La défection des cours d’eau publics par les pêcheurs au coup est un fait indubitable. Difficulté d’accès, raréfaction des poissons et par conséquent des belles bourriches, cohabitation difficile avec les cyclistes et autres joggeurs et les cormorans est mon lot depuis des années maintenant. Et je sais que c’est le cas de beaucoup. En alternance avec ma pratique en canal et en rivière, je me tourne de plus en plus souvent vers les plans d’eau privés et là aussi, il est impossible de nier l’essor des étangs spécialement aménagés et rempoissonnés. Parking, commodités, confort, poissons à gogo, tout y est pour passer un bon moment et en prime dans un cadre bucolique. Poissons blancs, gros poissons ou carpes, il y en a pour tous les goûts et même aujourd’hui, de toutes les couleurs !
Le Domaine Alalimonade
Le domaine niché dans un triangle Vosges- Alsace-Territoire de Belfort est composé de plusieurs étangs : une fishery, un étang à carassins, un autre avec des esturgeons et le plus grand peuplé de carpes magnifiques, d’esturgeons et de silures. Que vous soyez amateurs de poissons blancs ou d’esturgeons géants, vous y trouverez votre compte dans un environnement montagneux et bucolique, plutôt dédié au ski l’hiver.
Étangs de pêche à Fresse-sur-Moselle • 88560 Saint-Maurice-sur-Moselle • 06 37 94 56 21
Une partie de pêche inédite
Cette introduction était nécessaire pour évoquer une partie de pêche absolument inédite dans un lieu où le propriétaire, dans chacun de ses quatre plans d’eau, a voulu varier les plaisirs et proposer à ses clients des sensations diverses et variées, mais surtout garanties. Pas équipé pour le Monstrodrome (cf. encadré), une pratique que j’évoquerai très prochainement dans un futur article, ma passion pour la pêche des carassins m’a orienté vers un plan d’eau atypique, pour ne pas dire totalement unique, peuplé de plusieurs espèces de ce poisson : le commun, mais aussi le doré, l’argenté, et même des rouges qui en sont la forme ornementale. Les uns et les autres s’hybridant facilement lorsqu’ils sont regroupés, je peux m’attendre à des prises absolument inédites. Renseignements et ticket journalier pris auprès d’Alain, je suis averti : « L’eau est très claire, nous sommes en altitude, et ici c’est tout ou rien, les poissons sont très, très capricieux ! » Ceci me permet d’étoffer mon argumentaire. Les plans d’eau sont certes rempoissonnés, les espèces présentes n’en perdent pas leur instinct de méfiance et une approche adaptée est nécessaire où que vous vous rendiez.
La bonne ligne
Pour choisir mes montages de ligne, je me base sur les éléments en ma possession, l’eau est claire, grand soleil, peu ou pas de vent et donc de mouvements d’eau et une majorité de carassins bien malins. Ces derniers ont l’habitude de provoquer des touches caractéristiques, parfois à peine perceptibles. Je pars donc sur une pêche que j’adore pratiquer avec un montage qui doit me permettre de prendre à peu près tout ce qui passe et un second un peu plus costaud au cas où les carpes seraient de la partie. Leur particularité tient dans le choix des flotteurs qui doivent me permettre d’alterner les appâts, une des clefs de la réussite dans les fisheries. Stables et sensibles à la fois et équipés d’une antenne qui, même si elle n’effleure que la surface, reste bien visible (voir schéma). Son épaisseur d’1,5 mm me permettra de jongler entre les différents appâts dont je dispose aujourd’hui. La bannière doit être réduite à sa plus simple expression.
Solide mais discret
Les touches sont discrètes et il faut pouvoir ferrer au moindre tressautement du flotteur. Le Nylon est d’un diamètre intermédiaire pour offrir discrétion et solidité. Pour compenser la raideur apparente du montage, en effet le Nylon n’amortira que peu, l’élastique intérieur doit pouvoir compenser en offrant le maximum de souplesse. 1,2 à 1,5 mm de diamètre pour un élastique creux logé dans deux éléments de la canne, sont idéaux et offrent en prime un maximum de sensations. Ma ligne est terminée par un hameçon sans ardillon de petite taille. Les poissons mordant du bout des lèvres, je diminue ainsi les refus. Petit hameçon certes, mais costaud, car pioché au rayon à présent dédié à la pêche en fishery et carpodrome !
Amorce ultra-simple et esches variées
Les poissons des étangs typés fishery sont habitués aux granulés. Ils y ont été élevés et en sont nourris durant l’année. Mon amorçage est donc exclusivement composé de pellets de 3 mm. Je trouve que c’est un diamètre polyvalent. Suffisamment petit pour être gobé par les petits sujets, suffisamment gros pour ne pas être dispersé sur le fond si les gros poissons y fouillent en nombre. Et si jamais le vent se lève, je me garantis que les granulés gagnent le fond malgré les mouvements d’eau. Pour attaquer, je dépose des granulés secs qui sont actifs dès le contact avec l’eau. Je prends également soin d’en tremper une partie qui va se gorger d’eau pendant trois minutes. Après les avoir essorés, ils gagneront le fond plus rapidement et seront plus stables. J’y recours dès que les poissons sont installés pour les maintenir sur mes coups, préparés soigneusement à l’aide de la coupelle. Si je n’utilise que des pellets pour amorce, je dispose d’esches variées pour mon hameçon : asticots, vers de terre, pellets mous et maïs. Une gamme d’appâts naturels et artificiels qui séduit à peu près tous les poissons. Leur avantage est d’être sélectif, ce qui m’évite d’être ennuyé par les éventuels petits sujets. Je commence par un fond de coupelle de granulés et ne m’interdis pas d’agrainer quelques asticots qui vont aussi orner mon hameçon. Ainsi le risque est minime. Je construis ma pêche et j’augmente le rythme d’amorçage si nécessaire. Si les touches sont rares et/ou ne vont pas crescendo, je reste en mode « frugal ».
Varier les distances
Lorsque l’on aborde un terrain de jeux inconnu, on ne sait jamais à l’avance où les poissons seront les plus nombreux. Il faut trouver leur(s) zone(s) de confort. C’est la raison pour laquelle il convient de préparer plusieurs coups à des distances et des profondeurs différentes. La règle, lorsque plusieurs coups sont nécessaires, est de ne surtout jamais trop déposer d’amorce. Les carassins et autres carpeaux peuvent avoir de l’appétit, mais le danger est que si vous les attirez en masse, ils se désintéressent de ce que vous leur présentez à l’hameçon. De même que si vous déposez votre amorce en un lieu unique et aussi en quantité, vous ne pourrez plus faire machine arrière si rien ne va. Un fond de coupelle sur chaque coup pour démarrer est bien suffisant. Je prépare un coup face à moi à mi-distance, un second plus loin et deux autres latéraux, à la même profondeur qu’en face de moi pour ne pas avoir à bouger mon flotteur. Et si je souhaite changer mon fusil d’épaule en cours de pêche, je vais même pouvoir « ouvrir » d’autres coups. Le sondage est donc primordial (voir ci-dessous). Et il est important non seulement de se créer une carte mentale de la topographie du fond, mais aussi de matérialiser les différentes profondeurs directement sur la canne afin de pouvoir ajuster ou revenir sur ses pas le cas échéant. Ceci évite de monter une ligne pour chaque distance. Comment savoir si la ligne est bien réglée ? Chaque prise est piquée au milieu de la lèvre supérieure !
Le sondage
Le sondage indique la profondeur évidemment, mais aussi les reliefs sur le fond. Avant de déposer son amorce, il est important de détecter la surface la plus plane possible, aussi petite soit-elle. Pour les carassins, l’esche doit à peine reposer sur le fond. Si elle était décollée, elle serait chapardée à tout bout de champ, si elle est trop posée, je risque de ne pas voir les touches à temps. Si je modifie la position de mon flotteur en cours de pêche ou si je change de coup, je n’hésite pas une seconde à resonder. Cela prend quelques minutes que je récupérerai à coup sûr en rendement.