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Fouillis et vers de vase : 10 conseils pour bien les conserver et bien les utiliser

Le ver de vase est emblématique de la pêche au coup en France. Il fait partie de notre culture et est utilisé depuis des lustres pour son efficacité, surtout en compétition. Dit fragile et onéreux, les pêcheurs de loisirs hésitent à l’utiliser. Il est pourtant dommage de s’en priver.

1. Un peu de biologie

Le ver de vase est la larve d’un insecte, le chironome plumeux, une espèce de moustique qui ne pique pas. Pour la pêche au coup, nous utilisons deux larves de cette même famille, mais qui sont de taille différente et ne prolifèrent pas dans les mêmes eaux. Le fouillis de vers de vase vit et se récolte dans des endroits où les déchets organiques sont importants. Celui qui nous intéresse pour la pêche, car il en existe évidemment de nombreuses espèces, affectionne les eaux courantes de petites rigoles et moyens cours d’eau, situés non loin des stations d’épuration. On destine ces micro-larves à l’amorce. Le ver de vase, plus gros, plus ferme également que l’on pique à l’hameçon, est enfoui dans des couches plus profondes de vase présente dans les mares d’eau stagnante, étangs et les zones calmes des canaux, où il passe la majeure partie de sa courte existence. Leur attrait sur absolument toutes les espèces de poissons blancs d’eau douce, mais aussi certaines en mer, est incroyable. Ce n’est pas un hasard si on se sert abondamment de ces larves d’un beau rouge rubis en aquariophilie.

2. Rapidité et efficacité

Surtout utilisés en compétition pour la rapidité avec laquelle ils attirent les poissons, les vers de vase effraient parfois les novices et tous ceux qui méconnaissent leur utilisation par leur réelle, mais acceptable difficulté de conservation et leur prix. Ramenés à un rapport quantité utile/rentabilité, les vers de vase ne sont pas plus onéreux que les asticots par exemple. Ils en sont un excellent complément, comme de beaucoup d’autres esches.

3. Provenance

’il est encore largement possible de récolter ses vers de vase soi-même, le fouillis est devenu une denrée beaucoup plus rare dans l’Hexagone en raison de la purification de nos eaux. Il est encore possible de-ci, de-là, de récolter ou acheter du fouillis « local », notamment dans les Hauts-de-France, mais la majeure partie des vers disponibles en magasin sont issus de l’importation, des pays de l’est de l’Europe. L’inconvénient est le coût de cet achat à l’étranger, mais le gros avantage est la durée de conservation. Alors qu’un fouillis « frais » doit être utilisé dans les jours qui suivent sa récolte, un fouillis dit « russe » se conserve plus d’une semaine, voire encore davantage s’il est transporté puis stocké dans de bonnes conditions. Les vers de vase pour l’hameçon issus eux aussi de l’importation ou d’une manière plus générale d’un récolteur de masse, sont plus fragiles qu’une production personnelle. Il ne faut ni négliger la durée comprise entre le moment où la récolte a eu lieu et le moment où celui-ci est en votre possession, ni la période de l’année car la chaleur impacte considérablement la qualité. Il faut donc accepter de la perte régulière, une tenue à l’hameçon moins ferme également. Mais encore une fois, au regard de quelques précautions indispensables, cela reste négligeable face à la rentabilité halieutique !

4. Conservation des vers à domicile

Plus un ver est frais, mieux il se conserve dans le temps. C’est une larve qui survit longtemps sans nourriture et ne se transforme que dans son habitat naturel, au contraire de l’asticot. Récolté ou acheté, le ver de vase se conserve toujours à domicile au réfrigérateur, dans son élément favori, l’eau. Il faut régulièrement se débarrasser des larves mortes que seul un tamisage régulier permet. Une attention quotidienne est nécessaire, mais un regard suffit à voir l’état de votre cheptel. L’eau du bac de conservation doit être surveillée elle aussi, elle doit toujours rester la plus limpide possible. Attention, les vers n’aiment pas les chocs thermiques, veillez à une température constante entre celle de votre réfrigérateur et l’eau servant au tamisage. Sachez également que les temps orageux et les grosses chaleurs d’été sont néfastes et nuisent au transport et à la conservation. Ne jetez donc pas immédiatement la pierre à votre fournisseur ou votre détaillant. Lorsqu’ils sont frais ou viennent d’arriver chez vous, les vers « dégorgent » pendant quelques jours et une pellicule sombre peut se former. Un rinçage en règle l’éliminera et favorisera la conservation. Un ver qui survit bien maigrit avec le temps. Cette perte de masse le rend aussi plus ferme et c’est ce qui confère une meilleure tenue à l’hameçon.

5. Conservation des vers au bord de l'eau 

Hors du réfrigérateur et quelle que soit la saison, les précautions sont toujours de mise. Au bord de l’eau, il faut conserver vos vers dans l’eau afin de les protéger des changements de températures et du vent. Un petit récipient type Tupperware rempli de quelques centimètres d’eau et placé toujours à l’ombre sur votre desserte fait l’affaire. Pour gagner du temps lors de la saisie, vous pouvez placer un chiffon humide et y déposer quelques larves prélevées dans le récipient.

6. Les bons hameçons

Targué d’appât à petits poissons, le ver de vase est un aimant à tous cyprins et autres gros poissons. Un ver unique de petite taille se fait gober par tout ce qui passe. Un gros ver ou un joli doublé, voire un panaché asticot/ver de vase vous permet de sélectionner vos prises. De même qu’une grosse bouchée de cinq vers ou davantage séduit brèmes, tanches, gros gardons, carassins... Le fameux « vaseux » n’est quasiment composé que d’hémoglobine. Pour éviter qu’il ne se vide entièrement, l’hameçon doit être choisi avec grand soin. Un fer très fin à moyen et un micro-ardillon sont évidemment de rigueur.

7. Le transport du fouillis de vers de vase

Une fois récolté et purifié, le fouillis de vers de vase est stocké et transporté dans plusieurs feuilles de papier journal légèrement humides à raison de quelques centaines de grammes de larves uniformément réparties en une fine couche (2 cm max.). Toujours vivantes et ainsi conservées, il est facile de les prélever, les introduire et les mélanger à l’amorce ou à la terre ou encore de les utiliser purs.

8. Conservation du fouillis à domicile

Le fouillis doit être stocké au froid lui aussi. Pour une répartition uniforme de la température, l’idéal est de le conserver à plat, mais il est aussi possible d’en faire des rouleaux pour optimiser l’espace. J’évoque rapidement la conservation du fouillis « frais » qui, après ouverture du paquet, comme toute denrée périssable, doit être consommé rapidement après ouverture (une semaine tout au plus si les larves sont jeunes et beaucoup moins si elles sont proches de l’éclosion). J’agis différemment pour le fouillis russe. Si je sais que je vais l’utiliser de suite, je me contente de le placer au réfrigérateur. Si je souhaite le conserver pour plusieurs sorties, j’opère un « lavage » préalable et un remplacement des journaux dans lequel il a été transporté. Un passage sous un jet d’eau froide dans une épuisette à mailles très fines ou une toile de rideau suffit à évacuer les boues résiduelles qui peuvent « gangréner » le journal. Après quelques passages à l’eau claire et un essorage en règle, puis un emmaillotage dans un journal propre et humide, le tour est joué. La durée de conservation est doublée, voire triplée si le fouillis est bien frais. Il suffit d’ouvrir le paquet de temps à autre et de surveiller le taux d’humidité. La couche supérieure de larves ne doit pas sécher et elles ne doivent pas coller au journal. Un coup de vaporisateur permet de se prémunir du séchage. Après une partie de pêche et si vous ne retournez pas au bord de l’eau, il est possible de congeler les restes de fouillis. Mais si vous avez envie ou besoin de faire un stock car vous n’avez pas de calendrier fixe, l’idéal est de congeler du fouillis frais par petites quantités (250 g) en prévision des périodes de disette (avril/mai) ou pour vos pêches d’hiver.

9. Conservation du fouillis au bord de l'eau

Le fouillis russe tolère davantage et résiste aussi mieux aux éléments. Je connais de grands champions, dont Jean Desqué qui préfère systématiquement le russe qu’il mélange allégrement à l’amorce bien à l’avance sans risque. Donc si le premier est aussi plus volatil une fois immergé, le second tient mieux en place, un atout lorsque les mouvements d’eau sont importants et aussi pour cibler les beaux poissons. Dans tous les cas, le fouillis doit être légèrement « décollé » à l’aide d’une argile sèche qui lui permettra de ne pas s’agglomérer et augmente sa durée de conservation hors frais.

10. Utilisation du fouillis

L’usage du précieux appât mérite un paragraphe à lui tout seul tant il est important. La gestion des quantités est primordiale car si c’est un aimant à poissons, c’est aussi une arme pouvant se retourner contre son utilisateur. Le fouillis frais est très mobile et va intéresser en priorité les petits poissons et les gardons. Il est rapidement « agressé » voire « brûlé » par l’amorce, il faut donc l’ajouter petit à petit en prenant soin de garder au frais et en tous les cas à l’abri des éléments (eau, vent, soleil) le restant du paquet. Rappelons que l’amorçage vise à guider les poissons en un point donné, le coup, et les amener à se saisir de l’esche qui orne l’hameçon. Comme tous les appâts, mais en bien mieux et plus rapide, le fouillis est là pour attirer, exciter en créant une compétition alimentaire. Bien gérer les quantités est donc essentiel et il n’est jamais nécessaire de forcer la dose tant le ver de vase est efficace. Un quart de litre, ce qui représente déjà des milliers de larves, suffit amplement à pêcher durant plusieurs heures. Ni trop, ni trop peu est la règle ! Un peu au départ pour créer un appel et redistribution en fonction des forces en présence, davantage si les touches sont nombreuses et toujours avec parcimonie si la pêche est difficile et/ou que vous êtes envahi par le menu fretin vous empêchant de piéger les plus beaux sujets. Il ne faut pas perdre de vue que le fouillis est véhiculé à l’aide de l’amorce et peut-être complété par des asticots, vers coupés, graines, etc.

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