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Résilience devant la bulle

Selon le petit Larousse, la résilience est l’aptitude d'un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques. Pour un pêcheur, de surcroît déterminé à attraper des carpes et qui s’investit à fond, rentrer capot peut être source de découragement, parfois profond. Mais il existe d’autres façons de voir les choses…

Traiter la cause racine : peut-on vraiment éviter le capot ?

Et bien c’est au cas par cas, des cas de figures il y en a mille ! Et c’est toute la difficulté… Je pourrais vous proposer une série de cas généraux qui tâchent d’englober la majorité des cas particuliers, mais qu’on le veuille ou non, chaque session qui vire à la bredouille a ses raisons, rarement uniques, souvent multifactorielles. C’est une des raisons qui rend la pêche aussi déroutante et addictive, aucune session ne ressemble à une autre.

Ce matin-là les carpes sont passés sur l’amorçage. Elles ont tout nettoyé et sont reparties rapidement. Juste le temps d’en caresser quelques-unes !
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Comment éviter ce capot si perturbant ? Pour moi, on ne peut y répondre de façon simple, sans verser dans une forme de caricature et risquer presque à coup sûr d’écrire des contrevérités (voire carrément des « conneries »). Par exemple là, j’ai bien envie d’écrire que pour ne pas faire capot, il suffit de se rendre à la bonne saison dans un étang artificiellement surchargé en carpes. Evidemment ! Le risque de capot diminuera drastiquement, et celui de prendre un poisson mutilé risque de croître en proportion. Ceci n’engage que moi, alors je le mets à la première personne : j’ai trop de respect pour les carpes pour accepter cela. Je veux pêcher des poissons sains, et j’accepte de principe un certain niveau de difficulté qui m’expose significativement au risque du « capot ». Si j’aime l’aventure et découvrir de nouvelles eaux, de surcroît sans infos, alors je m’expose encore davantage à ce risque que j’assume.

Quand je ne prends pas, j’apprends. Et seulement alors, je progresse, j’affine mes approches, je deviens performant en multipliant les expériences sur différents terrains de jeux. Accepter parfois de ne pas capturer de poisson malgré beaucoup d’efforts, accepter un certain niveau de risque, c’est aussi faire preuve de maturité pour un pêcheur de carpes, avec élégance. Un gamin à vélo fait continuellement les mêmes tours dans la cour. Si je lui enlève ses roulettes, le risque de chute augmente. Il va tomber tôt ou tard, mais de cette façon-là il apprendra à ne plus tomber car il aura de lui-même corrigé ses erreurs et sans forcément s’en apercevoir, il aura progressé.

La Seine aval se réveille calmement. Les détecteurs sont restés silencieux. Dans la tête trottent deux ou trois options possibles pour changer la donne, il faut faire un choix, tenter autre chose. Il faut faire le job, quitte à bouger encore ce soir pour trouver les poissons. En faisant comme on a toujours fait, on a les résultats que l’on a toujours eus…
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Alors ne confondez pas ce que vous êtes avec ce que vous faites ! L’échec fait partie intégrante du processus de réussite. L’un de mes anciens chefs (je bosse en développement R&D agroalimentaire) détestait par-dessus tout qu’un essai fonctionne bien dès le premier coup, et il argumentait ainsi : « parce que l’on n’a pas compris pourquoi, il n’y a rien à tirer de ça ». A méditer ! Et oui, réussir sans comprendre n’améliore en rien les qualités du pêcheur. Les questions que l’on peut être amené à se poser ne trouvent pas de réponse lorsque tout est trop facile…

Si la pêche est compliquée, ce qui compte le plus est de comprendre pourquoi on n’a pas déclenché de touches, de prendre le temps de faire une bonne analyse à froid avec ses copains de pêche par exemple. A ce moment-là, on échange, on recoupe les informations, on analyse collectivement. Une stratégie solide se base sur un plan d’expérience composé de réussites ET d’échecs.

Les vastes plaines lacustres, où naissent les rêves d’aventures…
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Un exemple me vient immédiatement à l’esprit : fut un temps, j’allais souvent voir deux amis anglais au bord d’un lac à proximité. Dans les grandes lignes, une gravière de difficulté moyenne à relativement haute, nourriture naturelle surabondante et comportement des poissons réputé compliqué à saisir. Et bien au bout de quelques sessions, j’ai commencé à constater une nette différence avec nous. Hormis le fait qu’ils attrapaient plus de carpes (en pêchant plus près, plus précis, avec une meilleure gestion de l’amorçage du bord), ils passaient aussi bien plus de temps à échanger sur le comportement des poissons. Ils s’écoutaient l’un et l’autre avec attention et construisaient une stratégie à deux, avec un niveau de détail hallucinant pour nous français (qui passions plutôt 90% du temps à déconner J).

Seul face à l’immensité, il est normal de douter et d’échouer. Ne perdez jamais de vue votre objectif... L’on devient ce que l’on est.
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Contrat personnel

Lorsque j’évoluais dynamiquement dans la bulle Alliance Pêche, nous avions un leitmotiv incandescent : « Never Give Up ». Ce n’est pas un hasard si ces trois mots condensaient la force de cet état d’esprit robuste. Ne pas abandonner, c’est faire de son mieux jusqu’au bout. C’est je crois, essentiellement, un contrat que l’on signe avec soi : il faut que la tête soit plus forte que tout ce qui peut éloigner des rêves que l’on poursuit… Et bien sûr plus forte que le temps qui passe face au silence des détecteurs. Et tout cela malgré les efforts vains et répétitifs, malgré l’envie de rentrer au chaud et l’attirance naturelle pour le confort d’un toit, je refuse et quoi qu’il arrive… Refuser, défier, et rester pêcher, résolu et insoumis !

Je reste donc pêcher sans me disperser et surtout je me bouge le train pour ne rien regretter, et plonger encore plus dans le lac ou la rivière, dans sa compréhension intestine. C’est une démarche bilatérale, dirigée simultanément vers la pêche et vers soi-même. Je crois en cela. Clairement, ce n’est pas uniquement le poisson qui compte alors, celui que l’on capturera ou pas. Ce qui compte c’est d’avoir vécu l’expérience de pêche jusqu’au bout, d’avoir expérimenté individuellement et donc d’avoir appris. Dans cette affaire, ce n’est pas seulement la destination (le but) qui prévaut, mais le chemin tout entier. C’est par ce cheminement que l’on aiguise ses qualités de pêcheur, et peut-être aussi celles du bonhomme. Echouer rend humble. Peut-être que la valeur du succès, qu’elle existe à nos yeux ou dans le regard des autres, ne se construit souvent qu’au travers des difficultés qu’il aura fallu endurer !

Vieille miroir montagnarde capturée au milieu des hordes de moustiques.
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Un gros poisson facilement capturé marque assez peu le souvenir. En revanche, le poisson dont on se souvient, celui qui reste, c’est généralement celui qui nous aura valu le plus d’épreuves, celui pour lequel nous n’avons pas basculé vers le manque de courage. Le registre des raisons du découragement est long ! Une météo infernale, des troupeaux de brèmes harceleuses, les autres pêcheurs… Parfois même elles s’accumulent au point de devoir décamper avant que les synapses ne se touchent. Mais par expérience il existe toujours une possibilité pour s’en sortir, en faisant preuve de détermination, avec la force de son caractère (que l’on sous-estime systématiquement) … Somme toute, en respectant son contrat personnel.

Citation : “Tout objectif flou conduit irrémédiablement à une connerie précise” ; Frédéric Dard.

Result focus

Le champ d’action n’a jamais été aussi vaste qu’aujourd’hui, et les moyens de communication aussi nombreux pour découvrir et partager des nouvelles eaux, de nouveaux spots. On peut plus que jamais maximiser les chances de se trouver au bon endroit au bon moment. Les machines nous aident beaucoup également : bateaux cabines, embarcations pneumatiques, bateaux amorceurs, GPS...

Les techniques se sont développées, et on baigne dans une telle abondance d’options possibles (en y mettant beaucoup de moyens) que l’on peut parfois perdre de vue l’efficacité réelle de ce que l’on met en place. Je sors un peu du champ carpiste, et je vous conseille à ce propos de visionner l’excellente vidéo de David Dubreuil, pêcheur légendaire de black-bass (dans Culture Bass #7, voir sur YouTube) : il y explique avec grande clarté que plus on a de leurres, de cannes, et plus le bateau est gros, plus les possibilités de s’ouvrir à différentes stratégies de pêche se multiplient… Et MOINS on prend de poissons (eh oui !) car on s’éparpille dans tout cela facilement, et cela peut durer plusieurs années avant de comprendre que l’on ne peut pas tout faire !

Il en est exactement de même pour la pêche de la carpe. Le travail initial, le plus important en réalité, c’est avant tout de savoir ce que l’on veut, surtout quand on débute : se donner un objectif, le poursuivre sans vouloir tout essayer à la fois, avec une certaine économie de moyens, et ne passer à autre chose que lorsque ce but est atteint ou dépassé.

Ne pas savoir choisir, cela s’illustre très bien au travers des appâts. On s’émerveille parfois de rencontrer au bord de l’eau un pêcheur détenant à lui seul une collection de paquets de billes, de pop-ups et autres dumbells, parfois un plein carry-all. Cela n’a qu’une fonction : rassurer son propriétaire ! Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Pour affronter sa peur face à « la bulle », on se rassure par la variété des appâts, la technologie, la nouveauté… Et si on a attrapé des carpes, n’est-ce pas forcément un peu grâce au dernier achat, qui a fait – foi du client- toute la différence !?

Choisissez votre direction, sans vous soucier du regard des autres !
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Enjoy

Pour conclure, j’aime bien cette maxime qui dit que « La pire journée de pêche est meilleure que la meilleure journée de travail ». Et pour citer notre cher Rod Hutchinson « N’oubliez pas de sentir les fleurs sur le chemin »...

Et oui, la pêche de la carpe fait appel à tous les sens : sentir, ressentir, prendre le temps de vivre tout simplement. Non pas voir, mais regarder, observer, et parfois contempler. Par son rythme inertiel et son côté immersif, la pêche de la carpe est une discipline à part parmi toutes. Les grandes eaux, les fleuves, barrages, réservoirs, tout comme les rivières intimes ont chacune une personnalité, une odeur, une ambiance qui les distingue. Et l’on ne mesure jamais assez la chance qui nous est offerte de fouler librement les berges, de glisser sur les eaux claires. Pêcher de beaux lacs, esthétiquement irréprochables et spirituellement inspirants, adoucit toujours la difficulté. Faites-vous plaisir, et partagez-le. Faites de vos rêves des projets. Ni le nombre de prises ni leur poids ne permettent à eux seuls d’équilibrer l’équation du bonheur.

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