Pour s’améliorer, l’aspect matériel compte mais n’est pas l’essentiel à mes yeux. Une canne plus légère, plus sensible, se révèle certes plus agréable, procurant plus de sensations, ce qui ne peut pas nuire. Mais on peut aussi très bien pêcher avec un équipement moyen. Néanmoins, plus on s’améliore, plus on a envie de bien s’équiper car on est plus à même de ressentir les bénéfices du bon matériel. L’important est surtout d’utiliser le matériel adapté à la fois à la technique et aux conditions de pêche. Un matériel inadapté, là est le vrai handicap : mauvais contrôle de la ligne avec une canne trop courte, mauvaise animation ou manque de sensibilité si elle est trop puissante, hameçons de mauvaise qualité, nylon trop vieux… Quelques poissons manqués ou perdus vont sanctionner un équipement approximatif.
Oublier la technique
Second point important concernant le matériel : il faut savoir s’en servir, c’est-à-dire disposer d’une bonne maîtrise technique, sans laquelle tout devient compliqué. La technique doit se faire oublier, ne pas encombrer l’esprit. Il y a suffisamment de choses à penser et à gérer pour réussir une sortie. Pas de secret, pour y parvenir, il faut pratiquer, pratiquer encore et toujours, jusqu’à ce que la gestuelle devienne spontanée, instinctive. Mais pour en arriver là, il faut être conscient de nos erreurs, de ces petits riens qui font la différence. Parfois, le manque de maîtrise se voit facilement, quand la ligne atterrit dans un arbre ou à 3 m du remous visé. Mais quand la dérive n’est pas propre, que la mouche ou l’appât drague légèrement, ce n’est pas toujours si évident à percevoir.
Bien s'informer
Une bonne technique s’acquiert donc en plusieurs étapes. D’abord les basiques. S’informer par le biais des magazines (La Pêche et les poissons en priorité, bien sûr…), des livres, nos vidéos, nos tutos sur Internet fait gagner un temps précieux. Il ne faut jamais hésiter à relire ou à revoir car il est certains détails que l’on ne saisit pleinement que lorsque des paliers ont été franchis. Accompagner de bons pêcheurs permet de progresser bien plus rapidement. Mais il faut savoir en tirer profit, parfois observer plutôt que pêcher, par exemple, échanger, ne pas hésiter à poser des questions, se faire conseiller.
L'option guide
Les clubs permettent aussi de franchir rapidement ces premiers échelons. Plus cher mais ô combien efficace, le guide de pêche est la solution royale pour apprendre. Les détaillants aussi sont souvent de bon conseil, certains étant de vrais spécialistes qui connaissent bien les bons parcours de leur secteur. Muni d’un bon bagage technique, l’important est alors de hiérarchiser les choses et de comprendre que le point capital, c’est la stratégie. Ce sens s’acquiert lui aussi avec le temps et la pratique, mais c’est surtout une question d’état d’esprit.
Pas si difficile
Chercher à progresser, c’est en effet fuir le fatalisme, le « si ça veut faire » qu’on entend bien trop souvent. Il y a bien sûr des jours où quoi qu’on fasse, la rivière semble vide. Mais il y en a tant d’autres où il n’est pas si compliqué de débloquer la situation. Ça peut être identifier le comportement des truites, changer de parcours ou de technique, choisir les bons créneaux, les bons postes… Tout cela n’est possible qu’en se posant les bonnes questions, sachant que la rivière la mieux peuplée peut ne rien valoir lorsque les conditions ne sont pas favorables. En admettant aussi que, même avec des truites actives, on échouera si on ne fait pas ce qu’il faut ! De ce point de vue, pêcher à deux est idéal. On peut comparer, avec des jours où les résultats sont équivalents, d’autres très différents.
Pourquoi et comment
C’est là qu’il faut essayer de comprendre, un des points essentiels étant de développer son esprit d’analyse. Réfléchir sur ses réussites mais aussi ses échecs, essayer de relier résultats et situations – débit, saison, moment de la journée, météo, technique utilisée, type de parcours, façon de prospecter… – pour au final lever une partie du mystère et commencer à comprendre comment tout cela s’organise. C’est une des grandes beautés de la pêche, ce qui en fait une des plus belles fenêtres ouvertes sur la nature, puisqu’elle offre une vraie opportunité de s’immiscer dans les relations qu’entretiennent les poissons avec leur environnement. On ne va pas à la pêche pour lancer quelque chose dans l’eau et voir si une truite veut bien le manger. On choisit un cours d’eau et un secteur en fonction du débit et de la saison, pour proposer aux truites un appât déterminé en toute connaissance de cause, par rapport aux conditions du moment. Cela change toute l’approche… et bien des résultats.
Varier les plaisirs
La progression n’est pas linéaire. Rapide au début, elle ralentit avec le temps. Ayant atteint une certaine maîtrise, on peut avoir l’impression d’avoir fait le tour de la question. On comprend globalement ses résultats, pourquoi on a réussi ici et échoué là. Tout cela reste certes global et souffre évidemment de nombreuses exceptions, comme toujours avec la pêche. Mais en fait, on peut encore progresser, notamment en faisant évoluer sa technique. On peut rester toute sa vie un coureur de ruisseau au ver ou un pêcheur de lisse en sèche, il n’y a aucun mal à ça, bien sûr. Mais on peut aussi varier les plaisirs, modifier ses approches, essayer de nouvelles variantes. Tenter le toc en dérive naturelle en rivière, troquer sa sèche contre une nymphe pour prospecter des secteurs plus courants…
Le plus souvent
Enfin, après celle qui consiste à pêcher avec sa tête, une autre règle d’or consiste à pêcher tout simplement aussi souvent que possible, et dans des parcours et des conditions diverses. Plus on pêche souvent, avec les yeux ouverts et un esprit d’analyse opérationnel en permanence, plus vite et plus fort on progresse.
L'exemple des compétiteurs
Outre l’habitude, un des dangers qui guette, c’est la flemme. Celle de rallonger sa pointe de bas de ligne, de modifier sa plombée, d’essayer une nouvelle couleur de leurre. Une des choses qui m’ont toujours frappé en accompagnant des moucheurs compétiteurs, c’est leur perpétuel souci d’optimisation. Même quand les touches s’enchaînent et que la cadence semble bonne, ils essaient toujours de changer quelque chose pour vérifier si elle ne peut pas être encore meilleure. Et bien souvent, ils y parviennent !
Toucher à tout
Sortir un peu de sa zone de confort et de ses habitudes est toujours bénéfique. Car on réapprend et ce qu’on acquiert de nouveau servira souvent pour améliorer encore ce qu’on maîtrisait déjà. Pratiquer plusieurs techniques et développer une vraie polyvalence est toujours profitable. On est plus à même de s’adapter sur différents types de parcours et de conditions, mais surtout on en apprend beaucoup sur le comportement des poissons en pratiquant diverses approches.