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A la découverte des truites lénok

La lénok est salmonidé primitif magnifique.

Crédit photo Fabrice Chassaing
Les truites lénok (« Brachymystax lenok » spp) sont probablement les salmonidés qui présentent la plus large aire de distribution sur notre planète, mais elles n’en restent pas moins plutôt méconnues de la plupart des pêcheurs, même parmi les voyageurs les plus assidus.

Leur aire de répartition débutant à l’ouest des monts Oural, on peut trouver des truites lénok dans pratiquement toutes les rivières de l’immense Sibérie, à l’exception de ses extrémités les plus septentrionales (bassin de la péninsule du Taïmyr) et les plus orientales (bassin de la péninsule du Kamtchatka, que ce soit du côté de la mer d’Okhotsk ou de la mer de Béring). On pourra également les rencontrer un peu plus au sud, en Mongolie notamment, mais aussi dans le nord de la Chine et dans la péninsule de Corée. Avec de si vastes territoires pour aire de distribution naturelle, on comprend pourquoi la truite lénok est, avec le huchon (Hucho spp), considérée comme le salmonidé le plus symbolique du continent asiatique. Cette très vaste présence n’est pas uniquement géographique, elle est également écologique puisque les lénoks sont connues pour occuper des milieux très variés : torrents, ruisseaux, petites ou grandes rivières de plaine, petits plans d’eau de montagne ou immenses lacs comme le Baïkal. Fort logiquement, on note une plus forte densité dans les eaux très fraîches et fortement oxygénées, donc généralement sur les secteurs les plus amonts des cours d’eau.

La présence de points noirs est systématique sur les flancs de toutes les lénoks.
Crédit photo : Fabrice Chassaing

Salmonidés primitifs

La lénok est généralement considérée comme une des formes les plus anciennes de salmonidés. Parmi les clés d’identification les plus évidentes, on notera la présence systématique de points noirs sur des flancs au coloris argent se teintant parfois de rouge, et recouverts d’écailles de petite taille. La différence la plus flagrante avec la truite reste toutefois le caractère fortement rétrognathe de sa gueule, c’est-à-dire que les deux mâchoires sont de longueurs différentes. De fait, chez la lénok, la mâchoire inférieure est très nettement plus courte que la supérieure.

On distingue très bien le caractère fortement rétrognathe de la gueule de cette belle lénok présentée par Guillaume
Crédit photo : Fabrice Chassaing

Taxonomie qui reste floue

Avec une aire de répartition aussi étendue et une si grande variété de biotopes fréquentés, il est logique de penser que de nombreuses adaptations et qu’une forte spéciation se sont produites au sein de cette famille. Pour autant, la taxonomie des lénoks reste encore très floue de nos jours, car relativement peu de véritables études scientifiques ont été effectuées. Il faut dire que la Sibérie est immensément grande et se révèle parfois inaccessible et/ou inhospitalière. De fait, on se contente encore aujourd’hui de distinguer deux groupes principaux : les lénoks dites « à nez pointu », les plus communes, et celles « à nez court ». Les deux populations peuvent parfois se fréquenter sans s’hybrider, ce qui laisse penser qu’il existe bien deux espèces distinctes. Mais d’autres imaginent que la forme de la gueule pourrait simplement venir d’une adaptation aux ressources de nourriture les plus fréquemment rencontrées, comme on l’admet pour notre anguille d’Europe (Anguilla anguilla) qui peut, sans différenciation d’espèce avérée, afficher un museau très long et pointu ou, au contraire, très court et carré. À noter qu’on distingue également une troisième espèce, la truite de Qinling (Brachymystax lenok tsinlingensis), décrite en Chine, dans une zone très localisée au Taibai Shan, dans le massif des Qinling.

Chez les sujets les plus âgés et les plus grands, un rouge profond peut apparaître sur les flancs
Crédit photo : Fabrice Chassaing

Un look de belle truite

Bien qu’elle soit plus proche des ombles et des huchons, le look de la lénok fait immédiatement penser à une truite. C’est un beau poisson de forme allongée, de taille moyenne (30 à 50 cm) mais on parle parfois de grosses lénoks de 4 à 6 kg qui atteignent alors les 70 cm. Les écailles, petites et cycloïdes, sont caractéristiques des salmonidés, comme la présence d’une nageoire adipeuse. On notera la présence systématique de points noirs sur les flancs de toutes les lénoks. Ils sont généralement argentés et se teintent de jaune d’or, de rose et de bleu pastel qui accentuent l’élégance du poisson. Chez les sujets les plus âgés et les plus grands, un rouge profond peut apparaître sur les flancs.

La lénok mord très bien avec de petits poissons nageurs
Crédit photo : Fabrice Chassaing

Pêcher la truite lénok

En de nombreux endroits, les populations de lénoks sont encore très vigoureuses, et les poissons nombreux. La grande quantité de sujets dans toutes les classes d’âge et la concurrence alimentaire facilite leur pêche. Toutes les stratégies utilisées dans le monde sur les truites fario fonctionnent, mais sans la nécessité de finasser. Dans certaines rivières, on peut « enchaîner » les lénoks avec une technique basique, voire rustique ou grossière. La truite lénok mord par exemple très bien en pêchant avec des cuillers tournantes n°2 à n°3, ou avec de petits poissons nageurs de 6 à 10 cm. Mais la relative simplicité de sa pêche peut aussi être l’occasion idéale pour débuter à la mouche et emmagasiner de l’expérience ainsi que de la confiance par le nombre de captures. Car la truite lénok prend également très bien toutes sortes d’artificielles : nymphes, noyées, mais aussi mouches sèches et même des grosses imitations type bomber. En effet, malgré sa bouche rétrognathe qui laisse penser que la lénok se nourrit essentiellement sur le fond, il est surprenant de voir avec quelle facilité elle monte en surface pour gober goulûment des imitations pas toujours très délicates… Dans le cours supérieur de la rivière Onon, en Mongolie, j’ai capturé de très grosses lénoks à nez court en pêchant de nuit, avec des leurres de surface (type popper ou stickbait) sans les animer réellement, mais en faisant simplement un sillage sur la surface en les ramenant très lentement en travers de la rivière. En effet, tout comme le font les huchons, ces lénoks de plus de 60 cm pesant plusieurs kilos se sont spécialisées dans la prédation des marmottes de prairie et autres petits rongeurs imprudents qui se mettent à l’eau pour traverser la rivière. Tous les types de leurres de 10 à 15 cm peuvent convenir à condition de ne pas être trop lourds, ce qui provoquerait un « plouf » trop bruyant lorsqu’on les pose sur l’eau. Certains pêcheurs (notamment les moucheurs qui ont développé de très beaux streamers) vont jusqu’à utiliser des imitations de souris ou de rats pour cette pêche très particulière. Peu de pêcheurs se sont réellement penchés sur le record de cette espèce,

Merveilleuse petite lénok de Corée du Sud
Crédit photo : Fabrice Chassaing

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Biologie - Environnement

Magazine n°116 - janvier-février 2020

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