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Mesurez-vous au congre

Crédit photo Brigitte Besson
S’il y a bien un poisson qui est maintenant en nombre, presque en surnombre, c’est bien le congre. Et quel est le pêcheur qui ne peut pas être séduit par sa défense ? Aucun. À en devenir addict…

Le congre choisit des domiciles bien spécifiques là où il va trouver de quoi se nourrir sans difficulté. Ce n’est pas un poisson qui s’éloigne trop de son logis. Et pourtant quel autre congénère peut lui vouloir malheur ? Ce n’est pas un clupéidé, un gadidé, un labridé, un céphalopode, ni même un homard. Au contraire tous les poissons de ces familles et les crustacés font le régal de ce prédateur. Il est même considéré comme nuisible par les professionnels car il s’incruste dans les filets, pille le poisson et met à mal le filet. Il s’infiltre dans les casiers à homards et se délecte de ce crustacé. Il n’a cependant guère de valeur marchande. C’est forcément la raison de son importante présence sur certains secteurs. Il semble donc aisé de le capturer. Eh bien non, ce serpentiforme est rusé et ne se laisse pas si facilement prendre à l’hameçon.

Sa mâchoire est armée d’un nombre considérable de petites dents très coupantes qui peuvent venir rapidement à bout du bas de ligne.
Crédit photo : Brigitte Besson

Dans les roches et les épaves

C’est à poste fixe, ancré que l’on traque le congre. C’est au moment de l’étale de marée, par courant plutôt faible que le congre va quérir sa pitance en Atlantique. En Méditerranée, il se manifeste essentiellement au lever et au coucher du soleil. Notre poisson a des habitats de prédilection : les accores de roches et les épaves. Grâce au sondeur, au lecteur traceur GPS, la tâche est grandement facilitée pour trouver les décrochements rocheux et les épaves. Une fois la zone bien repérée en considérant la dérive, il s’agit d’ancrer correctement pour que les lignes soient à l’aplomb de l’accore ou sur l’épave, tout au moins très peu éloignées du « way point ». Il ne faut surtout pas mouiller sur l’épave sous peine d’y laisser l’ancre, la chaîne et le bout. C’est donc en amont que l’ancre doit s’incruster dans le substrat. L’opération de positionnement est plus facile lorsque la trajectoire du bateau est perpendiculaire à l’épave ou à l’accore. On peut donner du mou à la ligne de mouillage jusqu’à être sur le tombant ou l’épave. Lorsque les conditions de dérive, de courant et de vent sont néfastes, le mouillage peut se trouver parallèle au point clé. Et là l’ancrage est beaucoup plus difficile à maîtriser. Si le positionnement n’est pas bon à la lecture du sondeur, une seule solution : recommencer autant de fois que nécessaire.

À droite montage tresse trois brins, au milieu montage acier 7X7 brins, à gauche montage monofilament en 120 centièmes
Crédit photo : Brigitte Besson

Deux hameçons valent mieux qu’un

Le congre est un poisson puissant, combatif. Sa mâchoire est armée d’un nombre considérable de petites dents très coupantes qui peuvent venir rapidement à bout du bas de ligne. De plus, le frottement du bas de ligne sur la roche ou sur les tôles use le montage prématurément. Inutile donc de faire dans la finesse pour le bas de ligne : monofilament de 90 centièmes minimum, fil d’acier tressé ultra-souple (7 X 7 brins 100 lb) ou tresse trois brins en 50 ou 60 centièmes et des hameçons à œillets à tige courte et à tige longue fort de fer du n°3/0 à 8/0. Le principe de base est qu’en terminaison, on emprisonne l’hameçon le plus gros dans la boucle avec le plus petit coulissant sur le bas de ligne. Le fil d’acier tressé nécessite l’emploi de petites bagues appelées sleeves qui servent à confectionner des boucles pour enfermer d’un côté l’hameçon et de l’autre former une attache pour être amarré au corps de ligne avec un émerillon. L’acier s’utilise sur tous secteurs, mais c’est sur épave ou en grande profondeur qu’il aura la meilleure longévité. La tresse trois brins est légèrement plus souple qu’un monofilament de 120 centièmes. Les points d’usure ne sont pas sollicités uniformément et rallongent la durée de vie du montage. Après la prise d’un congre, avant de redescendre la ligne et l’appât, il est primordial d’inspecter le bas de ligne et au moindre doute on le remplace par un neuf. Seule la longueur du bas de ligne diffère en fonction du terrain : de 60 cm à 1 m pour la roche et de 30 à 40 cm pour l’épave. Par contre les montages sont différents. Ils s’adaptent à la typologie du terrain.

Le congre est un poisson puissant et combatif.
Crédit photo : Brigitte Besson

Patience à la touche

Les techniques de capture ne sont pas identiques. C’est avec l’emploi d’un coulisseau que l’on pêche le congre sur la roche. Ce petit ustensile en plastique a pour but de poser le bas de ligne à même le fond et d’être en prise directe avec le poisson. Cet accessoire s’enfile sur le corps de ligne, la partie la plus effilée est dirigée côté réception du montage. La partie la plus large est équipée d’un émerillon pour accrocher le plomb armé d’un petit cassant. En effet, le lest peut se coincer entre deux interstices rocheux et sans cet artifice, c’est la ligne que l’on doit souvent casser. À la touche souvent franche, très sensible canne en main ou bien visible canne posée, le pêcheur doit libérer du fil de son moulinet pour que le congre puisse continuer à se saisir de l’appât, à l’engamer sans s’apercevoir de la supercherie. L’appât s’écarte naturellement du plomb sans que celui-ci ne décolle du fond. Le coulisseau permet de ressentir le moindre tressaillement car le bas de ligne est aligné avec le corps de ligne. Le congre mâchouille sa proie avant de l’avaler, et si jamais il détecte la moindre résistance, il recrache l’appât mais revient souvent à la charge. Il faut attendre souvent la troisième touche, quelquefois distante de plusieurs secondes avant de ferrer énergiquement pour bien piquer l’hameçon. Et entre chaque touche, on libère quelques mètres de fil. Mais avant de ferrer, le pêcheur rembobine discrètement les mètres de fil jusqu’à arriver au point de tension. Au ferrage, l’adrénaline monte car il faut absolument décoller le poisson du fond très rapidement en moulinant. Il ne faut pas que le congre trouve une prise avec sa queue quelque part dans la roche. À ce petit jeu, il sera le plus fort à moins de ruser subtilement, mais on ne gagne pas à tous les coups. Il faut dévider à nouveau du fil et peut-être que notre compère ne sentant plus de tension décidera de se mouvoir à nouveau. Et là, ferrage immédiat au moindre titillement avec rembobinage simultané.

Le guide Sébastien Gas est un expert de la pêche du congre.
Crédit photo : Brigitte Besson

Montage en potence sur épave

Ce serait si bien d’appliquer la même technique pour sortir le congre d’une épave. Plus question d’employer un coulisseau mais un montage fixe en potence au-dessus du plomb en terminaison. L’hameçon esché doit se présenter à quelques centimètres au-dessus de la carcasse pour justement obliger le poisson à s’en extraire. La ligne doit toujours être sous tension, sans jamais de mollesse. Et c’est à la première touche qu’il faut ferrer énergiquement à plusieurs reprises en rembobinant en même temps. Le pourcentage de loupés est forcément plus important. Ce sera impossible de le déloger s’il a un appui dans l’épave. Il n’y a plus qu’une solution : casser. Mieux vaut utiliser un bas de ligne en acier dans cette structure coupante.

Le choix des appâts

Les appâts les meilleurs sont les céphalopodes, les sardines entières, les filets de maquereaux sanguinolents. Il est nécessaire que l’esche soit bien arrimée aux hameçons afin de ne pas être chapardée. On fixe en principe l’hameçon terminal, c’est-à-dire le plus gros, dans la tête entre les yeux. Le plus petit coulissant est planté près de la queue ou dans une autre partie du filet et sert à assurer l’appât en deux endroits. Les puristes maintiennent notamment les sardines, les filets en les entourant avec du fil élastique autour de l’hameçon. Et bien sûr, la fraîcheur des esches est de rigueur. Vous pouvez pêcher le congre en no-kill et le remettre à l’eau. Si vous le montez à bord, vous prenez le bas de ligne à la main avec un gant et le hisser d’un geste vif. Pour les gros spécimens, faites preuve de précautions pour le monter à bord !

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