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Chevesnes, hotus, barbeaux... une belle pêche d'hiver avec Alain Jouan

Quand vient l’hiver, certains tributaires de fleuves et de rivières, parcourus par un courant parfois modeste certes mais très présent, sont d’excellents refuges pour les poissons, par temps de pluie ou de neige. De belles surprises y sont toujours possibles, ce que nous prouve le talentueux Alain Jouan aux portes des Alpes.

Toutes les eaux courantes, rivières, fleuves, se délestent dans leurs affluents en période de crue. C’est le cas du Rhône, fleuve emblématique, riche en poissons de toutes espèces. Mon ami Alain Jouan pratique tous les types de pêche au coup dans l’un de ces tributaires, en fait un parcours pour kayaks, inutilisé à cette période. Il m’a convié à l’accompagner aujourd’hui, à Sault-Brenaz, dans l’Ain. « En été, nous sommes habitués ici aux barbeaux, chevesnes et hotus. Les pêcheurs sont toujours surpris d’en piquer quand le thermomètre descend sous zéro, explique-t-il. Pourtant, ils ne cessent pas de s’alimenter, il faut simplement les approcher avec davantage de finesse voire de délicatesse ! »

Sur ce type de spot bien abrité, les poissons vont maintenir une certaine activité même en plein cœur de l’hiver. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Avantage au moulinet

Les bordures escarpées ne permettant pas de pêcher à la grande canne, il recourt donc au moulinet qui lui donne davantage de liberté et de mobilité. Cette technique, la longue coulée, est en fait une approche hybride entre anglaise et bolognaise. Elle permet d’exploiter les parties les plus inaccessibles de la rivière et d’aller chercher les poissons loin vers l’aval, en toute discrétion. Même s’il risque d’avoir affaire à de beaux poissons, Alain privilégie la finesse dans cette eau particulièrement claire. Il prévoit deux montages, sur deux cannes différentes : une anglaise, courte, et une bolognaise, évidemment plus longue. Ses flotteurs sont de faible portance (voir montage), juste suffisante pour qu’Alain puisse en garder le contrôle. Dans ce contexte, il n’est pas question de lancer la ligne, trop légère. Il la dépose simplement devant lui puis, pick-up ouvert, contrôle la sortie du nylon à l’index, pratiquant quelques aguichages aux moments jugés opportuns, tout au long de la coulée. Le flotteur sillonne ainsi le cours de la rivière au gré des éventuels remous et des changements de direction voulus par Alain. Il peut ainsi prospecter le lit principal et ses veines de courant plus ou moins vif mais aussi les morts en bordure.

Son équipement étant réduit au mimimum utile, Alain peut changer de poste très facilement. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Dans la continuité de son approche, Alain utilise un hameçon trouvé au rayon truite. C’est un modèle polyvalent, petit, discret car léger, mais costaud et qui convient face à des espèces méfiantes comme le chevesne. Pour bien harmoniser le montage et lui garantir une souplesse parfaite, l’hameçon est noué directement sur le nylon du moulinet. Ces montages obligent Alain à utiliser des cannes souples afin de minimiser casses et décrochages. L’anglaise est utilisée pour pratiquer jusqu’à une quinzaine de mètres vers l’aval.

Alain n’utilise pas d’épuisette, conservant ainsi le plaisir de saisir ses prises à la main. Une bonne manière aussi de véhiculer le moins de matériel possible. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Option bolognaise

Pour pêcher sur une plus longue distance et si les poissons sont plus gros, il opte pour la bolognaise, légèrement plus puissante aussi. La légèreté de ces cannes permet à Alain de pêcher des heures durant et de rester toujours très mobile. Leur pointe très souple permet d’administrer des ferrages en douceur efficaces. « Les sensations transmises par ce type de matériel sont uniques, confirme-t-il. J’adore les combats sur des montages fins avec ces poissons qui restent combatifs même en période froide ! » La configuration du lieu ne prête pas à confusion. L’enrochement des berges donne au cours d’eau un profil particulier. « Les fonds sont vraiment scabreux, impossible de trouver un fond plat, il y a des rochers partout, me fait remarquer Alain. Impossible de sonder, c’est le comportement de ma ligne et le déclenchement des touches qui m’indiquent si je passe à la bonne profondeur. » Connaissant les lieux, Alain positionne son flotteur à un mètre de profondeur puis procède par tâtonnements dans ses premières coulées à vide. Si son flotteur est trop ralenti, tressaute ou coule, il faut enlever du fond. S’il dévale trop rapidement, c’est l’inverse. La profondeur étant loin d’être uniforme, Alain doit s’aménager des repères visuels, en fonction des zones où la ligne passe plus ou moins rapidement.

Pas d'amorce

Il garde ainsi le schéma de sa coulée en mémoire. En fonction des espèces présentes et des conditions du jour, si les touches se déclenchent plutôt sur telle ou telle zone, il saura si les poissons préfèrent une esche qui traîne un peu ou qui évolue librement. Dans ces conditions, impossible de déposer un tas d’amorce sur une zone fixe. Pour les espèces qu’il convoite, chevesne en priorité mais aussi hotu et barbeau si la chance est avec lui, Alain privilégie l’agrainage avec des esches vivantes. « Même si elle ne cesse pas complètement, l’activité des poissons est tout de même ralentie, précise Alain. Je préfère donc commencer doucement et utiliser des esches de petite taille. »

Un outil ingénieux permet l’eschage de la mie de pain à l’interieur de la bague en latex.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Pinkies only

Cette remarque fait suite à une observation de ma part, apercevant des pinkies dans ses boîtes quand j’aurais sans doute parié sur de bons gros gozzers ? Mais pour Alain, les pinkies, plus légers, se diffusent plus largement dans la coulée et sont aussi plus digestes. Sachant qu’il y a toujours un moment où les chevesnes, gavés, cessent de s’alimenter, avec ces petits asticots, il obtient des touches plus longtemps. Les pinkies sont en outre increvables et restent très mobiles, même en eau froide. Alain agraine ainsi régulièrement mais avec parcimonie. Il se contente de jeter à la volée une vingtaine de larves vers l’amont toutes les deux ou trois minutes, ralentissant ou accélérant ce rythme en fonction de l’appétit des poissons. Mais bien sûr, il peut arriver que l’asticot soit inefficace ou trop peu sélectif…

Du pain frais

Obtenir l’effet visuel d’un flocon cotonneux est, selon Alain, impossible autrement qu’avec la mie bien blanche d’un pain rond tout frais. La boulette est légèrement compressée pour être introduite dans la bague de latex mais, dès qu’elle est immergée, elle triple de volume. Les touches sont multiples et même si Alain doit répéter les lancers et les coulées, le pain reste bien en place. Il renouvelle l’esche dès que les contours se désolidarisent du cœur de mie dans la bague.

Alors que les touches commençaient à se faire rares, Alain va retrouver les gros chevesnes très en aval de son agrainage grâce au pain qui s’avère être une esche d’une efficacité redoutable
Crédit photo : Olivier Wimmer

Le bon pain

Alain opte alors pour l’un de ses appâts favoris, terriblement efficace en hiver : le pain. « Sa couleur et sa texture floconneuse lui confèrent un attrait incroyable, ajoute-t-il. C’est un sauve-bredouille imparable, les gros chevesnes en raffolent ! » Le coin est fréquenté par les poissons et aussi par les canards nourris ici par les promeneurs. Cela explique le succès de cette nourriture providentielle auprès des poissons qui n’hésitent jamais à s’emparer des restes. Alain utilise alors sa bolognaise. Le poids de la bouchée de pain imbibée permet de propulser la ligne un peu plus loin et la longueur de la canne est une aide précieuse. La bouchée de pain est parfaitement maintenue sur l’hameçon par l’intermédiaire d’une simple petite bague en latex. Ainsi dégagé et malgré le volume de cette esche, l’hameçon de petite taille reste totalement opérationnel. Les touches, timides à l’asticot, redeviennent fulgurantes !

Ce jour-là, les hotus, eux aussi de sortie, sont venus se mêler à la fête !
Crédit photo : Olivier Wimmer

Rester mobile

Alain s’installe le plus en amont possible de la rivière. Il n’emporte avec lui que le strict nécessaire de montage et les éléments vitaux. Même s’il s’équipe d’un siège, il ne s’en sert que pour fixer ses accessoires, bourriche et support à appâts. De cette manière il reste mobile aux abords de son poste, mais aussi sur tout le parcours.

Chevesnes, hotus, barbeaux… il n’y a pas de morte-saison pour les pêcheurs au moulinet.
Crédit photo : Olivier Wimmer

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Magazine n°909 - février 2021

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