La Vieille : un sauve-bredouille
Souvent délaissée par les pêcheurs, la vieille est pourtant un poisson qui procure de belles émotions à condition bien sûr de pêcher au bon endroit et à la bonne heure !
Tout contre la roche
Sédentaire et abondante, la vieille aime se cacher dans les secteurs rocheux, dans les interstices des blocs de pierre. C’est à la fois un habitat et un lieu autour duquel elle patrouille pour se nourrir. D’ailleurs sa parure varie selon son âge et son environnement. Dans les herbiers, sa robe arbore une couleur verte, ailleurs, en des lieux plus rocheux, elle peut revêtir une livrée couleur brique la mettant en valeur. Ce poisson de roche sort de sa tanière à l’approche des étales, soit habituellement une heure avant et après les étales, moments où la puissance du courant est modérée. On peut la rencontrer dans moins de deux mètres d’eau, ce qui est intéressant pour les pêcheurs du bord. Ne lancez pas loin.
Au leurre souple !
Côté nourriture, elle n’est pas très difficile mais sait apprécier les petits crustacés et les coquillages, et notamment les moules qu’elle broie en un rien de temps. Si nombre de pêcheurs la traquent aux appâts, d’autres la recherchent en pêchant au leurre et plus précisément au leurre souple. Pour la rencontrer, il faut flirter avec le fond, voire cogner le leurre tout contre les roches. En fait, ce type d’animation attise sa curiosité. C’est la raison pour laquelle il est recommandé d’utiliser des leurres souples montés en texan (hameçon caché dans le dos du leurre) afin de limiter les risques d’accrochages. Shads, slugs et même créatures à black-bass seront appréciés à condition toutefois que la gomme soit très souple. Si les couleurs naturelles (vert olive par exemple) sont appréciées, n’hésitez pas à leur proposer des coloris un peu plus affriolants. Le rose et l’orange sont parfois d’une grande efficacité. La vieille est un poisson curieux qui aime la nouveauté. Prévoyez une bonne réserve de leurres souples car, avec sa mâchoire puissante et ses incisives, elle n’est pas tendre avec les leurres qu’elle découpe.
Un combat musclé
Quant à la touche, elle est généralement violente et le combat est souvent incertain car elle cherchera à regagner au plus vite son trou. Donc gare aux frottements du fil sur les roches ! Inutile alors de pêcher trop fin car, à la touche, il faut réagir rapidement pour la décoller du fond surtout s’il y a un peu d’angle. Une canne de 2,70 m pour la pêche du bord et de 2,40 m pour les pêches embarquées pour une puissance de 20/40 g équipée d’un moulinet en taille 3000 garni d’une tresse en 0,16 mm suivie d’un bas de ligne en fluorocarbone en 0,35 mm est un ensemble approprié pour les extraire de leur trou. Une pêche ludique qui ne vous interdit pas de faire d’autres rencontres halieutiques !
Carte d’identité
- Nom commun: vieille commune
- Nom latin: Labrus Bergylta Ascanius
- Signes distinctifs : trapue comme un mérou, longue dorsale unique, lèvres charnues, dents sur les mâchoires
- Répartition géographique : de la Norvège au sud marocain
- Reproduction: mai/juin
- Taille commune : 20 à 50 cm
- Longueur « maxi »: 60 cm
- Poids maxi: 4 kg
La dorade grise, une pêche estivale
Abondantes en Bretagne, les dorades grises vivent en banc et se pêchent du bord sur les rochers, les ouvrages d’art ou en bateau. S’il est tout à fait possible de les rencontrer dans des fonds entre 5 et 10 m, les plus beaux sujets se trouvent entre 15 et 50 m. Elles se cantonnent souvent sur les plateaux rocheux et à proximité de têtes de roches couvertes de moules.
Un poisson sensible
Moins méfiante que la dorade royale, la grise est toutefois très sensible à la qualité du montage. Comme tous les sparidés, c’est un poisson chipoteur et à la moindre résistance, elle délaisse l’appât proposé. Il est donc essentiel de se munir d’une canne à action sensible. En bateau, la dorade grise se pêche en dérive avec une canne à buscle d’une puissance de 30/100 g, c’est-à-dire munie d’un scion souple le plus souvent en fibre de verre, permettant de limiter la résistance que ce sparidé pourrait constater lors de la touche.
Un montage discret
Un montage coulissant en dérivation est alors conseillé. En taille 3000, le moulinet est garni d’une tresse en 0,16 mm suivie d’une tête de ligne de 7 m en fluorocarbone 0,35 mm au bout de laquelle est fixé un bas de ligne relativement long (1,60 m en 0,30 ou 0,35 mm), l’objectif étant d’éloigner l’appât des vibrations émises par la tresse. Du bord, il s’agit, le plus souvent, d’une pêche en surfcasting léger (canne de puissance 60/120 g). Côté menu, les dorades grises ne sont pas difficiles (coquillages, crevettes et vers marins). Elles craquent souvent devant Solen, le couteau. Elles en sont folles! Enfilé sur un hameçon renversé spécial dorade (n° 1 à 1/0 moyen de fer) et ficelé avec du fil élastique, le pied de couteau aura un grand succès. Un poisson abondant en période estivale et qui se pêche aussi bien au moment du flot que du jusant.
Carte d’identité
- Nom commun: dorade grise, griset, canthère ou brème de mer
- Nom latin: Spondyliosoma Cantharus
- Signes distinctifs : perciforme de coloris gris/argenté avec parfois des reflets bleutés, forme ovale avec tête plutôt pointue, lignes longitudinales sur les flancs, absence de molaire et de canine
- Répartition géographique : du nord d’Écosse à l’Angola et pourtour méditerranéen
- Reproduction: mai/juin (poisson hermaphrodite)
- Taille minimale autorisée : 23 cm
- Taille commune : 20/30 cm
- Longueurmaxi: 50 cm
- Poids maxi: 2,2 kg
La dorade royale, star des sparidés
Bien représentée en Bretagne mais aussi sur le pourtour méditerranéen, la dorade royale est un peu la reine des sparidés. Tous les pêcheurs rêvent de la rencontrer et, lorsque c’est le cas, le contact est particulièrement musclé. Parce que très méfiante et fréquentant le plus souvent des secteurs peu profonds, entre 2 et 10 m, la dorade royale se pêche principalement du bord, en surfcasting. Elle s’aventure également dans les estuaires et étangs saumâtres compte tenu de l’abondance de nourriture dans ces lieux.
Méfiante
La pêche en bateau est toutefois possible mais à condition qu’il soit mouillé ou que sa vitesse de dérive ne dépasse pas 2 nœuds, mais gare aux bruits parasites! La dorade royale a une ouïe très affûtée. Un plomb qui cogne contre la coque d’un bateau est rédhibitoire. Tantôt elle chipote tantôt elle surprend par la violence de ses démarrages! Les montages coulissants équipés d’un long bas de ligne pour que l’appât ait un comportement le plus naturel possible sont les plus appropriés pour tromper ce poisson si craintif et bagarreur.
Coquillage et crustacés
Par eau calme et claire comme c’est souvent le cas en mer Méditerranée, il est judicieux de descendre en diamètre de fil mais en Atlantique, et qui plus est en Bretagne, mieux vaut pêcher avec un bas de ligne en 0,35 mm mais long que de pêcher fin et emmêlé. L’issue du combat sera moins aléatoire surtout si le poste est parsemé de roches et d’huîtres sauvages comme c’est le cas en rade de Brest, haut lieu de la pêche de la dorade royale. Pieds de couteau, bulots, myes, crabes verts, bouquet de néréides de roche et bibis (siponcles) sont autant d’appâts qu’elle apprécie. Si elle boude les appâts décortiqués, proposez-lui un couteau avec sa coquille… Elle sera très certainement moins méfiante. Avec ses molaires, elle n’aura pas de difficulté à le broyer. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si, en Bretagne, on les appelle les « gueules pavées ».
Carte d’identité
- Nom commun : dorade royale ou daurade
- Nom latin : Sparus aurata
- Signes distinctifs : bandeau doré sur le front, tache noire latérale, flancs gris argentés, canines à l’avant de chaque mâchoire et présence de molaires
- Répartition géographique : Bretagne (Finistère) jusqu’au Sénégal et pourtour méditerranéen
- Reproduction : novembre/décembre en Méditerranée et avril/mai dans le golfe de Gascogne (poisson hermaphrodite)
- Taille minimale autorisée : 23 cm
- Taille commune : 20 à 50 cm
- Longueur maxi : 70 cm
- Poids maxi : 7 kg
Le sar, pour les pêcheurs acrobates
Très présent sur le pourtour méditerranéen, le sar commun est également bien installé en Bretagne (Finistère et Morbihan). C’est un poisson qui attise les convoitises. Gourmand de coquillages et notamment de moules, il fréquente avec assiduité les rochers recouverts de ces coquillages. Il est donc judicieux de lui présenter un appât tout contre la roche, là où la mer blanchit. C’est une pêche itinérante qui conviendra à tous ceux qui se prennent pour un cabri. Soyez prudent !
Longue canne
La technique reine est « l’Iso fishing », qui s’apparente à la pêche de la truite au toc. L’usage d’une longue canne (5 à 6 m) permet d’être en retrait du bord et de gagner en discrétion et en sécurité. Elle doit être à la fois sensible et robuste, capable de lever un poisson de 1,5 kg. Au-delà, l’usage d’une épuisette dotée d’un long manche télescopique de 5 à 6 mètres est vivement conseillé mais seul on ne peut que rarement travailler son poisson et l’amener dans l’épuisette compte tenu du ballant de celle-ci. En taille 2500 ou 3000, le moulinet est garni d’une tresse en 0,12 mm suivie d’une tête de ligne de 6 m en fluorocarbone en 0,33 mm au bout de laquelle est raccordé un bas de ligne en 0,28 ou 0,30 mm sur lequel sont pincés deux ou trois plombs fendus, le tout faisant environ 3 à 4 g. L’appât évolue alors naturellement dans le ressac, là où se brisent, sous l’action des vagues, les coquillages dont raffolent les sars. Il est donc judicieux de pêcher face au vent et si possible dans la mousse !
Gros combat
La moule est bien sûr le roi des appâts mais un pied de couteau, des coques échaudées enfilées sur un hameçon n° 4 renversé moyen de fer ne le laisse pas insensible. La touche est souvent marquée par un toc qui peut paraître dérisoire mais au ferrage, c’est une autre histoire. Le sar vend chèrement sa peau. Le combat est amplifié par le fait qu’il n’est pas entravé par le lest de la ligne. On tient le poisson en direct ! L’idéal pour ce type de pêche est d’être deux pour une question de sécurité et pour l’emmailloter dans le filet de l’épuisette. Une pêche pleine de bonnes surprises car il n’est pas rare de ferrer une vieille, un griset ou… un bar !
Carte d'identité
- Nom commun : le sar commun
- Nom latin : Diplodus sargus
- Signes distinctifs : huit incisives et molaires, deux taches noires (nuque et pédoncule caudal), corps ovale gris clair avec reflets argentés
- Répartition géographique : De la Bretagne au Sénégal et pourtour méditerranéen
- Reproduction : mars à mai (poisson hermaphrodite)
- Taille minimale autorisée : 25 cm en Atlantique et 23 cm en Méditerranée
- Taille commune : 15/30 cm
- Longueur « maxi » : 45 cm
- Poids maxi : 2,2 kg
Le bar à la mouche
Si vous avez l’habitude de pêcher à la mouche en réservoir alors vous n’aurez aucune difficulté à approcher l’eau salée. Même si dans la plupart des cas, il faut pêcher court à 7/8 mètres, l’usage d’une double traction peut s’avérer utile si Eole se manifeste.
Les bons postes
Le bar aime patrouiller tout près du bord entre les rochers et les fucus et ce parfois dans 40 cm d’eau. On peut soit le pêcher à vue soit à l’aveugle. Ici nous nous focaliserons sur cette dernière technique parce que plus facile pour faire ses premiers pas en bord de mer. Ce poisson est capable de supporter de grandes variations de salinité. On le trouve d’ailleurs en abondance dans les estuaires riches en nourriture. La qualité de l’approche est essentielle d’autant plus qu’à la mouche, on pêche à courte distance. Entre les paquets d’algues, il est judicieux de choisir des mouches flottantes anti herbe. Une mouche qui poppe légèrement comme un « gurgler » trouve ici toute sa raison d’être. Les courants qui viennent lécher les bordures sont également des postes de premier ordre. Le bar, comme d’autres prédateurs, attendent gueule béante que le courant leur amène pitance. Une mouche imitant un lançon ou un sprat de couleur froide (blanche et/ou bleue) est généralement appréciée. Une canne de 9 pieds pour soie de 8 WF flottante (Gurgler) ou intermédiaire (streamer) convient parfaitement. Pour le bas de ligne, inutile de s’arracher les cheveux. Optez pour un bas de ligne en fluorocarbone car coulant légèrement (1 m de 0,40 mm ; 1 m de 0,30 mm suivi d’une pointe en 0,26). Enfin, n’oubliez pas d’utiliser un bac à soie afin d’éviter que celle-ci se prenne dans les rochers et les algues.
Côté animation
Évitez ce qui est stéréotypé. Variez la vitesse de récupération et faites des micropauses! Lors des tirées, la mouche prend une forme effilée ressemblant à un alevin et pendant les pauses, elle se gonfle. Le mouvement des fibres est alors particulièrement attractif. Une pêche itinérante, que vous pouvez pratiquer en plage, en estuaire et en rade, qui demande une bonne lecture de l’eau. Ici un courant, là un paquet d’algues en dérive, là-bas un rocher qui émerge… Ce sont autant de postes qui donnent du sens à cette pêche qui s’apparente finalement à une chasse…
Carte d’identité
- Nom commun: bar commun
- Nom latin: Dicentrarchus labrax
- Signes distinctifs : perciforme, deux nageoires dorsales séparées, flancs argentés et dos partiellement noir
- Répartition géographique : du nord de la Norvège au sud marocain et pourtour méditerranéen
- Reproduction: janvier à fin mars
- Taille minimale autorisée : 42 cm (Manche et Atlantique) et 30 cm (Méditerranée)
- Nombre de captures par personne : deux bars/jours au nord du 48e parallèle (fermeture du 01/02 au 31/03) et un bar/jour au sud du 48e parallèle du 01/01 au 31/12 ; pas de quota en Méditerranée
- Taille commune : 25-70 cm
- Longueur « maxi »: 100 cm
- Poids maxi: 13 kg