Destinés aux gestionnaires des cours d’eau et des lacs et tout particulièrement aux AAPPMA, les PDPG sont des documents techniques de diagnostic des milieux aquatiques visant à proposer la gestion piscicole la plus pertinente sur chaque secteur d’un département. Ces plans de gestion sont une réponse à une obligation réglementaire qui depuis la loi pêche de 1984 impose, en contrepartie de l’usage du droit de pêche, une obligation de gestion de l’activité halieutique. Ils ont commencé à être élaborés par les techniciens des fédérations dans les années 1990 et ont été consacrés par la loi sur l’eau de 2006. Le paysage institutionnel dans le domaine des milieux aquatiques a ensuite évolué dans un contexte plus écologique et les PDPG, qui doivent être en théorie mis à jour tous les cinq ans, se sont inscrits dans cette tendance.
À télécharger
Les PDPG sont des documents scientifiques conséquents (dépassant parfois les 1 000 pages pour certains) et peuvent paraître de prime abord denses et complexes pour le pêcheur lambda qui n’a pas une formation d’hydrobiologiste. Ils se lisent rarement d’une seule traite ! En réalité, ils sont plutôt faciles à consulter puisqu’ils comprennent beaucoup de cartes et fonctionnent tous avec une trame identique assez simple. Pour les cours d’eau salmonicoles, l’approche se fait par « contexte » hydrologique cohérent et donc concrètement, le plus souvent, par bassin-versant. C’est très pratique puisqu’il suffit, à partir du sommaire, d’aller visionner uniquement les pages de la rivière (et de ses affluents) qui vous intéressent. Même s’il n’y a aucune obligation pour les fédérations de les diffuser au public, les PDPG sont souvent consultables directement sur leur site. À titre d’exemple, pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui comporte 12 départements hautement truiticoles, 6 sont intégralement accessibles sur Internet. Souvent disponible en version PDF, leur contenu n’est pas « recensé » par les robots des moteurs de recherche et c’est pour cela que l’on ne tombe jamais sur leur contenu par hasard en surfant sur la toile. J’invite tout pêcheur de truite, quelle que soit sa spécialité, à les consulter régulièrement et même à télécharger ceux des territoires où il pratique assidûment. À titre personnel, je connais celui de mon département, la Savoie, quasiment sur le bout des doigts pour l’avoir parcouru des dizaines de fois.
Tout en un
Quel pêcheur n’a jamais souhaité disposer d’un document offrant de manière pratique l’ensemble des informations accessibles concernant sa rivière préférée, ou même celles qu’il n’a pas encore explorées et qu’il aspire à découvrir, que ce soit près de chez lui ou lors de ses vacances ? Et bien toutes ces informations sont aisément accessibles dans les PDPG. Ils présentent en effet l’avantage de compiler pour un cours d’eau ou un contexte donné, l’ensemble des renseignements disponibles et dispersés provenant des divers organismes comme la DDT, EDF ou les collectivités territoriales qui sont chargés d’un contrat de rivière par exemple. En fonction des données que la fédération a produites ou qu’elle a pu récupérer, un PDPG peut ainsi livrer au pêcheur des informations de type scientifique telles que la température de l’eau et les débits (sous forme de graphiques annuels), la morphologie de la rivière, les aménagements hydroélectriques (et plus généralement les obstacles à l’écoulement) ou encore l’état écologique et physico-chimique des masses d’eau. Comme je l’ai souvent souligné, la connaissance des milieux est un élément majeur de la réussite pour le pêcheur de salmonidés. Les PDPG peuvent donc lui fournir une excellente et solide base de départ qu’il alimentera ensuite avec ses propres observations. Mais plus encore, le grand intérêt d’un PDPG réside évidemment dans la fourniture au pêcheur de renseignements sur les peuplements de truites.
Populations piscicoles réelles
Les PDPG regroupent et diffusent, en effet, généralement les données de toutes les pêches électriques de sauvetage, d’inventaire ou de marquage faites par les fédérations, les AAPPMA ou d’autres organismes. C’est très précieux car ils permettent de se faire une idée objective des populations salmonicoles, bien éloignée parfois des estimations approximatives, qu’elles soient négatives ou fantasmées, émises par certains pêcheurs. Selon leur degré d’analyse, ils peuvent même fournir l’altitude maximum des farios, très utile pour les départements alpins, corses, ou pyrénéens. Lorsqu’elles sont disponibles, ils livrent également des données intéressantes sur la génétique des poissons. Ils indiquent la présence ou non de truite de souche et donnent des détails sur les taux d’hybridation. Ils peuvent enfin compiler, si la gestion du cours d’eau n’est pas strictement patrimoniale, les politiques et les lieux de repeuplement en alevins, juvéniles ou truites portions et donc influencer les stratégies de pêche comme je l’avais indiqué dans un précédent article. En conclusion, pour prendre régulièrement des truites tout au long de la saison mieux vaut peut-être connaître par cœur le PDPG de son département plutôt que les superbes catalogues de matériel de pêche !