Je considère l’hiver à la fois comme une période de défi et d’opportunité. Alors qu’on pourrait penser que les poissons seraient moins actifs avec l’arrivée du froid, je constate une augmentation directe de l’activité des poissons au moment précis où les premiers flocons tombent et que la température de l’eau baisse précipitamment. Le refroidissement de l’eau dû à la première neige est un phénomène intéressant pour essayer d’attraper quelques sujets en un laps de temps réduit, ce qui n’est aucunement négligeable à cette saison. En effet, comme pour se préparer à faire face à l’hiver, les carpes deviennent plus actives et plus opportunistes dans la recherche de leur alimentation, pour maintenir leur niveau d’énergie. Les bouillettes, à fort potentiel énergétique deviennent alors mes alliées. Posées avec précision dans les zones de tenue des carpes, je privilégie l’usage de farines carnées, du maïs et du chènevis, en quantité limitée. Avec cette approche, les résultats sont au rendez-vous, juste avant que le paysage se couvre d’un beau manteau blanc.
Un ALT l'hiver ?
Ce type d’amorçage léger, dit à « l’assiette », sur des zones de tenue m’a permis de prendre déjà plusieurs beaux poissons par temps froid. Un léger amorçage sur le long terme, avec au maximum 1 kg d’appât par jour à cette période de l’année est aussi efficace. J’ai souvent effectué de très légers ALT (voire ACT, amorçage à court terme), avec une simple poignée de bouillettes par jour sur des zones très précises, qui m’ont permis de faire de très belles pêches à l’arrivée de la première neige. Cela nécessite de bien connaître la météo des jours à venir pour effectuer cet « ACT » juste avant l’arrivée des premiers flocons.
Trouver les poissons
Même si la première neige crée un sentiment d’urgence chez les carpes, les incitant à chercher activement de la nourriture qui n’est pas très présente à cette saison, il faut évidemment bien connaître le lac et savoir où se trouvent les poissons à cette période de l’année. Je prends toujours le temps pour localiser les poissons avant de pêcher, surtout dans les conditions hivernales rudes que nous avons dans les Alpes. Je profite de ce moment pour attraper des poissons qui étaient jusqu’à présent peu actifs, tout en sachant que le jour J ils seront plus enclins à se déplacer pour trouver de la nourriture. Il arrive parfois même qu’elles se manifestent en surface. Les poissons effectuent un calcul relativement simple, ils prennent en compte les dépenses énergétiques de leur déplacement et le nombre de calories que cela va leur rapporter. J’ai remarqué cela en pêchant la truite et c’est tout à fait transposable dans la pêche de la carpe, surtout l’hiver.
Appâts et montages
Les carpes ne se déplaceront pas sur de longues distances pour se nourrir en hiver, concentrez-vous sur des zones spécifiques (zone de tenue) en utilisant des amorçages précis. Réduisez la quantité d’appâts et privilégiant la qualité ! Compte tenu de l’activité réduite, je sélectionne des appâts attractifs en eau froide, des montages légers avec des esches flottantes ou équilibrées afin que ces dames les aspirent facilement. Comme les poissons moins actifs peuvent être plus sélectifs, il faut être attentif quant au choix de la taille et des couleurs de vos appâts. Souvent, c’est la couleur de mon amorçage qui définir celle de mon esche. J’opte soit pour des wafters, soit pour des pop-up jaunes (vu que j’utilise du maïs doux) et un montage D rig ou slip D rig. Comme évoqué plus haut, les farines carnées associées avec du maïs doux et des pellets sont redoutables par temps froid. On peut y rajouter du chènevis et des asticots. Les carpes peuvent se déplacer lentement, mais elles peuvent également se regrouper dans des zones plus abritées où la température est plus élevée. Utilisez votre expérience et soyez prêt à ajuster votre stratégie en fonction des signes que vous observez. En pêche rapide, il m’arrive de me déplacer sur un autre poste qui me semble plus intéressant, ou, si des signes d’activités (sauts ou fouilles) se manifestent pendant ma pêche, je n’hésite pas à aller directement là où les poissons se trouvent. Cependant, sur des pêches plus longues je définis mon spot à l’avance et effectue un léger ALT sur des zones tenues. Pour cette ALT j’amorce 500 grammes de mix par jour, (bouillettes, farines, pellets et maïs doux) voir moins si on se trouve dans une période très froide (janvier ou février).
Trois périodes hivernales différentes
Novembre et début décembre les poissons sont encore actifs. J’opte ainsi pour un ALT, qui me permet de maintenir les poissons qui s’alimentent encore pendant quelques semaines. La première neige arrive souvent dans cette période, et il s’agit du moment à ne pas louper! Entre décembre et janvier, les températures chutent. La pêche est plus difficile et les poissons ne bougent presque plus. Les pêches au spot sont très efficaces. Une pêche plus légère et directement sur le poisson sera plus adaptée. De janvier à février la pêche est très difficile. Cette fois les températures des eaux sont très basses. Encore une fois je choisis donc ma technique de pêche en fonction des conditions du moment. J’apprécie les sessions sous les journées ensoleillées, où l’eau se réchauffera un peu, ou par temps de pluie, lorsque les températures se radoucissent. Cette dernière phase de l’hiver est pour moi la plus difficile. Il faut vraiment avoir une bonne adaptation technique pour réussir à prendre un poisson. En hiver la pêche n’est pas facile, mais c’est dans cette difficulté que nous apprenons le plus! Je conseille tout de même d’être très bien équipé et de ne pas faire de grosse session après le mois de décembre. La rudesse des conditions ne conviendrait pas à tout le monde, et n’oublions pas que nous sommes d’abord au bord de l’eau pour passer de bons moments. Après, pour les plus acharnés, attraper un poisson sous la neige ou en période de grand froid est juste magique !
Pour conclure
Le refroidissement de l’eau provoqué par la première neige incite les carpes à augmenter leur activité alimentaire. Ce phénomène ouvre une fenêtre précieuse pour la pêche, exploitons ce moment pour attraper des poissons et faire de belles photos sous la neige. Chaque capture en hiver est une victoire durement arrachée. Chaque frisson glacial interrompu par à run laisse place à une montée d’adrénaline. C’est dans ces moments, lorsque la nature se tait et que seul le bruit doux de la carpe fendant l’eau rompt le silence au moment de la mettre à l’épuisette, que je trouve ma récompense. Ces instants, où la patience et la persévérance triomphent des éléments météorologiques difficiles, sont des trésors, ceux de la pêche de la carpe en hiver.