L’histoire commence il y a un peu plus de deux ans. Robin et Tangui travaillent à Paris, dans un cabinet de conseil. Quant à Baptiste, il bosse à Rennes dans la logistique. Ces trois amis aiment se retrouver régulièrement sur leur bateau, canne en main, dans le golfe du Morbihan. Si tous les trois ont une préférence bien marquée pour la pêche du bar au leurre, ils n’hésitent pas à tenter d’autres espèces, dorades grises et royales notamment. En cette belle journée de juin, je les retrouve à la cale de la pointe d’Arradon, en face de l’emblématique île aux Moines.
Un paradis très couru
Le golfe du Morbihan est un paradis pour les pêcheurs mais il est aussi très (trop?) fréquenté. Dès le mois de juin, en effet, il est recommandé de pêcher aux aurores puis d’attendre le coup du soir. Mais selon les trois amis, il est toujours possible de tirer son épingle du jeu en pêchant les coins les plus reculés. «Nos spots, nous les avons découverts nous-mêmes, confie Baptiste. Il faut aller à l’aventure, de mai à fin octobre, on n’a que l’embarras du choix !»
Gros courants
Long de 20km et large de 15, le golfe est une véritable petite mer intérieure qui regorge d’îles, d’îlots, de criques, de vasières, de hauts-fonds, de parcs ostréicoles. Les fonds sont jonchés de rochers immergés peuplés de beaux sparidés, de vieilles et, bien sûr, de bars. Mais ce qui marque surtout le pêcheur dans ces eaux, ce sont les courants de marée qui accélèrent au moindre rétrécissement.
Les bonnes dérives
C’est d’ailleurs en voyant le paysage défiler que je me rends compte de notre vitesse de dérive, phénoménale malgré un modeste coefficient de marée de 53. «La réussite dépend avant tout de la vitesse de la dérive du bateau, soulignent à l’unisson Tangui, Baptiste et Robin. Elle ne doit pas être trop rapide ! » Pour le bar, entre 1,5 et 3 nœuds c’est parfait. Pour les sparidés, il faut ralentir, pas plus d’un nœud, vitesse que l’on rencontre par faibles coefficients et à l’approche des étales.
Pas trop vite
Après quelques tentatives entre les îles de Berder et de la Jument, nous filons vers la sortie du golfe, entre Port-Navalo et Locmariaquer. Baptiste, le chef de bord, scrute la surface et pas seulement pour repérer une chasse. Dans ces eaux mouvementées, il faut essayer de positionner le bateau de telle manière que la dérive soit la plus ralentie possible. Les contre-courants peuvent aussi s’avérer rentables à condition qu’ils ne soient pas trop rapides.
Leur matériel
- Bateau : X Pro (3 D Tender) 5,50m
- Moteur : 50CV (Yamaha)
- Sondeur : Helix 7 (Humminbird)
- Cannes : Blue Romance Ultra (Shimano), Illicium 900 (Caperlan), Dragon Bait Sea Bass (Smith)
- Moulinets : Twin Power, Stradic 4000, Vanford 5000 (Shimano)
- Tresse : Kairiki 8 (Shimano) 16/100
- Bas de ligne : Yasei Predator FC (Shimano) 30 ou 35/100
- Leurres : Black Minnow (Fiiish), Asturie (Xorus), Nitro Shad (Illex), Crazy Sand Eel (Fiiish), X Layer Giant et Super Giant (Megabass), Tenya 30 G (Explorer Tackle
Au bar d'abord
La pêche du bar aux leurres est bien la technique préférée des trois pêcheurs. Tangui et Robin aux leurres de surface, Baptiste, plus généraliste, plutôt aux leurres souples. « Les coups du matin et du soir sont les meilleurs moments pour pêcher au leurre de surface, explique Tangui. Dès que la fréquentation s’accroît, le poisson refuse de monter. » Robin a troqué son stickbait pour un leurre souple et, vu la courbure de sa canne, il a bien fait. Un joli bar vient juste de succomber à un Nitro Shad (Illex) monté sur une tête plombée de 28 g. Tant que le courant persiste, sans excès, les prises se succèdent à un rythme soutenu. Mais l’étale approche et les touches se font de plus en plus rares. Les trois copains décident de changer leur fusil d’épaule, c’est le moment de chercher les vieilles. Le bateau est vite repositionné au-dessus d’un fond rocheux partiellement couvert de laminaires. Place au Black Minnow (Fiiish) olive en 25g pour commencer même s’il faudra probablement descendre à 12g au moment de l’étale. Il ne faut pas longtemps à Robin pour ferrer sa première vieille. Un poisson magnifique, au corps trapu et aux couleurs éclatantes.
Place aux dorades
Mais le trio se lasse vite et décide à l’unanimité d’aller taquiner les sparidés. Depuis l’essor des pêches aux leurres-appâts (kabura, tenya), Tangui, Baptiste et Robin font de plus en plus d’infidélités au bar… Le tenya associé à une crevette a leur préférence, permettant seulement de toucher de belles daurades grises mais aussi des royales si la dérive est très lente. À partir de la mi-avril, les sparidés se manifestent. Particulièrement difficiles en rade de Brest, les royales du golfe, elles, succombent régulièrement au tenya. Pêchant sur un fond de 15 à 18m, avec des tenyas de 30 à 40g, Baptiste avoue n’être guère convaincu de l’importance des couleurs… Et ce jour-là, à la pointe sud de l’île Longue, seules les dorades grises se montrent bonnes filles. Mais une surprise de taille attend nos amis : une petite touche et, après un combat musclé, on voit arriver un superbe congre. Comme quoi, à l’approche de l’étale, tout est toujours possible !
Des projets
Lors de notre petite pause déjeuner, conscients de la fragilité du milieu, les trois pêcheurs me révèlent leurs craintes pour l’avenir. Leur association TBR s’est d’ailleurs récemment engagée avec les pêcheurs du golfe du Morbihan pour participer à la préservation de l’espace maritime, s’opposant notamment au projet d’hydroliennes dans le courant de la Jument. Ne manquant pas d’idées, ils veulent recourir aussi à l’évènementiel pour faire passer tous leurs messages de pêche responsable. Ils envisagent une compétition de pêche en bateau avec pause déjeuner sur une île et la création d’une chaîne YouTube. Ils me rappellent aussi que leur objectif principal reste, au travers de ces projets, de diffuser de bonnes pratiques et de véhiculer l’image du pêcheur responsable (voir encadré). Nous retrouvons vite notre belle énergie pour filer taquiner les bars du côté de l’île Longue, des Grand et Petit Veizit.
Loups blancs
Mais une trop forte luminosité explique en très grande partie l’apathie des poissons. En tous les cas, cette journée en compagnie de Tangui, Baptiste et Robin aura été un vrai moment de plaisir et d’échanges. Si vous envisagez de découvrir le golfe du Morbihan, vous aurez peut-être la chance de les croiser sur l’eau… Ici, ils sont connus comme le loup blanc ! TBR Fishing sur Instagram
Les 10 recommandations de TBR
➊Être respectueux à l’égard d’autrui.
➋ Manipuler le poisson avec précaution.
➌Utiliser une épuisette à mailles caoutchoutées et laisser le poisson baigner dans l’eau avant photo.
➍Respecter le repos biologique du bar de janvier à fin mars.
➎ Respecter la maille et les quotas de pêche.
➏ Limiter ses trajets en bateau pour réduire l’émission de CO2.
➐Résister au marketing, privilégier les achats au détail.
➑Jeter les excédents de fil, ramasser tout déchet dérivant.
➒ Sensibiliser les plus jeunes aux bonnes pratiques.
➓Boycotter l’alimentation industrielle, nocive pour l’environnement