Comme beaucoup d’entre nous, durant de nombreuses saisons, je n’ai utilisé que des imitations flottantes de terrestres. Puis, il y a une douzaine d’années, j’ai eu un déclic, lors d’une partie de pêche avec un ami fou de pêche au toc, n’utilisant que des appâts naturels de saison. Ce jour-là, il utilisait des mouches noires genre « mouche de bouse » et moi une de mes nymphes favorites. Après qu’il eut attrapé plusieurs farios et ombres et moi rien, je me suis arrêté de pêcher afin d’observer de près sa méthode, ce que je n’avais jamais vraiment fait, malgré plusieurs sessions passées ensemble. Finalement, je me suis rendu compte qu’avec sa fine canne au toc de 3,70 m et sa façon de prospecter les postes, il n’était pas loin de la pêche en nymphe. Mais surtout, il utilisait un appât que je n’avais pas encore pensé à imiter en version nymphe. Si, à cette époque, il y avait déjà quelques « toceurs » utilisant des nymphes, je ne me rappelle pas avoir croisé des nympheurs utilisant des « terrestrinymphes ».
Mouches noires
Suite à cet épisode, j’ai mis au point quelques mouches noires en version nymphe, avec lesquelles à de nombreuses reprises je fis une bonne pêche alors qu’aucune autre imitation ne fonctionnait. Quelques saisons plus tard, il me prit la lubie d’imiter une série de terrestres version nymphe, présents chaque saison de mai à septembre dans le Massif central. Mon ami « le toceur » m’a conseillé sur les espèces qu’il considérait les plus intéressantes à utiliser et c’est ainsi que ma petite sélection a vu le jour. Je dois dire que n’étant pas conventionnel en matière de pêche à la mouche, c’est avec une certaine satisfaction espiègle que je me suis mis à capturer salmonidés, cyprinidés ou percidés avec mes « terrestrinymphes ». Si, au début, mon intention était de capturer truites ou ombres, je me suis vite rendu compte que sur les secteurs en deuxième catégorie, chevesnes, barbeaux ou perches ne restaient pas indifférents à la dérive de l’une ou l’autre de mes bestioles !
L'importance de la silhouette
Concernant la conception des modèles que je vous présente ici, j’ai cherché à jouer essentiellement sur leurs silhouettes, tailles et teintes avec des matériaux standards et des protocoles de montages rapides. Cela permet d’obtenir des imitations d’ensemble mi-incitatives, mi-réalistes, tenant compte du fait que pour chaque espèce imitée, il y a dans la nature de très nombreuses variantes. Pêchant le plus souvent des rivières moyennes à larges, profondes de 1 m, mes imitations sont toutes lestées avec des billes en tungstène. Pour les petits cours d’eau des lestages avec des billes en laiton seront plus appropriés. La sauterelle est la reine de l’été de mi-juin à mi-août, avec ses pattes vibratiles et son corps semi-mou, elle m’a rapporté de belles farios et des gros chevesnes. Avec la mouche noire dès mi-mai, on a une valeur sûre appréciée des truites jusqu’à fin septembre. La fourmi ailée est ma favorite pour les pêches fines à deux mouches, je l’ai aussi utilisée en pêche à vue ou en noyée avec succès. Elle est souvent indispensable de mi-juillet à fin septembre autant pour les farios que les thymallus. La chenille est celle qui m’a permis de capturer le plus d’espèces piscicoles différentes à partir de fin avril, comme les barbeaux ou les perches, un ami l’utilise souvent avec succès pour la carpe. Mon imitation générique de coléoptère fait partie des incontournables de l’été, elle est appréciée par tous et les truites en raffolent. La demoiselle jig est la seule imitation de larve de cette sélection, je l’utilise car, à la belle saison, les demoiselles de la famille des libellules sont présentes sur de nombreuses rivières et leurs larves sont très prisées par les truites. Cette version est bien adaptée à une pêche très près du fond.
Soignez vos dérives
Ces mouches peuvent être utilisées avec toutes les méthodes existantes de pêche en nymphe. Sur les cours d’eaux que je pêche le plus, de dix à vingt mètres de large, je préfère utiliser une canne de 11 pieds pour soie de 2, avec du fil bicolore fluo de 18/100 à la place de la soie, terminé par une pointe en 12 ou 14/100 suivant la taille des poissons rencontrés, pointe de longueur adaptée à la profondeur des spots prospectés. Ce kit permet de pêcher sous la canne comme à longue distance et de bien gérer les dérives sur les secteurs de surface les plus perturbés. Le contact direct du ou des doigts gérant le fil permet aussi de détecter des touches non visualisées lorsque la lumière rend problématique la vision du fil indicateur de touche. Étant donné que les insectes terrestres naturels, noyés plus ou moins profondément, ne nagent pas lorsqu’ils sont entraînés par les courants. Il est important, avec ces imitations, d’effectuer des dérives au fil de l’eau, le plus naturellement possible, à la même vitesse que le courant de la zone pêchée, ligne juste tendue pour un ferrage direct. Ces « nymphes de l’espace », nommées ainsi par un jeune pêcheur venu en stage la saison dernière, font partie des sauve-bredouilles qu’il est bon d’avoir sur soi. À la saison chaude, lorsque vous lirez ces lignes, les terrestres seront une part importante de l’alimentation des truites mais aussi d’autres espèces que nous convoitons ! Essayez donc une de ces « terrestrinymphes », vous m’en direz des nouvelles !