Le matériel utilisé pour cette technique est assez diversifié, turluttes cages, turluttes à aiguilles, planche à poulpe… tout cela avec des variantes sur les montages et les appâts utilisés. En fait, avant l’arrivée sur le marché de toutes ces turluttes multicolores modernes, équipées de rattles, de pastilles odorantes, voire de led, de toutes formes, plus belles les unes que les autres, les premières étaient ces fameuses turluttes à appâts.
Turluttes cages, épingles ou aiguilles
Il existe des turluttes cages qui emprisonnent un poisson ou un morceau de poisson. Avec les turluttes épingles, le poisson est embroché par le dos et les turluttes aiguilles pour également embrocher un poisson. On peut aussi ranger dans cette catégorie la fameuse planche à poulpe, que l’on esche avec un crabe ou une sardine et qui est très utilisée en Méditerranée. Elle revient aussi en force sur la pointe Bretagne, eschée avec un crabe vert elle y est très efficace. Les turluttes cages ont quand même suivi les évolutions techniques, certaines disposent d’un anneau d’attache en dessous pour y mettre une plombée supplémentaire ou pour rajouter une lampe flash pour pêcher les fonds. Les appâts utilisés sont la sardine, le maquereau, le sévereau, tous adaptés aux tailles des turluttes utilisées. Pour la mise en pratique de ces techniques, j’utilise une canne de puissance 12/42 g, un moulinet 2500 à 3500, garni de tresse multicolore en 8 brins en 1.2 PE, pratique pour pêcher rapidement à la même profondeur, car les calamars se déplacent en bande organisée, et un bas de ligne en 30/00 de bonne facture minimum. Je pratique cette pêche dans certaines conditions, quand l’eau est trouble, ce qui est souvent le cas en estuaire ou en rade après de fortes pluies. Bien sûr, on peut toujours mettre de l’attractant sur les turluttes textiles classiques, mais rien ne vaut l’odeur d’une sardine ou d’un maquereau.
Kayak à propulsion pour les déplacements
Le plus compliqué est de trouver des sardines selon la saison. Pendant les mois d’hiver, n’hésitez pas à en congeler quelques-unes lors de la pleine saison de celles-ci, ainsi que quelques maquereaux, cela pourra être utile. On en trouve aussi sous forme d’appâts congelés chez les revendeurs. En kayak, je reste fidèle à ma pratique sur les céphalopodes, c’est-à-dire que je ne reste pas sur place, en cela un kayak équipé d’une propulsion, qu’elle soit steppe ou pédalier, est idéal. Cela permet de se déplacer à faible vitesse et ainsi de couvrir une zone de prospection plus importante. Je pratique un véritable quadrillage de la zone, comme si on était en recherche d’épaves. C’est une pêche qui se pratique également en verticale, d’où la très faible vitesse de déplacement. Il faut d’ailleurs éviter de pêcher en traînant les turluttes sur le fond, vu la taille des paniers, c’est l’accroche assurée. Alors, pour pallier cela, je rajoute un cassant sous la turlutte d’environ 1 m, avec un plomb poire de 40 à 80 g (plus aérodynamique), selon la force du courant, bien sûr le morceau de cassant sera d’un diamètre plus faible que la ligne principale pour faire son office de cassant en cas d’accroche. L’appât de base est la sardine pour ce type de pêche, c’est le poisson qui dégage le plus d’odeur dans l’eau, ce n’est pas pour rien que tous les fabricants d’attractant ont de l’huile de sardine concentrée à leur catalogue.
Appuyer vos ferrages
En parlant d’attractant, un petit aparté, lorsque je pêche aux turluttes classiques, j’utilise deux « fragrances », le goût sardine et le goût crevette, en forme de spray, de marque Meriver pour le premier et de marque Flashmer pour le second. Un conseil, évitez de vous en mettre sur les doigts ou sur les vêtements, vous risquez de vous faire gronder en rentrant… Il existe d’autres marques, mais ce sont les deux produits que je trouve plutôt efficaces… Comme dit plus haut, la ligne est en 30/00 minimum, en effet, il faut qu’elle soit solide car le ferrage doit être appuyé, un ferrage à la japonaise ou presque. Cela est nécessaire du fait de la taille des paniers ou des grappins, surtout celui du bas, très large, un ferrage mou ne piquera pas le céphalopode. L’explication est simple, ces turluttes sont surtout étudiées pour les calamars rouges de Méditerranée qui ont tendance à attaquer la proie par le dessous, le calamar blanc ou la seiche vont faire une attaque sur le côté, un ferrage appuyé laisse plus de chances à la réussite de cette action de pêche. Comme vous pêchez avec un appât naturel, vous avez un peu plus de temps pour ferrer, tant qu’il n’est pas piqué, le céphalopode continuera à enlacer la proie de ses bras tentaculaires. Il faut aussi prendre en compte le poids de la turlutte, du plomb rajouté dessous et de l’appât dans la cage, donc il faut un montage costaud.
Prévoyez un bon stock d’appâts
Les dernières séances faites avec la mise en place de ces techniques se sont montrées efficaces, une première avec mon kayak steppe et une seconde avec mon kayak à pédale. La mise en pratique s’est avérée plus facile avec la seconde car l’espace pêche est plus grand et j’aime bien être à l’aise sur mon flotteur. Dans les deux cas, la pêche a été une réussite, de nombreuses seiches et calamars se sont laissés tenter. La première séance s’est faite au maquereau, la seconde à la sardine. Plus « friable » elle a tendance à se désagréger plus rapidement sous les attaques des krakens, mais ma préférence va quand même vers celle-ci. Prévoyez donc un stock suffisant de poissons, avec une dizaine de sardines pour une séance de trois heures, je pense que cela est suffisant… Lors de la seconde séance, j’ai utilisé les turluttes à aiguille. Je recommande le fil élastique de ligature à appâts. Ce jour-là, je l’avais oublié à la maison et les sardines se sont déchirées assez vite.
Pensez à la bourriche flottante
Pour faciliter le traitement des prises, je me sers également d’une bourriche flottante, comme cela les seiches et calamars vont directement dedans. Il est aussi plus facile de faire le tri, à la fin de la partie de pêche entre celles que l’on garde et celles qui repartent à l’eau dans les meilleures conditions. Une seiche ou un calamar dans le fond du kayak laisseront des traces d’encre, plus ou moins faciles à nettoyer. Rincer tout de suite à l’eau de mer si l’une d’elles baptise le flotteur à l’encre. Personnellement, je garde très peu de seiches, quelques-unes pour les prochaines pêches aux tenya, madaï et kabura, toutes les autres repartent à l’eau. Cette pêche est également très facile à mettre en place et à la portée des débutants en pêche en kayak. Comme c’est une pêche où les prises sont nombreuses, c’est une bonne manière de les encourager pour leurs débuts.