Le printemps est attendu par tous les pêcheurs de bars, mais encore plus par ceux qui pêchent près de la côte. Dès que la température de l’eau monte de quelques degrés, la vie explose sur les zones peu profondes proches du rivage. Il est temps pour ces poissons partis frayer au large de revenir sur la côte pour se refaire une santé. Ils viennent se nourrir de crevettes, crabes, gobies et autres proies vivant dans quelques mètres d’eau. Les belles journées sont l’occasion de mettre les kayaks à l’eau, les bars sont enfin accessibles !
Au gré des flots
Je retrouve mon ami Enzo, un jeune et excellent pêcheur, sur la cale de mise à l’eau. Nous ne mettons pas longtemps à nous équiper et nous voilà partis pour une journée de traque des labrax. La journée s’annonce magnifique et quand les premiers rayons du soleil font leur apparition, nous sommes déjà en action de pêche. À cette période de l’année, les bars se gavent ! Ils emmagasinent un maximum de nourriture. Nos préoccupations de kayakistes ne sont pas très éloignées de celles des bars que nous traquons: se déplacer avec un minimum d’efforts. Si un bateau à moteur permet de se rendre d’un poste à l’autre sans trop se fatiguer, en kayak, les choses sont différentes et savoir se ménager en utilisant les courants permet de pêcher plus longtemps. Nous nous laissons porter par les flots et dirigeons notre embarcation vers les postes prometteurs. Nous peignons méthodiquement toutes les pointes de roche à proximité des courants. La profondeur ne détermine pas la qualité d’un poste. Les bars sont capables de chasser dans très peu d’eau, parfois quelques dizaines de centimètres suffisent à tenir un gros poisson.
Tête texan
Lorsque les fonds sont encombrés, pour limiter les risques d’accrochages, nous utilisons des têtes de type texan. Nous sélectionnons différentes tailles d’hameçon et surtout différents grammages, ce qui nous permet de pêcher dans différentes profondeurs et de faire face à de nombreuses situations. En action de pêche, il n’y a pas de différence avec une tête classique, si ce n’est au ferrage. Comme l’hameçon est plaqué contre le corps du leurre, il faut un peu plus serrer le frein du moulinet et ferrer énergiquement pour bien faire sortir la pointe de l’hameçon et piquer le poisson.
Linéaire...
Nous alternons deux techniques de pêche: le lancer-ramener et la pêche à gratter. Sur les postes bien marqués, les poissons réagissent souvent rapidement. Le courant puissant ne nous permet pas de nous attarder, nous optons donc pour le lancer-ramener, avec un shad ou un slug. Nous lançons en direction de la côte ou de rochers et ramenons le leurre en linéaire en le faisant évoluer plus ou moins profondément. Lorsque nous nous laissons porter dans le courant, nous grattons alors le fond.
...ou pêche à gratter
Cette technique est assez simple, mais permet souvent de toucher les plus beaux poissons. Les gros individus sont généralement plus fainéants ou essaient de dépenser le moins d’énergie. Ils se nourrissent au fond, ramassant tout ce qui passe. Pour rechercher ces poissons, nous lestons davantage nos leurres. Il faut pouvoir traverser la couche d’eau et atteindre le fond malgré le courant. L’animation est simple, nous faisons rebondir le leurre par petits à-coups près du substrat. Toute la subtilité de cette pêche est de garder en permanence le contact avec le leurre sans trop le brider, pour qu’il imite le comportement d’un petit poisson agonisant ballotté par le courant. Il faut un peu d’entraînement pour sentir quand le leurre touche le fond, ou plus exactement avant qu’il ne le touche quand nous traversons des zones de roches. L’idéal est d’anticiper et, avant que le leurre ne se pose, donner un petit coup de poignet pour le faire remonter. Le fond est composé de dalles de roches couvertes d’huîtres aussi nombreuses que tranchantes! Si le leurre se pose sur les coquillages, les risques d’accrochages ou de coupe du bas de ligne sont importants.
Un ensemble assez léger
Nous utilisons des leurres très peu lestés, entre 5 et 20 grammes. « Pour cette pêche, la canne et le reste du matériel doivent être adaptés, précise Enzo. Une canne d’une longueur comprise entre 1,80 à 2,30 m et d’une puissance de 10-20 g est parfaite. On lui associe un moulinet en taille 2 500 ou 3 000 qui est garni de tresses de 0,14 ou 0,16 mm, qui permettra de bonnes distances de lancer avec ce type de leurres souples faiblement lestés. Cette finesse offrira également l’avantage d’être plus discret pour échapper à la méfiance des poissons. Le bas de ligne, d’une longueur de deux à quatre mètres, est constitué d’un fluorocarbone de 0,20 à 0,25 mm. » La canne possède une action de pointe rapide pour animer sèchement les leurres, mais il faut aussi qu’elle soit très sensible, pour garder le contact avec ces modèles de quelques grammes.
Un joli combat
Pour gratter le fond, nous utilisons deux types de leurres, soit des modèles fins de type Slug ou finess, en général des leurres ne possédant pas d’appendices vibratoires, soit des virgules. Gardez à l’esprit que les petits shads peuvent parfois être efficaces ! Quand ils touchent le fond, il faut effectuer une animation faite de tirées sèches pour leur donner vie. Bien installé dans nos kayaks, il est agréable de se laisser porter par le courant. Nous pêchons dans des conditions exceptionnelles, le vent est faible et les rayons du soleil nous rappellent une belle journée d’été. C’est l’un de ces grands moments de pêche où tout est réuni pour notre plus grand bonheur. La première touche ne se fait pas attendre. Le poisson n’est pas très gros et il est rapidement remonté. Mais à quelques dizaines de mètres sur notre droite, notre ami Enzo exécute un ferrage appuyé. La canne se bande et le moulinet chante joyeusement. Le poisson qui part dans un rush puissant ne semble pas vouloir s’arrêter et il arrache plusieurs mètres de tresse. Il utilise le courant et tout son poids pour tenter de se décrocher. Enzo est calme et confiant, canne haute, il gère ce beau combat. Il faut quelques minutes pour enfin pouvoir se régaler du spectacle d’un sujet effleurant la surface à quelques mètres du kayak de notre ami. C’est un superbe sujet qui est hissé à bord. Le visage d’Enzo s’illumine d’un grand sourire, le premier poisson de la journée a de belles mensurations !
Un peu de sport !
Nous prenons le temps de réaliser une belle série d’images de ce magnifique bar en le maintenant juste en surface. À présent, il va falloir accepter quelques efforts et remonter le courant pour refaire cette dérive fructueuse. Nous avons trouvé les poissons et il serait dommage de ne pas exploiter cette opportunité. Nos kayaks sont des modèles équipés d’un système de propulsion animé par la force des jambes, ce qui nous permet de continuer à pêcher même pendant les déplacements. Ces kayaks de pêche à mi-chemin entre un float tube et un bateau offrent la possibilité de pêcher pendant des heures sans le bruit d’un moteur. Leur efficacité ne fait aucun doute, surtout pour pratiquer dans des zones peu profondes, où la discrétion est de mise, mais ils offrent aussi un contact étroit avec l’environnement et décuplent le plaisir de la pêche. Un pur bonheur !
Le matériel d'Enzo
- Canne : Megabass Levante Oshu Edition F5 de 2,25 m et d’une puissance de 7 à 28 g. Cette canne sensible est parfaite pour ce type de pêche.
- Moulinet: spinning en taille 2 500.
- Tresse : YGK real sports G soul super Jigman X8 en PE 0,8 (environ 0,14 mm).
- Leurres : leurres souples Sawamura One Up et One Up slug, Megabass X Layer et X Layer Curly.
- Têtes plombées : tête de forme filiforme Decoy SV bachi head et tête de type texan VJ 36 (Decoy).