Pour un spécialiste, l’appellation « sauterelle » pour définir cette catégorie d’insectes est considérée comme très réductrice, tout simplement car ce nom vernaculaire est devenu au fil du temps ultra-générique. Ces amalgames sont des choses assez courantes chez les insectes, chez lesquels on mélange les sous-ordres ou les genres. En effet, tout ce qui possède deux longues et puissantes pattes postérieures et qui se déplace en sautant ne s’identifie pas pour autant par le nom de sauterelle… D’ailleurs, les « vraies » sauterelles sont à l’origine issues de la famille des Tettigoniidae, qui regroupent déjà près de 6400 espèces ! Ainsi si l’on s’en tient au généralisme, c’est l’ordre des Orthoptères qu’il est bon de retenir, qui regroupera ainsi sauterelles, criquets ou grillons… Ce vaste groupe compte désormais 22000 espèces à travers le monde dont 220 rien qu’en France métropolitaine. Même si nous, pêcheurs, les appelons communément « sauterelles », nous utilisons le plus souvent des imitations de criquet. Les critères de différenciation sont finalement très simples : le criquet dispose d’antennes courtes alors que celles de la sauterelle sont longues. Le grillon, lui, est le seul des orthoptères possédant deux courts cerques positionnés à l’arrière de l’abdomen.
Cycle
À la différence de nombreux invertébrés terrestres et aquatiques, les orthoptères ne passent par un stade larvaire ou autre processus biologique nécessitant une quelconque métamorphose. L’éclosion des œufs se synchronise avec l’arrivée du printemps, lorsque les rayons du soleil réchauffent la couche superficielle de la terre et des prairies. Les nouveau-nés sont très petits mais physiquement très proches des adultes. Logés à la même enseigne que les subimagos d’éphéméroptères, ces jeunes individus sont partiellement « terminés » et surtout dans l’incapacité totale de se reproduire. Si les sauterelles et les grillons sont omnivores, les criquets sont totalement herbivores. Ces derniers se nourrissent de feuilles, de tiges et même de graines, qu’ils broient grâce à leurs puissantes pièces buccales. À ce sujet, il suffit de voir les nuées de criquets faisant ravage sur les cultures du continent africain. Semaine après semaine, les Orthoptères grandissent rapidement. Cette croissance s’accompagne d’une dizaine de mues successives, durant lesquelles les organes se structurent peu à peu comme les ailes ou les organes sexuels. En vue de l’accouplement, les mâles usent de leurs chants pour conquérir leurs femelles. Suivant les espèces, les parties du corps servant à la production de sons sont différentes : ailes, abdomen, élytres, pattes… Une fois fécondées, les femelles pondent le plus souvent dans la terre, soit en répandant les œufs juste à la surface, soit plus profondément en utilisant leurs organes de ponte : « l’oviscapte ». La grande majorité des orthoptères meurt dès les premières gelées de l’hiver. Néanmoins, certaines espèces arrivent à passer cette période critique en hibernant…
En langage moucheur, ça donne quoi ?
Comment se passer d’une telle denrée à l’heure où tous les pics d’émergences des grandes espèces d’invertébrés aquatiques sont sur la fin ? En ruisseaux, en rivières, en lacs, le matin, le midi ou le soir : non seulement cette catégorie d’insecte est partout mais en plus elle abonde, surtout le long des prairies à vaches. Les poissons sont totalement accoutumés à ce type d’invertébrés terrestres, et il ne leur en faut pas beaucoup pour se laisser tenter. Préférez les jours durant lesquels une légère brise souffle. Côté montage, j’ai depuis quelques saisons un vrai penchant pour les montages en foam réalistes que l’on peut trouver dans le commerce, ou en « kit » à monter facilement. C’est simple, ludique, résistant et surtout très flottant. À ce propos, en été, ce type d’imitation fait une sauteuse merveilleuse pour les pêches en sèche/nymphe, surtout en petites et moyennes rivières !