blindé de moustiques. Après avoir discuté avec des pêcheurs locaux je me rends compte qu’il y a deux très bons spots. Je tente les deux, et commence par rentrer une miroir survoltée de 10 kg. Mission accomplie ! Sauf que, pas le temps de me reposer, je fais un départ sur le second spot et là c’est très lourd. Je dois faire naviguer le poisson dans des rapides et éviter les rochers, ce qui n’est pas une mince affaire. Finalement, je mets à l’épuisette une magnifique carpe de 17,5 kg : fait rarissime sur cette rivière.

La gastronomie locale du Nord
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Jour 68/90

Je viens de faire une halte de 48H à Châteauroux. J’en ai profité pour valider le Cher aux étangs de Saint-Jenvrain. J’ai ensuite eu la chance de faire une carpe lors d’un coup du soir improvisé sur la rivière Indre, en pleine ville. Et aujourd’hui, je vais enfin pouvoir pêcher le fleuve le plus long de France. Je suis surexcité à l’idée de me mesurer à ces poissons surpuissants. Je me suis posé pour l’après-midi sous le pont de la Charité sur Loire, et j’y reste jusqu’à ce qu’un énorme orage éclate. L’averse passée je m’installe pour la nuit le long d’une digue balayée par le courant. Je prends mon temps et dépose 2 cannes à moins de 2 m du bord en amorçant 30 m en amont pour que les appâts tombent au bon endroit. Je profite un peu du crépuscule, puis me couche la tête pleine de rêves.

Jour 69/90

À 5 h du matin, je suis réveillé par un tout droit comme je les aime. Le poisson descend la Loire à toute vitesse. Je parviens à l’arrêter et à le faire remonter vers moi, mais la carpe comprend mon manège et s’en suit un combat titanesque. C’est l’éclate totale et j’en oublie que je dois sortir ce poisson pour valider le département de la Nièvre ! Finalement, c’est une belle miroir de 10 kg qui vient poser devant la caméra du Carp Tour. La journée s’annonce prometteuse ! Je me dirige ensuite vers le Loiret où je n’ai que quelques heures pour faire un poisson, puisque ce soir j’ai rendez-vous chez Authentic Fishing dans l’Yonne. Je trouve un étang fédéral apparemment poissonneux, et en combinant stalking et pêche au posé à deux cannes je parviens à sortir un poisson dans les délais impartis. Ouf ! Arrivé dans l’Yonne, je découvre un lac privé à l’aspect sauvage, et peuplé de monstres de 20 à 30 kilos. C’est une sensation bizarre que de pêcher une eau comme celle-ci, en se disant que peut-être, à la prochaine touche, on fera un poisson record. J’installe mes cannes à 5 - 10 m de la berge opposée, après avoir rempli le bateau amorceur de baby corn uniquement. Mes montages sont en tigers blindés pour résister aux écrevisses voraces. Vers 18H, je fais un premier départ et je sors une superbe miroir de 17 kilos. Dans la nuit, je ferai une casse après un combat de titan, suivi d’une grosse commune.

Commune du Nord
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Jour 72/90

Après avoir pêché avec succès à Fontainebleau puis sur la Marne à Paris, me voici dans l’Aisne, que je valide rapidement. S’en suit une virée dans la Marne, où après quelques déboires je m’installe dans un port, sur le parcours de nuit du canal de l’Aisne à la Marne. J’y pratique une approche à 4 cannes, que je place tant bien que mal parmi les herbiers omniprésents. Dans la soirée, j’ai la visite de Fabrice de la chaîne Totale Carpe, qui a entendu parler de mon périple. Nous passons un moment sympa à échanger autour de notre passion, puis je me couche, sans oublier de faire une belle commune qui me permet de valider mon 55e département français !

Un amour blanc du département de l’Oise
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Jour 76/90

Après une pêche d’anthologie sur le canal de l’Aisne à la Marne où je prendrai 6 ou 7 communes longilignes, j’ai enchaîné les aventures et mésaventures. Dans les Ardennes tout d’abord, où un contact trouvé sur les réseaux m’avait proposé de pêcher son étang, en oubliant de me préciser qu’il n’y avait qu’une dizaine de carpes dans cet étang... et moi qui avais tout misé là-dessus ! Heureusement, parmi les 10 carpes, 2 d’entre elles se feront capturer durant la nuit. J’ai ensuite fait capot dans la Meuse, puis validé in extremis la Meurthe-et-Moselle, avant d’échouer en Moselle, où l’orage et la législation auront eu raison de mon obstination. Enfin, me voici à Strasbourg, où j’ai rejoint Maximilien sur un étang privé. Rapidement, j’attrape 2 beaux poissons et j’ai même l’opportunité de prendre une douche — presque le meilleur souvenir de mon voyage ! Dans la nuit, je prends la route en direction de Colmar, dans le Haut-Rhin. Dès demain matin, je vais pêcher l’étang Vauban, un public bien connu des locaux.

Une nuit sur un canal de Meurthe et Moselle
Crédit photo :

Jour 77/90

Je ne tarde pas à valider le Haut-Rhin avec une belle commune prise entre deux rangées d’herbiers à longue distance. Peu de temps après, je sors une magnifique miroir qui frôle les 20 kilos ! C’est à ce moment-là que Now Now de la chaîne Youtube du même nom arrive. C’est lui qui m’avait conseillé de pêcher ici, et il m’a rejoint pour faire une pêche à deux, et en profiter pour shooter une vidéo pour sa chaîne. C’est ma première collab' comme on dit chez les Youtubeurs, et ça me dépasse un peu. Mais je joue le jeu, pourquoi pas ! En fin de journée, je retrouve Cédric dans le Territoire de Belfort. Le paysage est encaissé et très sauvage, je ne m’attendais pas à ça. Je prends rapidement deux carpes en pêchant avec des petits appâts, puis je passe la soirée à discuter au coin du feu avec Cédric. Je sens que je suis vraiment parvenu à l’apogée du Tour, et je ressens une profonde satisfaction en moi.

Jour 79/90

Après avoir enchaîné avec le Doubs et la Haute-Saône où je me suis régalé, j’ai validé les Vosges et je suis maintenant en route pour la Haute Marne. C’est une région que j’apprécie, surtout que la météo est enfin correcte après des semaines de pluie. Après avoir discuté avec le gérant d’un magasin de pêche, mon choix se porte sur le lac de la Vingeanne. C’est un lac agréable, mais aux fonds plutôt plats, et je galère à trouver des spots. Tant pis, je tente d’amorcer une zone le long d’une petite marche. La nuit tombe et je fais blanc sur blanc, tant et si bien qu’au bout d’un moment je monte de très gros appâts pour ne plus être embêté et dormir un peu.

Jour 80/90

Le lendemain, je suis crevé. Presque trop pour continuer mon périple. Je dois dormir un peu et je perds beaucoup de temps, d’autant que je ne valide pas le département. Le soir, je me rends sur le lac de la forêt d’Orient que j’ai décidé de pêcher pour tenter de valider l’Aube. Un choix discutable, c’est certain. Mais j’aimerais tant valider ici ! En stalking qui plus est. J’amorce un coin près d’un port, puis je me cale dans un camping non loin. Ce soir, c’est repos, et demain, à 4H30, on va à la pêche !

Simple et efficace

Jour 81/90

C’est un échec total. Je fais la matinée à Orient, mais sans parvenir à pêcher correctement ; le lac est trop herbeux. C’était quitte ou double. Je cherche un plan B, mais je ne trouve rien. N’y a-t-il rien à pêcher dans ce coin de France ? Finalement, je me retrouve à Bar-sur-Aube, à pêcher une rivière de première catégorie. J’ai vu quelques carpes, mais je ne réussis pas à les faire mordre dans ces eaux cristallines.

Jour 84/90

Les derniers jours ont été éprouvants et forts en émotion. En 3 jours j’ai pêché la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire, et l’Ain. J’ai validé les 3, ce qui m’amène à un total de 67 départements validés sur 83 pêchés. Aujourd’hui, je vais essayer la rivière Saône pour valider le Rhône. Je sens que je vais kiffer. Je m’installe en sortie d’île, près d’obstacles immergés. La journée s’écoule et je fais la rencontre de Mickey, un pêcheur exubérant avec qui je vais passer la soirée, et prendre une belle miroir de 14 kg. Au petit matin, j’ai un peu mal à la tête, c’est le prix de la convivialité.

Réveil ensoleillé en Haute Saône
Crédit photo :

Jour 85/90

Je suis en pleine redescente vers le sud, premier stop : l’Ardèche. Je n’ai pas identifié de spot sur internet et le Rhône est en crue. Que faire ? Je trouve un camping qui possède un étang. J’y arrive dans l’après-midi, et je place deux montages en bordure, dans des trouées d’herbier. Avec un petit amorçage bien attractif, je parviens à dérouler sur les deux cannes et à valider un département de plus. L’ambiance dans ce camping est super agréable et je passe un des derniers moments paisibles du Tour.

Jour 88/90

Après l’Ardèche, je suis parvenu à valider Le Gard, mais j’ai encore échoué au Salagou. Aujourd’hui, direction le Gers, avec ma compagne. Elle va me suivre pour les 3 derniers départements. La météo est mauvaise, mais les carpes sont actives et je me régale : je valide les Pyrénées-Atlantiques, et pour mon ultime nuit je pêche un lac des Landes, où je prends 2 belles carpes. Je réalise que j’ai vraiment appris énormément et je suis le plus heureux des hommes, même si je sens déjà pointer en moi la nostalgie des au revoir.

Le compte à rebours final est enclenché le 14 juillet à 8H59, et bientôt le Carp Tour est officiellement fini. Finalement, j’ai capturé 121 carpes dans 73 départements, collectant ainsi 730 € pour les Restos du cœur. J’ai pêché 189 coins de France, en parcourant 12 000 km. Ce matin du 14 juillet, je suis envahi d’une gratitude extrême, quelle chance j’ai eue de pouvoir réaliser un tel projet ! Beaucoup m’ont dit que j’avais été fou, mais je pense que de nombreux pêcheurs pourraient faire aussi bien, encore faut-il avoir le temps et se lancer ! En tout cas, j’encourage quiconque à reproduire l’expérience, c’est une aventure unique.

Il me reste à remercier toutes celles et ceux qui m’ont aidé, que ce soit en me donnant des informations, en me guidant où simplement en passant un moment au bord de l’eau avec moi. Merci aussi à toutes celles et ceux qui ont suivi sur Youtube, ou qui sont venus me voir à Montluçon. À bientôt pour de nouvelles aventures !

 

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Magazine n°175 - Septembre & Octobre 2023

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