Escapade en Aveyron : la haute-vallée du Lot

De son entrée dans l’Aveyron jusqu’à Espalion, le Lot subit les impacts négatifs des ouvrages hydroélectriques, contrebalancés par les apports de ses nombreux affluents venus de l’Aubrac.

Jusqu'à Saint-Laurent-d'Olt

En amont du lac de Castelnau-Lassouts, sur une petite trentaine de kilomètres, le Lot, large ici de 15 à 20m, présente une succession de rapides et de courants laminaires alternant avec des zones lentes, dues en partie à la présence de deux micro-centrales. La température de l’eau s’élève en période chaude, en partie à cause du barrage de Booz, en amont du village de Banassac, en Lozère. Ce facteur joue un rôle important dans la répartition des espèces piscicoles, le parcours présentant une typologie mixte proche de la zone à barbeau. Mais le Lot reçoit peu à peu les eaux d’une dizaine d’affluents, pour la plupart en rive droite et sans problème thermique limitant pour la truite fario, dominante ici. Tous sont classés en première catégorie et gérés de manière patrimoniale. Parmi les plus intéressants pour la pêche, on peut citer la Bonance et le ruisseau de Mardonenque, longs d’une dizaine de kilomètres, tous deux en bon état écologique et parmi les mieux préservés de tout le secteur.

Direction Sainte-Eulalie

À partir du lieu-dit Le Moulinet, deux kilomètres en aval du village de Saint-Laurent-d’Olt, le Lot s’éloigne des routes et file entre de magnifiques gorges, boisées et très sauvages, jusqu’au pont de Pomayrols, soit un beau parcours de 11km. Après des années de pourparlers, la communauté de communes Des Causses à l’Aubrac a fait l’acquisition des berges de ce magnifique linéaire afin de le protéger de l’appétit des micro-centraliers. En concertation avec la fédération, ce parcours est désormais classé en no-kill. Tout au long de celui-ci, la D509 surplombe les gorges. Plusieurs accès sont donc possibles en empruntant chemins et sentiers forestiers à partir des hameaux du Maynial, de Tour-Bas via Tour-Haut, de Falguières ou de La Planhe. Ce secteur des gorges est peu fréquenté hors saison. Pour la truite, la meilleure période court jusqu’au début de l’été. Toutefois les truites du secteur sont assez capricieuses. Il faut bénéficier d’assez bonnes conditions pour réussir, mais le dépaysement est garanti tant le cadre est exceptionnel. Attention toutefois, il est recommandé de ne pas s’aventurer seul dans cette partie des gorges, relativement escarpées et dangereuses. À la sortie des gorges, nous arrivons au pont de Pomayrols, appelé aussi pont de Chipole et qui marque la limite aval du parcours no-kill. On gagne alors la rive gauche pour longer le Lot. Quelques belles portions de courants s’offrent à nous avant la microcentrale de Saint-Pierre, peu avant l’arrivée à Saint-Geniez-d’Olt, cher à notre regretté Henri Limouzin. Dans le village, on trouve un parcours pédagogique aménagé, labellisé Pêche famille, ainsi qu’un ponton destiné aux pêcheurs handicapés. Ensuite, et jusqu’à Sainte-Eulalie-d’Olt, la plupart des espèces de cyprinidés sont bien représentées, accompagnées par les carnassiers (perche, sandre, silure) qui, suivant le poisson fourrage, remontent du lac de Castelnau-Lassouts tout proche, surtout à l’occasion de coups d’eau.

Cap sur Espalion

Passé le lac, sur une quinzaine de kilomètres, et toujours en provenance de l’Aubrac, une dizaine d’affluents, d’une bonne vingtaine de kilomètres, sont là encore d’une grande utilité pour la santé de la rivière. Tous sont classés en première catégorie, certains ayant des fonctionnalités remarquables. Sur environ treize kilomètres, citons, de l’amont vers l’aval, le Merdanson (qui se jette dans le lac), le Mousseau, la Boralde de Saint-Chély (dont on vient de restaurer la continuité écologique) et celle de Flaujac. Cette dernière est sans aucun doute le meilleur de tous les affluents de ce secteur du Lot qu’elle rejoint un peu avant Espalion.

Des peuplements très variés

Chabot, vairon, goujon, loche franche, ablette, truite, barbeau, lamproie de Planer, vandoise rostrée, chevesne, perche et même, par endroits, perche arc-en-ciel… les populations rencontrées sur ces deux secteurs sont mixtes ! Pour la truite, le contexte est considéré comme moyennement perturbé en raison des retenues hydroélectriques et autres chaussées qui provoquent un réchauffement sensible de l’eau et une amplitude marquée des débits en aval, souvent trop forts lors des éclusées ou, a contrario, insuffisants à l’étiage. Ces paramètres cumulés restreignent évidemment les potentialités piscicoles de la rivière. Sur la plupart des affluents, on rencontre généralement truite fario, vairon, goujon, loche franche, auxquels se joignent parfois chabot, chevesne et lamproie de Planer. Toutes les techniques peuvent être pratiquées avec bonheur. On recherche la truite aux leurres, à la mouche ou à la nymphe ainsi qu’au lancer sur les parties parcourues de courants moyens. On pêche bien sûr aussi au toc, aux appâts naturels, sur les courants plus marqués. Par eaux fortes, la pêche au vairon manié également peut donner de bons résultats. Le barbeau, bien présent avec même de beaux sujets, se pêche régulièrement à la calée, au fromage ou à la longue coulée, à la bolognaise, avec des appâts naturels (larves aquatiques). La meilleure période pour cette espèce est sans doute celle de la mi-août août à la mi-septembre. La vandoise est amusante à rechercher à la mouche, tout comme le chevesne au poisson-nageur. Sur les secteurs calmes, la pêche au coup des poissons blancs a aussi ses afficionados.

Les affluents

Sur les petits tributaires qui rejoignent le Lot, c’est la pêche à la barre qui est, traditionnellement ici, la plus pratiquée, avec comme appât une mouche noire ou une belle sauterelle. La pêche à l’ultra-léger avec de micro-leurres donne aussi de bons résultats. Sur les ruisseaux un peu plus larges, le toc version moderne, la pêche aux leurres et même la mouche peuvent permettre aux bons techniciens d’eaux rapides de bien s’exprimer.