Nous avions rencontré Xavier Gauthier, guide de pêche professionnel, il y a quelques années au Salon de la pêche en mer de Nantes. Passionné et passionnant, nous avons eu le plaisir de discuter avec lui. Il nous avait invités à venir le rencontrer afin de découvrir la pêche dans son secteur. Nous y sommes enfin, et ce matin nous le retrouvons au port de la Pointe Saint-Gildas, à quelques kilomètres de Pornic, en Loire-Atlantique.
Ce département fait figure de pauvre comparé aux départements situés plus au nord comme le Morbihan ou le Finistère, il ne possède « que » 130 km de côtes sur l’océan Atlantique. Cependant, on y trouve d’excellents coins de pêche. On peut y pêcher le bar, le maquereau, le lieu jaune, le maigre et de nombreuses autres espèces. Même s’il est possible de pêcher du bord et d’obtenir de bons résultats, en particulier pour le bar, ce littoral n’est pas des plus simples pour la pêche. Et, bien sûr, l’aide d’un guide comme Xavier augmente les chances de succès ! Une des difficultés de cette zone est le manque de relief. Le bord de mer est relativement plat et sur de grandes étendues, il n’y a pas ou peu de postes marqués, d’où la difficulté de trouver les poissons. D’autant que les chasses d’oiseaux, sternes et mouettes, sont présentes.
La zone de pêche
Nous retrouvons Xavier sur la cale du port. Ce solide gaillard est d’une efficacité redoutable : il ne met pas longtemps à mettre le bateau à l’eau et à embarquer tout le matériel. Beau bateau et beau matériel : Xavier est installé comme guide depuis quelques années, mais il est déjà guide pro pour Ultimate Fishing et Lowrance. À bord de l’Ambana III, semi-rigide Zeppelin de 6,70 m on retrouve les fameuses cannes rouges et uniquement du matériel de pêche haut de gamme. Si Xavier pratique beaucoup la pêche aux leurres souples, il utilise aussi, en fonction des moments de l’année et des poissons, d’autres techniques : leurres de surface, leurres à bavette, leurres métalliques, jigs, etc. La zone de pêche où nous naviguons est difficile à appréhender sans l’aide de l’électronique : la surface de l’eau est lisse comme la main et offre partout le même spectacle. Mais pour Xavier pas de doute, là où il stoppe le semi-rigide, il y a un poste susceptible de tenir quelques beaux poissons. Son expérience et sa connaissance des lieux, associées à une grande maîtrise du sondeur, ne laissent pas de place à l’improvisation. Sans les compétences de Xavier, impossible de savoir que sous le bateau se trouve une zone favorable. Le poste est bon et le moment est parfait : la marée est montante et même si cela n’est pas, ou peu visible, il y a de forts mouvements d’eau. Rien de tel pour mettre les prédateurs en action de chasse. « Les bars aiment chasser au cœur des courants puissants et les éléments déchaînés ne leur font pas peur. Bien sûr il est toujours possible de capturer un bar dans une zone calme, mais ce n’est pas là que nous trouverons le plus de poissons. »
Deux types de leurre souple
Xavier nous explique l’intérêt de la zone que nous allons pêcher : « Sous la coque il y a un fond de roche à environ 12 mètres et quelques jolis blocs couverts d’algues. Ce type de biotope est rare ici. Bien sûr c’est une vraie oasis dans ce désert tout plat. De nombreux animaux, crustacés et petits poissons, aiment se tenir au cœur de ce secteur qui leur offre le gîte et le couvert. » Xavier prospecte avec le sondeur et la cartographie pour repérer précisément les roches qui abritent nos poissons. Le sondeur ne sert pas qu’à repérer directement les poissons, car ceux qui se cachent dans les obstacles ne sont pas visibles. Pour autant, l’électronique nous permet de pêcher au plus près du repaire des poissons. Le choix des leurres : le bar a une grande bouche et il est capable de s’attaquer à de grosses proies, mais il est important d’adapter la taille des leurres aux proies présentes sur le secteur. Nous optons pour des leurres dont la taille est comprise entre 5 et 10 cm, qui correspondent à ce que notre chasseur va trouver ici. Nous utilisons des leurres souples de deux types, des leurres « finesse » avec une queue serpentiforme, un one up slug, et des shads avec une caudale émettant de plus fortes vibrations. Nous pêchons avec des leurres différents pour essayer de trouver le modèle du jour. Nous choisissons, avec Xavier, des modèles aux couleurs naturelles, celles qui nous semblent les plus proches de ce que le bar trouve ici. Xavier porte son choix sur un coloris : dos vert et ventre blanc, seules quelques paillettes viennent apporter un peu de brillance. Pour augmenter nos chances nous badigeonnons généreusement nos leurres d’attractants. L’action de pêche est très simple et consiste à faire évoluer le leurre sur le fond, la seule difficulté est de toujours bien garder le contact et de ne pas rester accroché dans les obstacles. Le courant est puissant et nous sentons nos leurres travailler énergiquement. Mais le premier passage sur le poste ne nous donne pas de résultat. Les poissons sont pourtant bien là, Xavier nous montre sur l’écran du sondeur des échos bien nets ! Il faut insister et espérer que nos leurres les fassent craquer.
Quand le frein chante !
Dès la seconde dérive, Xavier ferre énergiquement, sa canne plie fortement sous les coups de tête. Le frein chante sous l’effet des rushs puissants. Mais notre ami bride fermement sa prise. Il faut empêcher le bar de regagner l’abri protecteur. Ensuite, quand le poisson est en pleine eau, Xavier manœuvre avec plus de délicatesse. Un joli bar apparaît bientôt à la surface de l’eau, le poisson est rapidement hissé à bord à l’aide de l’épuisette. Notre ami ne traîne pas il est déjà aux commandes et replace le bateau pour une nouvelle dérive. « Il ne faut pas traîner car les poissons ne restent pas toujours très longtemps sur les postes », nous informe Xavier. Mais il nous signale également que la touche n’a pas eu lieu sur le fond, mais en animant le leurre à quelques mètres au-dessus : les poissons chassent en pleine eau. Nouvelle dérive et cette fois notre petit shad est happé à la descente, en effet bien avant d’avoir atteint le fond. Effectivement dans la demi-heure qui suit nous constatons que les poissons sont actifs et deux belles prises viennent à bord, sans parler d’un très beau poisson décroché à quelques mètres du bateau. L’activité s’arrête brutalement et malgré nos passages répétés avec des changements d’animations, de profondeurs de pêche, de leurres… plus rien. Sur l’écran du sondeur les échos des poissons ont disparu. « Il est temps de trouver un nouveau poste », nous indique Xavier et déjà le moteur nous propulse vers un nouveau secteur. « Ici les poissons bougent beaucoup. Un poste peut être excellent sur une journée et le lendemain il n’y a plus rien. Sur la même partie de pêche il faut souvent se déplacer et beaucoup prospecter si on veut avoir des résultats réguliers. »
Le matériel de Xavier
- Canne : une canne sensible pour bien sentir les leurres souples de taille moyenne. Xavier utilise une Tenryu SP 73 M. Puissance de 5-28 grammes
- Moulinet : spinning 2500 Megabass Lin 258HM.
- Tresse : YGK real sports G soul super Jigman X8 en PE 0,8 (soit 16 livres) tresse YGK et un bas de ligne de plusieurs mètres en fluoro carbone de 8 livres.
- Leurres souples : One up slug de Sawamura, super spindle worm de Megabass, X layer curly et hazedong shad de Megabass.
- Attractants : Halco à ne pas oublier