Après avoir croisé rapidement Claire sur les salons sans la connaître vraiment, c’est en 2019 qu’elle me contacte pour venir me rendre visite. Elle rêve de prendre un saumon et pour son premier, un saumon français. Plusieurs connaissances la dirigent vers moi et mes rivières bretonnes. Nous allons pouvoir longuement échanger sur notre passion commune qui fait de nous ce que nous sommes. Des personnes pour qui la pêche est bien plus qu’un loisir. Une passion dévorante, un art de vivre et qui en ont fait leur métier. Nombreux sont nos points en commun et nous allons partager de très bons moments sur le bord de nos rivières respectives avec une grande complicité qui nous permettra d’atteindre nos objectifs.
La pêche pour passion dès son plus jeune âge
Claire pêche depuis qu’elle est toute petite et prendra ses premiers poissons blancs au coup comme bon nombre d’entre nous. La passion débute. À 5 ans grâce à son père, lui aussi pêcheur, elle fait ses armes sur le Dessoubre où ses parents l’emmènent souvent en vacances. Elle pêche aussi un peu au lancer pour rapidement revenir à la mouche plus régulièrement autour de ses 10 ans lorsqu’elle prendra sa première truite au fouet sur cette rivière de renom. C’est ensuite Stéphane Poëncet qui lui prodiguera de nombreux conseils et partagera sa passion avec elle. Il lui permettra de progresser notamment dans la lecture de l’eau, améliorer ses posés en sèche et la prendra sous son aile. Ils partageront ensemble de nombreuses parties de pêche où Stéphane lui consacrera du temps pour lui transmettre le virus, mais aussi la faire rêver de voyages et poissons en tout genre ! Elle partira d’ailleurs sur plusieurs destinations européennes à ses côtés. De temps à autre, elle partage quelques coups de pêche avec son père qui l’emmènera avec lui surtout une fois qu’elle aura acquis un peu d’autonomie. De très bons moments père-fille dans la nature qu’ils apprécient autant l’un que l’autre. Stéphane lui permettra aussi de participer à de nombreux salons de pêche à la mouche, en France et en Belgique et de faire partie de l’équipe Mouche de Charette à partir de ses 18 ans jusqu’à ce jour ! Depuis elle assouvie sa passion dès qu’elle peut sur différentes rivières françaises, où elle s’est spécialisée dans la pêche de la truite en nymphe à vue mais aussi en sèche avec les bases que lui a transmises son mentor. Elle accomplit ses rêves et part également à la recherche de poissons tropicaux comme le tarpon et le permit au Mexique, mais aussi les ombres et belles truites en Bosnie, Croatie, Suède ou encore Autriche, mais aussi en Mongolie… Une baroudeuse qui aime voyager pour découvrir d’autres cultures, paysages, civilisations mais aussi types de pêche et poissons.
Première rencontre en Bretagne à la recherche du mythique saumon atlantique
Fin juillet 2019, Claire, débarque en Bretagne pour passer quatre journées sur mes coins à saumon. Je fais connaissance avec elle et on discute comme si on était des amis de longue date. Le feeling passe tout de suite et les échanges fusent. Nous nous racontons quelques histoires et anecdotes de pêche. Parlons voyage. Après ces premières conversations entre passionnés, je lui explique les conditions et surtout les techniques de pêche du saumon. Les niveaux étant bas, comme c’est souvent le cas en été pour la pêche du castillon (saumon d’un été en mer), et les eaux claires, nous allons surtout pouvoir les attaquer à vue, technique chère à Claire qui la pratique depuis de nombreuses années sur les rivières vosgiennes et de Franche-Comté. Là où Claire s’applique dans ses posés pour leurrer les grosses truites de l’est de la France, au saumon il faut surtout passer ses mouches près du poisson et animer d’une certaine manière pour les intéresser. C’est une véritable traque. Cependant, au saumon on pêche beaucoup en rouler, un lancer qu’il va falloir que je lui enseigne plus en détail, pour avoir de bonnes chances de bien présenter nos mouches au saumon des rivières de Bretagne Sud. Après quelques réglages, nous attaquons différents poissons mais sans réussite. Les saumons ne se nourrissent pas en eau douce et prennent la mouche par agressivité ou parfois, pour la nymphe, peut-être par instinct. Nous n’aurons pas de réussite le premier jour, mais Claire est appliquée, à l’écoute et s’améliore en rouler. Elle comprend mieux le comportement et la pêche de ce migrateur, ce qui la change beaucoup de ses truites ! Les journées passent et nous aurons quelques belles opportunités. Les fous rires eux aussi sont nombreux sans oublier les frustrations ! Le saumon est un poisson très différent de ceux qui s’alimentent. C’est vraiment une pêche à part.
Un rêve devenu réalité !
Claire me raconte son parcours et ses rencontres lors des temps plus calmes et pause déjeuner. J’en apprends plus sur elle et elle m’explique comment elle a commencé à travailler chez JMC en 2010 en tant que commerciale où elle rencontrera Grégoire Juglaret l’un de ses meilleurs amis encore aujourd’hui. Son travail lui permet de belles rencontres mais lui prend beaucoup de temps. Néanmoins, de plus en plus, elle adore réaliser des coups de pêche rapides avec quelques proches amis pour partager un moment, échanger sur les derniers gros poissons. Sur les rivières de l’Est où dès ses 12/13 ans elle prendra de nombreuses jolies truites et fera aussi la connaissance de plusieurs grands pêcheurs, notamment Mathieu Cosson, lui aussi vosgien, également un de mes amis (petit monde) et bien d’autres célèbres pêcheurs de cette région où une partie des plus belles rivières de notre pays roulent leurs eaux. Lorsqu’elle se fixe un objectif, elle fera tout pour y parvenir. Elle est appliquée, pugnace et « obstinée » dans le bon sens du terme ! Des qualités qui font d’elle une pêcheuse redoutable. Les truites de l’Est le savent bien. Elle passe la majeure partie de son temps libre à la traque de ces gros spécimens, et rêve un jour d’en prendre une de plus de 70 cm, en France. Car, pour elle, cela a beaucoup plus de valeur que capturer ces gros poissons dans d’autres contrées. Elle recherche ce poisson trophée. Une véritable quête. Il faut croiser son chemin, puis le séduire et nous le savons tous, ils ne sont pas légion en France même s’ils existent.
Un moral d'acier
Pour le saumon, c’est la même chose. Et, il faut un moral d’acier ! Finalement la traque des grosses truites et du saumon a beaucoup de ressemblance. Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Les saumons sont en montaison à cette période de l’année et certains jours ils sont sur le parcours et d’autres jours ils ne sont plus là, à l’inverse des truites qui ont un poste bien défini. Prendre ces poissons d’argent dans de tout petits cours d’eau comme en Bretagne m’a toujours émerveillé ! C’est invraisemblable d’avoir ces fantastiques migrateurs qui remontent pour y frayer ! Claire a la pression. Il ne nous reste plus qu’une journée et elle aura raté quelques bonnes occasions. Notamment un saumon qui avait pris ! Les poissons sont moins présents et nous montons et redescendons la rivière à maintes reprises pour trouver un castillon enclin à mordre et bien placé. C’est en fin de journée, alors que notre moral et nos nerfs en avaient pris un sacré coup, que le miracle se produit ! Un joli castillon bien frais décale et prend sa mouche ! L’action est superbe. S’ensuit un combat plutôt musclé avec ces poissons migrateurs puissants et vifs. En soie de 6 c’est toujours un grand moment. Claire n’en croit pas ses yeux. Elle jubile mais reste concentrée. L’émotion est là et nous partageons cet instant ensemble. Je ressens les émotions qui la traversent car je les ai moi-même vécus ! Les larmes aux yeux elle remet à l’eau ce poisson tant convoité ! Claire est sur un petit nuage et cette émotion me touche profondément. Voici un nouveau rêve et objectif réalisés et je suis très content d’y avoir participé et d’avoir partagé ce moment avec une personne aussi passionnée, investie et motivée que Claire. Nous partagerons une bière en fin de journée pour fêter cet évènement et je lui raconte que pendant mon évolution de pêcheur à la mouche, je n’ai jamais eu le temps d’aller pêcher ces belles rivières de l’est qui malheureusement se meurent ! Chaque publication sur les réseaux de Claire avec ses belles truites me fait rêver à mon tour. J’ai pourtant pris de très beaux spécimens dans ma vie de pêcheur, mais jamais de plus de 50 cm en France ! En Bretagne où je vis, ces poissons sont très rares. Pendant les années qui suivirent son séjour en Bretagne, chaque année Claire m’invitera à venir pêcher par chez elle. Mais pendant la saison il est difficile de me libérer. J’ai dû refuser ses invitations à plusieurs reprises. L’an dernier, je décide de faire une exception et de prendre quelques jours en pleine saison pour partir la retrouver début avril pour aller lancer mes mouches sur la Bienne et la basse rivière d’Ain. Des rivières dont j’entends parler depuis tant d’années !
Traque des belles truite dans le Jura
Claire pêche la truite principalement en France. Elle s’intéresse moins aux ombres et cherche comme beaucoup de pêcheurs de cette région à faire des 60+ mais surtout tenter de battre son record (64 cm) et prendre une 70+. Elle connaît quelques jolies rivières vosgiennes dont je tairais le nom, mais c’est sur la Loue qu’elle a perfectionné Claire en action sur sa rivière de cœur. sa technique et énormément progressée. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus y retourner, car voir « sa » rivière de cœur dans cet état n’était plus possible. Après 5 ans passés chez JMC comme commerciale entre 2010 et 2015, elle fait une pause d’un an pour voyager, et elle décide de devenir professeur d’histoire pour faire valoir ses cinq années d’études ! Elle retournera dans le milieu de la pêche en intégrant l’équipe de Pacific Pêche pendant deux ans et demi avant de revenir chez Mouches de Charette qui appartient depuis 2018 à la société SERT. Son bureau se trouve à Bourg en Bresse, et de fait, elle est très proche de rivières très connues pour leurs grosses truites comme la basse rivière d’Ain, et la Bienne pour ne citer qu’elles.
Nous avons choisi cette période car les années précédentes les conditions étaient plutôt bonnes. C’est un peu différent cette fois-ci, car il n’y a pas du tout de gammares sur la rivière d’Ain et les truites restent dans le lit et viennent peu sur les bordures. La Bienne devrait être pêchable mais ces dernières années la rivière est en souffrance à cause d’une mauvaise qualité d’eau et de pollutions à répétition du fait de l’agriculture intensive pour la production de comté ! Nous arrivons au bord de l’eau et je ne vous cache pas mon excitation. Les eaux sont claires et même si le fond semble déjà un peu colmaté, les truites devraient être de sortie. C’est une rivière d’une beauté incroyable et rien que d’être là en sa compagnie est un grand moment. Je souhaitais aussi voir Claire dans ses œuvres dans son environnement. Elle s’équipe tout en camouflage. Nous montons une queue-de-rat de 7 à 8 m avec pointe en fluoro en 18° et nous partons. Malgré mes trente années de pêche à la mouche, je pratique rarement ce type de pêche surtout avec ces très longs bas de ligne. Une petite période d’adaptation sera nécessaire. Claire jouera le rôle de guide pendant ces journées. Ce qui fût fort appréciable. Après une décroche le premier jour, je prendrai enfin une belle truite de 54 cm et atteindrais ainsi mon objectif, juste avant que des pluies diluviennes ne viennent contrecarrer nos plans. La Bienne prendra 50 m3 dans la nuit et sera impêchable. Nous irons sur l’Ain où nous ne verrons aucune truite, mais trouverons des morilles. Elle n’en avait d’ailleurs jamais trouvé autant là-bas. Car Claire a pour deuxième passion les champignons et surtout la quête des morilles. Passion qu’elle partage souvent avec son père dans ses forêts vosgiennes. Si vous la trouvez sur les réseaux sociaux, vous verrez de belles photos de poissons mais aussi de morilles !
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