Pêche au coup : boostez vos amorces estivales en canal, étang, fleuve et rivière

En canal, par ici la bonne soupe

La population des canaux est composée en majorité de poissons blancs de taille modeste. C’est tout logiquement que gardons, ablettes, petites brèmes sont souvent les premiers à se précipiter sur un coup amorcé. Ces poissons sont rapides, plus hardis et réagissent très vite au bruit des boules d’amorce frappant la surface. Pour sélectionner la taille de ses prises, il est possible d’utiliser des montages plus lourds, des esches plus volumineuses, mais cela ne diminue pas le nombre de tentatives des petits poissons à chaparder l’esche et provoque une gêne certaine.

Viser les gros sujets

En effet, un agglutinement de petits sujets empêche les plus jolis de s’approcher. L’idée pour les éloigner et intéresser de plus gros poissons est de proposer une amorce plus grasse et riche, tout en conservant un mélange adapté au lieu pour éviter la bredouille. Je conserve mon mélange d’amorce habituelle auquel je vais ajouter un ingrédient apprécié par tous les cyprins, préparé au préalable : des graines de chènevis moulues. Je précise qu’il s’agit de la version crue. À la différence du chènevis grillé, la désagrégation sur le fond sera différente. Si le chènevis grillé occasionne un dégagement vertical des particules, le chènevis cru travaille davantage de manière horizontale. Je cuis au préalable les graines crues moulues en les recouvrant d’eau bouillante. Après refroidissement, il en résulte une véritable soupe de chènevis à l’odeur caractéristique, entêtante à souhait. Cette bouillasse me sert à humidifier mon amorce. Pour que le piège fonctionne, il ne faut pas hésiter à surdoser l’apport en chènevis. La base d’amorce se transforme en véhicule pour le chènevis moulu qui, seul, n’est absolument pas collant.

Une grosse proportion

Si vous l’utilisiez pur, au moindre mouvement d’eau, fréquent lors du passage de bateaux en canal, il serait rapidement balayé. La soupe de chènevis va provoquer un dégagement huileux blanchâtre constant, qui se réactivera à chaque fois que les poissons y mettront la gueule. Elle va rebuter les tout petits poissons. S’ils s’en empiffrent, ils vont rapidement être gavés, laissant la place aux moyens et gros qui y reviendront franchement. Le chènevis est une valeur estivale sûre !

En étang, mettez de la couleur

En étang cohabitent tout un tas d’espèces différentes, poissons blancs, mais aussi carassins, tanches, etc. L’ampleur de certaines pièces d’eau et la mixité des bancs de poissons rendent la tâche complexe pour attirer tout ce beau monde. D’autant plus que lorsqu’il s’installe, il faut être certain de pouvoir l’accueillir comme il se doit.

Les valeurs sûres

Souvent, en étang, la masse de tout petits poissons est moins importante. Ici, il n’est donc pas question de faire un tri qui va se faire naturellement. Une fois que la compétition alimentaire s’installe, c’est la loi du plus fort, et du plus gros. Le but est d’attirer les poissons de loin et, qu’une fois arrivés, on les maintienne sur le coup. Je ne déroge pas à mon amorce traditionnelle, on ne change pas une recette qui marche après tout, mais je vais proposer aux poissons un attractant qui aura un double effet : visuel et nutritif ! J’ajoute de véritables « pépites » qui vont se détacher très franchement de la couleur plutôt neutre de l’amorce. Il s’agit de chapelure jaune fluo (Sensas). Attention, je ne me contente pas de l’ajouter directement à mon mélange sec et de mouiller le tout, car l’eau aurait tendance à atténuer le côté flashy si on s’y prend trop tôt.

Vive le tamis !

Voici ma méthode. Je passe au tamis fin (une passoire métallique de cuisine fait l’affaire aussi) mon sac de chapelure fluo. J’obtiens alors deux moutures différentes. D’un côté des particules très fines qui passent les mailles du tamis et celles restées au-dessus, mes fameuses pépites ! J’ajoute les premières à mon mélange sec. Cette farine de chapelure fluo va recoller mon amorce de base après humidification. Les secondes, quant à elles, ne seront introduites qu’après le temps de repos nécessaire après mouillage de mon amorce, idéalement juste avant de la déposer sur le coup. Ces éclats de couleur vont être entraînés sur le fond et ne se dégagent de l’amorce que petit à petit. C’est donc un festival de points jaune visibles de loin et présents dans toute la couche d’eau qu’on va proposer aux poissons et qu’ils vont réactiver en tentant de les prélever du tas d’amorce au fur et à mesure.

En eau courante, une part de gâteau

Les eaux courantes, rivière ou fleuve, sont mes postes estivaux favoris. Les poissons apprécient une teneur en oxygène supérieure aux eaux mortes ou plus calmes, et toutes les espèces sont bien plus combatives. Il est rare d’avoir à faire à du menu fretin, les beaux poissons sont la cible de prédilection et, pour les maintenir en haleine, il faut dresser le couvert et rappeler sans cesse afin qu’ils s’installent dans la coulée. Cette pratique exigeante physiquement et en esches implique d’utiliser une amorce riche et collante. Riche pour le côté nutritif et collante pour ne pas passer des heures à former les boulettes d’amorce qu’on va devoir relancer continuellement. Celles-ci vont être truffées d’esches vivantes ou mortes qui doivent arriver sur le fond sans encombre et y rester.

De jolies boules

Je ne suis pas fan des amorces à grosse granulométrie, avec lesquelles j’ai du mal à obtenir l’effet « pâte à modeler » souhaité. Je préfère des amorces fines, plus faciles à humidifier et plus collantes. Ma recette contient des ingrédients simples qui ont fait leurs preuves, à laquelle j’ajoute une note très sucrée et quelques particules plus volumineuses pour séduire les gros poissons. Rendons à César ce qui lui appartient, cette attention particulière me vient de mes amis de l’Oise qui sont des spécialistes de la rivière et ont baptisé cette concoction « le gâteau ». Il s’agit de pain d’épice, pas une farine, mais bien le fameux gâteau fait de miel et d’épices si cher à ma belle région alsacienne, qu’on va faire tremper au préalable. Dans l’eau de trempage sont introduits des bouchons de baby corn. Ces granulés sont obtenus par compression d’un mélange de grains de maïs jeune déshydratés et broyés, agrémentés de lait sucré.

Sucré-salé

On délaie le pain d’épices entre les doigts après avoir submergé le tout d’eau à hauteur et il n’y a plus qu’à patienter jusqu’à absorption et dissolution des granulés. L’opération de trempage, idéalement réalisée la veille au soir, permet de mêler les particularités de tous les ingrédients. Le maïs devient souple et soyeux et tempère le fort pouvoir collant dû au sucre présent dans le pain. On obtient l’association parfaite et, qui plus est, l’odeur qui s’en dégage est exceptionnelle. Ce gâteau et le liquide résiduel sont passés sur un tamis à grosses mailles et le tout sert alors à humidifier l’amorce. Le résultat obtenu est une amorce malléable, riche et collante à souhait, un véritable aimant à beaux poissons.