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Pêche à la mouche du barbeau ibérique en sèche, en Espagne

En Espagne, la province du Gipuzkoa est une destination qui permet de pêcher le barbeau en sèche ! Non ce n’est pas une blague… Le barbeau de Graells est une espèce autochtone du pays très combative, qui vient naturellement gober en surface. Un régal pour les moucheurs…

Le territoire du Pays basque offre un réseau hydrographique dense et recèle de superbes rivières. Sur la plupart des parcours, la pression de pêche est très bien gérée en limitant le nombre de places disponibles par jour pour les pêcheurs. Si les truites vivent ici en nombre, cette destination permet une pêche plutôt insolite du barbeau en sèche. Un régal pour des vacances. Glenn Delporte, moniteur guide de pêche à la mouche depuis 2012 au Pays basque, pêche le barbeau en sèche, mais pas n’importe quel barbeau.

Quatre barbeaux gobent en surface avec une jolie truite juste en amont de la troupe
Crédit photo : Lilian Haristoy

Le barbeau ibérique, un air d'exotisme

Luciobarbus graellsii est son nom scientifique, le barbeau de Graells est une espèce autochtone d’Espagne, plus précisément du bassin de l’Ebre. Ce cyprinidé possède une lèvre inférieure plus courte que son cousin français, le barbeau commun (Barbus barbus). Cette différence anatomique lui permet d’aller chercher plus facilement sa nourriture dans la couche d’eau supérieure. Une chose est sûre, c’est que cette espèce de barbeau monte volontiers chercher une mouche sèche dérivant à la surface. Glenn, hydrobiologiste de formation, a bien observé ce poisson, ses comportements et son aire de répartition. Ce passionné de pêche à la mouche et du milieu aquatique a su aborder ce poisson de la meilleure des façons, à vue en sèche. À l’instar de certaines destinations lointaines, la pêche du barbeau de Graells en sèche rappelle certaines pêches d’Amérique du Sud à l’aide de mouches volumineuses et d’imitation de scarabées. Glenn utilise de gros sedges marrons en renard ou des imitations d’insectes en foam, montées sur des hameçons n° 16 ou 14. Cette pêche pourrait être comparée à la pêche à l’aide de criquets en foam en Argentine ou au Chili. En Patagonie chilienne par exemple, la pêche à la mouche au criquet en foam est un incontournable. Lorsque les vents forts soufflent dans les vallées ou sur l’altiplano chilien, les criquets, très nombreux, se voient rabattus à la surface des rivières lorsqu’ils s’envolent à cause des rafales de vent. Pour la pêche du barbeau de Graells, c’est un peu la même chose, Glenn s’est aperçu que lorsque l’imitation de scarabée atterrissait violemment à la surface de l’eau, le barbeau repérait plus facilement sa proie. Ce comportement du poisson permet une pêche très visuelle avec de grosses mouches et une approche atypique en faisant claquer la mouche sur l’eau. Cette pêche originale tout autant que le poisson recherché rend l’exercice relativement plaisant pour un moucheur.

Une imitation de scarabée bien plantée dans la bouche charnue d’un barbeau de Graells.
Crédit photo : Lilian Haristoy

Montées d'adrénaline

Une fois que le barbeau a pris la mouche en surface, une autre étape intéressante s’installe, c’est le combat solide qu’offre ce poisson. Glenn utilise une canne puissante de 9 pieds en soie de 5 avec une pointe en 14 centièmes. Le barbeau se bat très bien, il gagne souvent un courant plus fort pour se défendre face au pêcheur qui doit souvent s’armer de patience afin de venir à bout de ce poisson si puissant. J’ai eu la chance d’accompagner Glenn Delporte et son ami Florent sur les spots que Glenn connaît bien, je dois avouer que l’expérience est très excitante et originale ! Nous arrivons au matin sur une zone en bord de berge avec très peu d’eau, je vois des pointes de queues de poissons dépasser à la surface, Glenn me dit : « Regarde, les barbeaux sont là, postés. » Je n’ose pas y croire, de nombreux barbeaux d’environ 1,5 kg en lisière d’un courant et d’un amorti dans très peu d’eau semblent être actifs. Plusieurs gobages généreux trahissent leur activité, Glenn se prépare et monte un scarabée en foam. Il essaie d’être discret, car nous sommes très proches des poissons, un premier posé et un poisson vient s’en saisir mais il le loupe au ferrage. Observateur, je suis conquis par cette pêche du barbeau. Second posé, un ferrage sec et appuyé signe le début du combat avec le poisson. Comme Glenn me l’avait dit, le poisson gagne le courant pour se défendre en dévalant ce dernier. La 9 pieds est cintrée et le poisson tient le fond, la réputation de ce poisson n’a pas failli, c’est un tracteur !

Une fois qu’il est piqué en sèche, le poisson regagne toujours le courant principal
Crédit photo : Lilian Haristoy

Lèvre inférieure courte

Au bout de quelques minutes, il est dans l’épuisette, un superbe poisson doré en pleine forme aux reflets cuivre dans la lumière du matin. Splendide poisson, il a tout, une robe magnifique, une action de pêche excitante et un combat digne des plus beaux trophées en rivière. Le voir de mes propres yeux me confirme que cette approche avec ce poisson est vraiment originale et très intéressante dans la pêche moderne. J’en profite pour observer ce poisson, en particulier sa bouche, en effet, sa lèvre inférieure et plus courte, ce qui le différencie du barbeau commun que nous avons l’habitude de pêcher. Nous nous déplaçons sur un nouveau spot assez différent, Glenn m’a assuré que ça valait le coup d’œil. Nous surplombons la tête d’une veine d’eau profonde contre une berge, je m’avance discrètement et j’aperçois beaucoup de poissons. Une majorité de barbeaux, plusieurs dizaines, évolue tout au long de cette veine d’eau. Des gobages se succèdent, les barbeaux sont actifs, mais il y a d’autres poissons avec eux, des truites aussi gobent en tête de courant. Magnifique spectacle, des barbeaux et des truites ensemble en train de gober dans un courant. Je décide de rester en haut pour réaliser des images, Glenn et Florent se mettent à l’eau en aval et remontent le courant pour pouvoir pêcher ces barbeaux actifs. Florent change de mouche et monte un sedge en renard, un peu plus discret que le scarabée. La réponse des barbeaux ne se fait pas attendre, le sedge dérive à ma hauteur, un barbeau monte et se place calmement sous la mouche et continue sa remontée pour aspirer le sedge. Magnifique action de pêche, encore un poisson splendide dans l’épuisette, Florent le remet aussitôt à l’eau.

Le barbeau ibérique est très sensible aux mouches volumineuses qui provoquent un impact au posé. Les imitations de terrestres comme les sauterelles et les scarabées mais aussi les gros sedges devront garnir votre boîte.
Crédit photo : Lilian Haristoy

Gobages généreux

Les deux moucheurs vont enchaîner plusieurs poissons sur des spots différents sans trop de soucis. Cette approche de la pêche du barbeau à la mouche est formidable, de grosses mouches, des gobages généreux suivis de beaux combats, que demander de plus lorsqu’on pêche en sèche ? Le barbeau de Graells, tout comme le chevesne, entre autres, fait partie de ces poissons très intéressants à pêcher en sèche. La truite n’a pas le monopole de cette technique et bien heureusement pour les pêcheurs, qui peuvent trouver là un nouveau compagnon de jeu avec ce cyprinidé à barbillons qui ne démérite pas aux vues de sa fabuleuse défense au bout de la ligne. Glenn Delporte a su rajouter une corde à son arc en tant que moniteur guide pêche à la mouche. Ce barbeau de Graells apporte une nouvelle opportunité pour les moucheurs en quête de nouvelles sensations. Si vous souhaitez tenter l’aventure, Glenn saura vous guider dans cette belle région espagnole.

Notez la taille de ses nageoires qui lui permettent des combats intenses.
Crédit photo : Lilian Haristoy

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