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La pêche du cristivomer au vairon avec Alex Barbier

Le cristivomer, relativement rare sur le territoire français, n’est présent que dans certains lacs alpins et pyrénéens où il a été introduit. C’est sur le lac Noir du vallon du Clou, dans le massif des Alpes Grées, à plus de 2 600 m d’altitude, que Thierry Bruand a suivi le Savoyard Alex Barbier lors d’une sortie ô combien sportive et ludique. Fidèle à sa réputation, ce dernier n’a pas pu s’empêcher d’inscrire un nouveau beau record à son palmarès. Récit d’une journée... au sommet !

Entre deux tours du monde, Alex Barbier, que nous vous avions présenté dans notre numéro de septembre 2020 (accès abonné), aime revenir dans ses montagnes savoyardes. En bon sportif (il est professeur d’EPS), les randonnées ne lui font pas peur et c’est en à peine 2 h 30 qu’il boucle les 9 km d’ascension qui nous mènent aujourd’hui vers le lac Noir du vallon du Clou, dans le massif des Alpes Grées. Le bivouac est installé dans une zone plate et herbeuse à un quart d’heure du lac. Pour moi, le réveil, très matinal, est un peu... difficile d’autant qu’il a plu une bonne partie de la nuit ! Mais Alex, lui, en short comme à son habitude, est déjà opérationnel.

Alex monte avec un vivier à la main qu’il secoue constamment lors de l’ascension pour oxygéner ses vairons. À chaque ruisseau croisé, il remet de l’eau fraîche. Il installe son camp de base près d’un affluent et y laisse le vivier la nuit. Même chose dans le lac pendant la pêche. Deux ou trois fois dans la journée, il regarnit sa petite bouteille de vairons frais.
Crédit photo : Thierry Bruand

Les vairons sont récupérés dans la rigole où ils étaient au frais pour la nuit et nous voilà partis. Une petite appréhension nous guette au moment de le décou-Brie puisque, l’an passé, à peu près à la même époque, il était encore gelé. Mais ni glace ni pêcheur et un ciel qui s’est dégagé : ça s’annonce bien !

Le lac Noir du vallon du Clou est entièrement dégelé. Alex entame ses recherches par la rive sud, encore enneigée.
Crédit photo : Thierry Bruand

Ça part fort

Alex commence par la rive sud encore enneigée, juste à droite du déversoir. Dès le premier lancer, il capture un cristivomer d’une trentaine de centimètres, suivi de plusieurs autres dans la foulée. L’eau cristalline permet de voir les ombles jaillir des profondeurs, suivre et attaquer avec une grande agressivité, parfois à plusieurs, les vairons qui ne font pas long feu. Ces poissons qui sortent de huit longs mois de semi-léthargie sous la glace sont visiblement morts de faim et chaque lancer ou presque rapporte une capture. Après une touche ratée à distance, il suffit de laisser retomber le vairon, ou ce qu’il en reste, sur le fond pour voir surgir un autre poisson. La taille reste toutefois modeste aux alentours de 20-30 cm. « C’est de la folie et, à ce rythme-là, mon stock de vairons ne fera pas la journée, lance-t- il. Il faut que j’arrive à sélectionner la taille. Je vais tenter les berges accidentées et les deux arrivées d’eau. » Connaissant le bonhomme, je ne suis guère étonné de le voir déjà crapahuter tel un chamois dans les pierriers, toujours en quête d’une zone plus sauvage et plus éloignée.

Notre baroudeur ne s’attendait pas à une telle agressivité de la part des cristivomers dont la taille moyenne hélas n’est certes pas au niveau de ses attentes.
Crédit photo : Th

À la tirette glissée !

Une quinzaine de poissons plus tard, toujours pas maillés, Alex parvient à la pointe nord-ouest. C’est un des meilleurs spots du lac avec l’affluent principal et un énorme rocher immergé qui abrite toujours de beaux poissons. Très motivé par cette configuration, notre Savoyard sélectionne un gros vairon (8-9 cm) et commence à fouiller méticuleusement la zone avec sa technique si particulière qu’il appelle tirette glissée. Il laisse son appât toucher le fond puis, sans le décoller, le tire lentement sur 30 à 40 cm, marque une pause de plusieurs secondes, et ainsi de suite... Risqué pour la monture mais très efficace sur les ombles lacustres, selon Alex. C’est d’ailleurs au moment de la reprise de contact que la touche survient. Ferrage ! La canne plie fortement, ça tient le fond. Le combat commence. Le premier réflexe d’Alex est d’essayer de sortir le poisson de la zone rocheuse, ce qu’il parvient à faire difficilement.

Alex a vite gagné le nord-ouest du lac pour prospecter une arrivée d’eau prometteuse. Un choix gagnant qui lui permet de toucher ce spécimen hors norme.
Crédit photo : Thierry Bruand

Un peu light...

Constatant son hyper prudence dans ses manœuvres, je ne manque pas de lui demander le diamètre de sa pointe en nylon. Sa réponse me laisse dubitatif pour une pêche au vairon manié : « Je suis en 16/100... Dans les lacs naturels, la taille des
poissons est en général modeste et tu m’avais promis du nombre mais pas forcément de monstres
, me rappelle- t-il. Alors j’ai pris la première bobine qui m’est tombée sous la main ! » Le poisson s’est maintenant rapproché et Alex peut l’apercevoir furtivement. « C’est énorme ! » s’exclame-t-il, tout excité. Sans épuisette et avec un fil si fin, je ne suis pas trop rassuré mais c’est sans compter sur le talent et l’expérience d’Alex en matière de gros salmonidé. Au bout de vingt minutes d’un combat complètement maîtrisé, il réussit enfin à mettre au sec un cristivomer d’une taille assez incroyable pour le lac. Spécialiste des gros salmonidés, notre montagnard n’a pas tremblé au moment d’attraper son cristivomer à la main. Comme les pêcheurs de saumon, il l’a échoué en bordure avant de le saisir par la queue plutôt que par sa nuque bien trop large. Il peut laisser éclater sa joie. Avant même de le mesurer, il sait qui vient d’exploser son record français. La toise annonce en effet 66 cm. Un superbe poisson qui doit approcher les sept livres. Il s’avère en fait qu’à cette altitude, les cristivomers ne grossissent pas. La majorité se situe entre 25 et 32 cm.

Alex a aménagé un petit bassin provisoire pour réoxygéner et laisser le cristivomer reprendre ses esprits
Crédit photo : Thierry Bruand

Des cannibales

Seuls quelques très rares poissons, comprenant que l’unique moyen de grossir est de manger leurs congénères, atteignent une taille respectable. Ce spécimen est donc exceptionnel pour un lac mono-espèce, aussi haut placé et sans soutien par repeuplement. Le calme revenu, la pêche reprend sereinement. Alex enchaîne les poissons même si, avec la forte luminosité, ils se tiennent maintenant plus éloignés du bord. Pour économiser un peu ses vairons, Alex essaye d’alterner avec un leurre souple. Pas vraiment une bonne idée car son Black Minnow (Fiiish), à la gomme bien trop fragile, ne survit pas longtemps devant les assauts des petits cristis, toujours aussi agressifs. C’est finalement en surface que notre prof de gym va trouver la pêche de ce début d’après-midi. Ayant remarqué que sur la berge battue par le vent les ombles se sont mis à gober discrètement les insectes, il tente le coup avec une petite créature flottante... et ça marche parfaitement.

En milieu de journée, les poissons n’hésitant pas à venir en surface gober quelques insectes, Alex a l’idée de les tester avec ce petit Notobug (Sakura). Pari gagnant !
Crédit photo : Thierry Bruand

Pas très doués

« Je n’avais encore jamais pris de cristivomer de cette manière, me précise Alex tout sourire. C’est très amusant au niveau des touches car ils ne semblent pas très doués, ils ratent souvent leur cible ! » Mais il est maintenant temps de redescendre jusqu’à la tente et de faire une petite sieste bien méritée. Résultat final : une cinquantaine de poissons capturés. Un seul a certes dépassé la maille de 35 cm... mais bon sang, quel poisson !

Astuce : pour éviter de transporter des litres d’eau, notre baroudeur utilise un filtre portable. L’eau d’altitude est souvent buvable mais, avec les alpages, il vaut mieux rester prudent. La Life Straw, d’une grande fiabilité, ne pèse que 57g
Crédit photo : Thierry Bruand

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Magazine n°926 - Juillet 2022

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