Les sites du groupe Info6TM

Les géants du canyon

Crédit photo Lilian Haristoy
Le Pays basque a toujours été une région de particularités à la fois culturelles, linguistiques ou architecturales mais il en existe une méconnue qui se cache sous la surface de l’océan, le canyon sous-marin. Cette particularité géologique, parmi tant d’autres du même type dans ce magnifique bout de paradis, est nommée « gouf de Capbreton ». En effet, ce canyon sous-marin naît non loin des plages de la ville de Capbreton voisine landaise des irréductibles Basques.

La tête du gouf démarre à 300 m des plages landaises pour s’étirer sur 300 km au sud parallèlement à la côte basque jusqu’à Santander. Ce canyon sous-marin issu de la tectonique des plaques, il y a fort longtemps, abrite des espèces animales abyssales car il descend jusqu’à 3800 m de profondeur. Cette profondeur incroyable et l’influence du fleuve Adour tout proche permettent de développer une très grande biodiversité permettant une forte présence du thon rouge sur cette zone.

La profondeur incroyable du Gouf et l’influence du fleuve Adour tout proche permettent de développer une très grande biodiversité permettant une forte présence du thon rouge sur cette zone
Crédit photo : Lilian Haristoy

L’or rouge de l’Atlantique

Depuis une bonne dizaine d’années la population de thon rouge connaît une croissance régulière en Europe ce qui a amené la pêche sportive de ce formidable poisson à se développer également. Poisson de tous les superlatifs, il est considéré comme l’un, pour ne pas dire Le poisson le plus puissant au monde avec des combats titanesques quand on a la chance de pouvoir piquer un très gros thon rouge. Guide de pêche depuis de nombreuses années sur la côte basque Cédric Graciet a fait de ce poisson son obsession et propose désormais à ses stagiaires de se mesurer aux thons géants en pêchant au broumé dans cette zone si riche. Dans les premières années du retour du thon rouge sur le Pays basque et les Landes au-dessus de ce canyon sous-marin nous pouvions pêcher essentiellement des poissons juvéniles attirés par la forte concentration d’anchois essentiels à leur croissance rapide. Ces poissons entre 10 et 30 kg furent vite accompagnés par une génération de poissons adultes composée d’individus pouvant aller jusqu’à 300 kg que les pêcheurs pouvaient croiser au bord sur la côte dans 30 m de fond chassant des proies plus grosses comme les bonites, les mulets, les maquereaux, etc. Actuellement sur le gouf de Capbreton toutes les générations de thon rouge se mélangent et sur les sorties de pêche il faut avoir une canne de 40 lb, une autre de 60 ou 80 lbs mais également, pour les plus joueurs, une canne en 100 ou 120 lb ! La pêche au leurre de surface est la pêche la plus pratiquée dans cette zone, celle qui procure le plus de sensations dans l’action de popper et voir le thon exploser en surface en s’effondrant sur ce leurre. Cédric Graciet pratique toujours cette pêche au leurre avec ses stagiaires mais il veut leur offrir d’autres sensations et passer un cap avec un thon. Se mesurer à un géant pouvant régulièrement frôler les 3 m de long laisse des souvenirs impérissables surtout dans le dos et les bras !

Cédric met tout d’abord en place le « broumégeur », cette machine automatique qui broie les sardines et qui appâte à intervalle régulier.
Crédit photo :

L’organisation est le maître mot

J’ai pu embarquer sur le très beau bateau de Cédric un Chris-craft seahawk de 8,5 m en compagnie de deux de ses amis Jean-François et Frédéric respectivement président et trésorier de l’association de pêche en mer « Euskal fishing club » qu’ils ont créée il y a quelques années. Quelques jours avant notre sortie une dépression était passée, la houle longue et puissante encore présente annonçait une navigation musclée à la sortie de l’embouchure de l’Adour mais des conditions de pêche du thon idéales. Cédric repéra une zone d’activité des thons géants sur le gouf de Capbreton lors de ces dernières sessions de pêche au broumé, il décide de tenter le coup sur ce point à 10 miles nautiques de la côte. Une fois tout le matériel nécessaire chargé ainsi que 30 kg de sardines congelées sur le pont nous voilà en route avec ce bimoteur en deux fois 200 ch. très confortable. Nous ne sommes pas encore arrivés sur zone que déjà à l’horizon nous observons les fous de Bassan plonger et les goélands virevolter au-dessus d’éclaboussures d’écume blanche à la surface de l’océan déformé par la houle. L’excitation nous envahit, nous savons tous que les gros thons sont en activité et que cela promet une bien belle session. Une fois sur zone nous pouvons apercevoir par moments de très gros remous de thon rouge en surface et les échos du sondeur trahissent la présence de nos puissants compagnons de pêche passants sous le bateau. La team à bord s’organise dans un seul et même élan pour préparer la pêche et le matériel le plus rapidement possible.

Le bas de ligne est solide, un Nylon neox de 220 lbs armé d’un hameçon simple circle en 11/0 pour escher par le nez un maquereau vivant
Crédit photo : Lilian Haristoy

Cédric met tout d’abord en place le « broumégeur », cette machine automatique qui broie les sardines et qui appâte à intervalle régulier. Une traînée ou cordon continu de sardines sont créés dans le courant que les thons peuvent remonter pour arriver jusqu’aux vifs ou appâts au bout des lignes. Cette technique est l’épine dorsale de cette pêche. Cette machine à broumé, baptisée « Tuna max », a été conçue et réalisée par Cédric, qui distribue ce matériel dans ses deux magasins d’articles de pêche sur la côte ainsi que dans d’autres enseignes en France. À côté du « broumégeur », il installe également un distributeur de sardines coupées, de sa fabrication également, cela permet d’appâter avec des morceaux plus consistants qui vont dériver dans d’autres couches d’eau que la sardine broyée car de densité différente. C’est la première chose à mettre en place quand on démarre un broumé afin de créer cette traînée d’appât dans le courant et attirer les thons au bateau. Cédric met également en marche le moteur électrique avant sur GPS pour stabiliser le bateau sur la position qui sera le point de rendez-vous des thons qui seront remontés. Nulle place pour l’à-peu-près dans cette pêche très exigeante car la puissance des thons géants met les lignes et le matériel à rude épreuve. Le moulinet Stella 30 000 rempli de tresse en 160 lbs le tout monté sur une canne Yuki bulldozer no limit est le choix de notre guide de pêche. Le bas de ligne est du même ordre, du solide, un Nylon neox de 220 lbs armé d’un hameçon simple circle en 11/0 pour escher par le nez un maquereau vivant. Le flotteur utilisé est aussi une création de Cédric le « Tunaflot » qui se clipse sur la ligne et qui est bien sûr récupérable après un départ. Cela évite de pêcher avec des ballons gonflés qui finissent malheureusement l’océan après une touche. Sur le pont, l’équipage de copains se presse afin de mettre en pêche le plus vite possible car au loin des thons s’agitent en surface ce qui trahit une certaine activité sous l’eau, ça sent très bon pour cette journée. À l’échosondeur, une ligne de courant se dessine à 50 m de fond dans laquelle passent quelques gros échos, Cédric décide de mettre sa première ligne loin derrière le bateau dans 50 m de fond avec un maquereau vivant sur un flotteur. Il prépare une seconde ligne qu’il positionnera à 30 m de fond mais il n’a pas le temps de finir son montage que le moulinet de la première canne se met à siffler et que la bobine déroule à une vitesse folle. Un thon a mordu à l’appât en un temps record, pas de panique sur le bateau, chacun s’organise pour se préparer à un combat musclé. Cédric s’équipe d’un baudrier pour combattre en stand-up, une fois le gros rush fini il prend la canne et débute le duel avec ce bulldozer des océans, le thon géant.

C’est un vrai gros thon qui a mordu. Équipé d’un hameçon circle il doit être piqué au bord de la gueule dans la commissure, la décroche sera rapide et sans dégât pour le poisson. 
Crédit photo : Lilian Haristoy

La puissance de la pêche poussée à l’extrême

Jean-François se met à la barre pour piloter le bateau et mettre Cédric dans les meilleures conditions pour combattre ce poisson. En contact avec le thon, le constat est sans appel ! C’est un vrai gros thon qui a mordu. Équipé d’un hameçon circle il doit être piqué au bord de la gueule dans la commissure, la décroche sera rapide et sans dégât pour le poisson. Mais la partie n’est pas gagnée, Cédric souffre déjà canne en main, le thon revient en surface et fait une partie du combat sous la pellicule d’eau mais en gardant une énorme pression sur la ligne. La particularité de cette zone de pêche est qu’il y a beaucoup de fond à proximité, souvent plusieurs centaines de mètres au-dessus du canyon sous-marin ce qui complique les combats et qui peut les rendre interminables. Les trois copains se relayent à tour de rôle pour poursuivre le combat très puissant de ce poisson. Les différents passages en surface du thon permettent de juger sa taille, c’est un poisson d’environ 2,50 m. Une fois le thon ramené sous le bateau à force de pression, le combat semble terminé, mais ce poisson a beaucoup d’énergie et repart pour retrouver la profondeur. Les visages se crispent et les muscles se tétanisent, le combat est long. Cédric se rend compte qu’il a trouvé les limites du spinning sur ce genre de zone de pêche avec du fond il sait qu’il devra passer au trolling et siège de combat pour ses futurs stagiaires. Les conditions de pêche seront meilleures pour les pêcheurs et le combat sera écourté au bénéfice du poisson lorsqu’il sera relâché. Cédric a déjà pris plusieurs thons géants cette saison et celle d’avant mais parfois les combats durent des heures et il ne veut plus passer autant de temps sur un poisson. La saison prochaine c’est décidé, il change de matériel pour traquer les thons géants qui peuvent atteindre des tailles extraordinaires sur le gouf, pouvant dépasser parfois les 3 m.

Le thon est au bateau…
Crédit photo : Lilian Haristoy

Autant d'efforts

Au bout de plusieurs heures la fin du combat arrive, le poisson est juste sous le bateau à quelques mètres, les esprits sont soulagés, les bras et les dos de nos copains vont être à la fête ! C’est le moment le plus critique quand on pêche le thon géant, l’arrivée sous le bateau, le poisson joue uniquement avec son poids à l’aplomb sous l’embarcation. L’angle de la tresse avec la canne est souvent très fermé ce qui est dangereux pour la canne car la pression est alors très forte. La fatigue au bout d’un long combat, un moment d’inattention et c’est la casse. Malheureusement c’est ce qui est arrivé à l’issue de ce combat, un moment d’inattention pour soutenir la canne sur la grande pression mise par ce thon géant et la tresse toucha le plat-bord du bateau : casse instantanée ! Autant d’efforts pour en arriver là mais c’est le jeu, le thon a gagné son combat. Un silence envahit le bateau, les regards sont vides, il faut se faire à l’idée que le poisson est perdu. L’hameçon piqué au bord de la gueule, le poisson arrivera à s’en débarrasser rapidement même s’il n’est jamais agréable de savoir un poisson parti avec un montage. L’adrénaline retombe pour l’équipage, il est temps de rentrer au port mais la journée fut positive avec beaucoup d’enseignements. Cédric est désormais sûr de lui, il faut passer un cap côté matériel et confort de pêche. La saison prochaine promet d’être encore meilleure pour battre des records.


Crédit photo : Lilian Haristoy

Contact

Cédric Graciet
L’ami pêcheur
Articles de pêche et de chasse
12 avenue Dr Camille Delvaille
64100 Bayonne
Tél. : 05 59 55 18 02

 

"Pour recevoir chaque semaine toutes les actus de la pêche, nos concours, nos bons plans, nos sorties vidéos, nos articles gratuits et bien plus encore... inscrivez-vous vite à notre Newsletter !"

Je m’inscris à la newsletter

En bateau

Magazine n°085

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15