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Quand les eaux se réchauffent... les carpes se réveillent

Même si les hivers doux que nous connaissons ces dernières années permettent de pratiquer notre passion avec un certain succès sans réelle coupure, le printemps est pour beaucoup l’occasion de retrouver les berges. Il n’en reste pas moins délicat à aborder et la météo très versatile à cette période n’arrange pas les choses. Que ce soit en gravière ou en barrage, Jean-François et Soël nous décrivent leurs façons d’aborder ce début de saison avec de bonnes chances de succès…

PÊCHER LES GRAVIÈRES AU PRINTEMPS

L’expression « gravière » est employée aujourd’hui de façon récurrente : tout le monde en parle et chacun a « sa » gravière… Sans faire de régionalisme, on peut dire que le Sud-Ouest est une des régions de France les plus fournies par rapport à ce type de plan d’eau. Au printemps, ce sont les eaux que j’affectionne beaucoup : voici ma façon de les aborder.

POURQUOI LES PÊCHER ?
Les gravières sont omniprésentes dans le Sud-Ouest, en particulier aux portes des grandes villes. Les gravières sont d’une grande diversité : de la simple mare aux grandes étendues découpées dans tous les sens. La plupart d’entre elles ont des origines humaines. Dès la fin du XIXe siècle, les célèbres pêcheurs de sable passaient leur journée à extraire quelques mètres cubes de sable et de gravier pour le besoin des constructions de l’époque. Actuellement les grandes entreprises de BTP ont pris le relais. Bien souvent ce sont des espaces d’eaux vierges où tout reste à découvrir sur les poissons et sur la pêche. Au niveau de la législation tout est possible et c’est bel et bien le flou (et à mon avis, tant mieux !). Mais la courtoisie et la discrétion sont les meilleurs garants pour pérenniser le droit de pêche dans ces lieux magiques. Attention car cela peut parfois être un environnement « hostile » pour l’homme (carcasse ou batterie de voiture par exemple) ! Au printemps, le réchauffement rapide de leurs eaux et la relative léthargie des nuisibles font que les gravières sont souvent des espaces à privilégier. À partir du moment où l’eau atteint les 8/10 degrés, l’activité des carpes semble s’enclencher. Mes meilleures pêches se sont faites quand l’eau tournait autour des 15 degrés. C’est alors le moment de profiter de ce contexte favorable. Les poissons sont très souvent actifs, même si la vie aquatique tourne encore un peu au ralenti. C’est très souvent la saison des gros poissons sur ce type de plan d’eau car période d’avant-fraie. Le printemps est donc une période particulièrement propice en gravière car c’est le moment des grosses pêches où tout peut arriver, très souvent en toute tranquillité.


POSTE : LES BORDURES SINON RIEN ?
Les obstacles ou tout ce qui constitue une originalité dans la physionomie générale du plan d’eau constituent un spot intéressant. L’éternel arbre tombé à l’eau, l’endroit où la berge est effritée, la superbe petite île… En un mot, tout est bon à prendre et surtout les bordures ! Vous serez surpris de prendre des poissons à 1 mètre du bord… Selon mon expérience, les bordures sont les zones où se trouvent le plus souvent les poissons. Ce sont bien souvent des postes de tenue et d’alimentation : nourriture naturelle à profusion et abris en tous genres. Avis aux amateurs de sensations fortes ! Dans ces conditions, discrétion et silence sont bien sûr obligatoires. La connaissance des habitudes des poissons est fondamentale : l’endroit où les personnes viennent nourrir les canards, l’endroit où à chaque pluie une rigole se crée… Pour moi, le but est avant tout de profiter des bonnes habitudes des poissons. Ce n’est donc pas quelques kilos de bouillettes venues de nulle part qui vont les détourner radicalement de leur pitance habituelle !


SPOT : LA TECHNIQUE REINE
La plupart du temps, à chaque ligne correspondra son assiette d’amorçage, ce dernier étant, en général, relativement restreint en quantité. En gravière, c’est donc une pêche « opportuniste » que vous devez pratiquer. Les amorçages massifs sont à proscrire (quoique dans certaines circonstances précises, ils puissent sporadiquement vous permettre de cartonner). Pour moi, les appâts de qualité sont à privilégier, bouillettes carnées à haute valeur nutritive et graines type cacahuète ou tiger. En ce qui concerne la présentation je vous conseille de varier les plaisirs. Une canne au fond, une flottante et deux en équilibré. On pourrait croire que des poissons sauvages n’attachent aucune importance à ce type de détails et pourtant !

Sur une très vieille gravière de Toulouse, où nous sommes avec mes amis quasiment les seuls à pêcher, nous sommes passés à côté d’une pêche d’anthologie, il y a quelques années. Après plusieurs repérages, nous attaquons la première nuit, j’étais très confiant. Les poissons sont là et nous nous empressons de jeter nos lignes, toutes en montage dense. La nuit fut ponctuée de dizaines de bips et de petites tirées sans suite, phénomènes que nous avons d’abord attribués aux poissons-chats. La deuxième nuit, nous avons équilibré tous nos montages. Le verdict fut sans appel : 2 boeufs de 20 et 24 kg. Avec le recul, nous sommes persuadés que nous aurions pu doubler voire tripler ce score si nous n’avions pas négligé notre approche. Chaque détail compte et au final une somme de petits détails fait toute la différence ! En espérant avoir apporté un peu d’eau à votre moulin, je vous souhaite de belles pêches dans les gravières de vos rêves au printemps!

2 règles d’or en gravière
• Évitez les clichés
• Allez au bout de vos convictions
L’anecdote qui suit est assez ancienne mais est très révélatrice de la façon dont j’aborde les gravières. La gravière que je visais était réputée très difficile et selonmes informations, seule l’application de règles strictes garantissait quelques poissons. Grande d’une dizaine d’hectares, un poste stratégique existait : une plage et un plateau face à la zone de tenue des poissons. Selon les locaux, il fallait absolument pêcher ce poste, sans aucun amorçage préalable, tendre méticuleusement en bateau en pleine eau et ne pêcher que de nuit. Pourtant un autre coin m’appelait : une petite île et une belle bordure encombrée et garnie de joncs. J’ai régulièrement amorcé et je me suis installé pour pêcher jour et nuit et sans bateau. Le premier départ se produisit en plein midi à 2 mètres du bord sur les bouillettes d’amorçage, avec à la clé une belle miroir de 17 kg. Écouter les infos, c’est bien et utile, mais croire en sa pêche et en son feeling c’est encore mieux.

 

DÉBUT DE SAISON EN GRANDS LACS

Ce sujet très intéressant a déjà été mis plusieurs fois en lumière par bon nombre d’auteurs de ce milieu. C’est bien connu, en grand lac, les centaines, voire milliers d’hectares que représentent notre terrain de jeu rendent la localisation des poissons encore plus délicate que dans les flottes plus intimistes. Cela dit, à cette période de l’année, que ce soit sur de petites ou de grandes eaux, les cyprinidés fonctionnent plus ou moins de manière similaire.

IL Y A CERTAINES CONSTANTES au fait que les poissons sortent de leur léthargie hivernale, même si avec le dérèglement climatique, les poissons traversent de moins en moins la fameuse période de « non-alimentation ». Depuis une petite dizaine d’années, nous observons des hivers doux et nombre de mes amis ont pu constater que les carpes continuent à s’alimenter, du moins dans la moitié sud du pays. Elles bouffent oui mais sur place, rendant le côté mécanique de nos montages inopérant le plus souvent. Ce détail est important et nous y reviendrons.


Revenons aux classiques. Au début du printemps, l’étape primordiale qui va se présenter sur le planning d’une carpe est la fraye. Pour cette simple et bonne raison j’ai tendance à aller jeter un coup d’oeil dans les frayères pour y observer le fond afin de collecter un maximum d’informations quant à un éventuel passage de carpes et ce, même si c’est le début du mois de mars. J’étends généralement ma prospection sur les berges exposées aux vents chauds (Sud et Ouest) toujours en extrêmes bordures car il m’est arrivé plusieurs fois de tomber sur des traces de carpes ou même sur des poissons en maraude dans très peu d’eau.
Si la turbidité de l’eau ne me permet pas de voir le fond alors l’opération prends généralement plus de temps et j’affectionne alors particulièrement pratiquer des pêches rapides avec des farines afin de voir si une activité de poissons blancs est déjà en place. Si je peux pré-amorcer 24 heures à l’avance c’est encore mieux. Attention à ne pas perdre trop de temps car l‘opération peut rapidement se voir coûteuse en temps, en énergie et en appâts selon la taille du lac, néanmoins il n’est pas forcément nécessaire de prendre des blancs pour constater leur activité, des tapes ou fausses touches suffisent (on se rend très vite compte si la zone est crevée ou non). Une fois que vous trouverez enfin un secteur vivant en bordure, explorez le plus au large. À partir de là votre expérience de pêcheur fera le boulot. Toutes variations de pentes, changement de substrats, ou présence d’obstacles seront un spot potentiel. Ouvrez votre pêche et ne mettez pas tous vos oeufs dans le même panier. Enfin, en fonction de la température de l’eau et de la météo ne soyez pas trop gourmand, on est encore au stade de l’observation (même si vous êtes en action de pêche). Si vous pêcher en grand lac vous êtes potentiellement face à une grande quantité de poissons et même si de véritables pêches d’anthologie sont potentiellement réalisables rien ne sert de passer la moitié de votre budget appâts en une fois sur un coup de poker plus ou moins maîtrisé. Commencez light, en assiette. Si ça marche, doubler le couvert. Si les conditions météo sont stables et semblent le rester alors faites une pause et amorcez généreusement la zone avec de plus grosses quantités et laissez reposer le coup 24/48 heures pour mettre en confiance les poissons. À ce moment-là vous serez prêt, vous connaîtrez les spots vous saurez quels types de montages fonctionnent, les poissons seront acclimatés à vos appâts, vous serez efficace !


En introduction je soulignais le fait qu’avec des températures d’eau basses les poissons évoluent moins vite ce qui rend nos montages moins efficaces. C’est justement pendant cette phase de tests avant un éventuel amorçage que vous étudierez ce point. N’hésitez pas à varier les présentations, plus ou moins agressives. Bas de ligne courts, longs, au fond, équilibrés, décollés, en montage de fuite, coulissant ou semi-coulissant, etc. Interprétez chaque bip, chaque piqûre afin de trouver le juste équilibre et d’être le plus efficace possible le jour où vous aurez mis en place votre stratégie finale pour vivre VOTRE partie de pêche du printemps ! Cela dit, restez attentifs car il est fort possible que les mêmes montages doivent subir de légères modifications entre la phase de test et votre pêche après amorçage.

Prenons un exemple : Si lors de votre phase test vous preniez des poissons avec un montage de fuite, un bas de ligne de 10 cm et 20 bouillettes posées directement sur le montage avec en conclusion une piqûre propre derrière l’anneau buccal et que lors de votre pêche finale (après un amorçage de zone qui inclut donc des appâts très espacés les uns des autres) vous enchaînez les tirées, départs sans suite, décrochages ou piqûres bâtardes en bord de lèvres alors il vous faudra rallonger votre bas de ligne ou rendre votre montage coulissant ou semi-coulissant afin de le rendre moins agressif au risque de passer à côté de votre pêche… Parler de pêche et notamment d’une technique ou d’une approche est toujours délicat car chaque détail compte et peut faire basculer un capot en une réussite. Il n’y a pas de science exacte, chaque eau est différente, chaque poisson est différent et le tout peut radicalement changer en un coup de météo. C’est là ou l’expérience d’un pêcheur peut se dévoiler, dans sa capacité à s’adapter à la situation qu’il rencontre d’une partie de pêche à l’autre, sans compter le facteur chance qui reste le pilier inconditionnel de notre passion.

De ce fait je ne peux vous donner l’approche idéale quant à une situation et il serait prétentieux de ma part d’en prétendre le contraire. Pour ma part et pour résumer, je recherche d’abords les frayères potentielles pour en inspecter les fonds et je réalise ensuite des pêches rapides avec très peu d’appâts principalement solubles pour essayer de déterminer l’activité et la quantité de poissons blancs sur les secteurs. Une fois que je suis “sûr” que la zone est visitée par une quantité conséquente de carpes je procède alors à un amorçage de zone que je laisse travailler pendant quelques jours (si la météo est stable) et enfin seulement je me pose sur le poste pour y pratiquer ma pêche de manière la plus efficace possible. Voici le schéma idéal à mes yeux si les conditions le permettent et si je dispose du laps de temps nécessaire évidemment. Sinon le combo pop-up stick balancé à la « one again » rapporte des poissons également, tout dépend de l’investissement que vous pouvez y consacrer, du feeling et de votre capital chance. Quoi qu’il en soit le
printemps est une période d’éveil à la vie où il est toujours plus agréable d’aller tremper les lignes sous les caresses d’un rayon de soleil que d’écouter les conneries de Castaner à la télé (on me souffle « modération » à l’oreillette) Détendez-vous, allez à la pêche !

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Magazine n°Média Carpe 160 - mars-avril 2021

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