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L’ équipement du leurriste s’inscrit bien évidemment dans la pêche de la truite en eaux vives en général qui exige l’itinérance et la pratique amphibie permise par les faibles profondeurs et l’étroitesse des parcours. Il dépend aussi d’aspects inhérents à sa technique : la mobilité plus importante et l’utilisation des hameçons triples sur les leurres par exemple. Le type de milieux fréquentés peut également influer sur les choix, car pratiquer partout et en tout temps n’est pas la même chose que pêcher seulement en torrent de montagne à la belle saison.
La tenue
La tenue la plus à la mode et la plus répandue, quelle que soit la technique retenue (leurre, mouche, vairon ou toc), associe aujourd’hui des waders respirants à une paire de chaussures de wading ou de canyoning. Cette option implique toutefois un investissement important (250 € au minimum), plus onéreux qu’un ensemble canne/moulinet correct (comme on l’a vu le mois dernier), et non durable pour les waders respirants particulièrement fragiles. Des alternatives sont donc possibles d’autant plus que le pêcheur aux leurres, avec sa capacité à lancer loin, a un peu moins besoin de rentrer dans l’eau que son confrère pêchant en nymphe par exemple. Le choix d’une paire de cuissardes ou de waders (respirants ou pas) avec paire de bottes intégrée est tout d’abord possible, cela réduit au moins par deux le coût de revient de la tenue et permet « d’investir » son argent ailleurs. Les marques Caperlan et Garbolino notamment proposent ce type de waders, par exemple, à des prix attractifs pour quelqu’un qui veut débuter. La seconde option consiste à pêcher sans vraiment rentrer dans l’eau et de s’habiller sans tenue spécifique. Cela peut paraître contre-intuitif à ceux qui aiment soigner leurs approches en se plaçant toujours de façon optimale, mais c’est parfaitement envisageable sur certains parcours : secteurs urbains ou périurbains, torrent subalpin, minuscule ruisseau de plaine, secteur où la pêche dans l’eau est interdite... Des pêcheurs de truite aux leurres très expérimentés comme Morgan Calu ou Olivier Meira par exemple, n’utilisent jamais de waders même en début de saison.
Les chaussures
La dernière option consiste à n’investir que dans les chaussures qui sont pour moi le point clé de l’équipement. Les semelles techniques antidérapantes sont vraiment précieuses pour éviter les chutes et les glissades sur les rochers, surtout lorsque l’on couvre beaucoup de terrain comme les leurristes. J’ai une très nette préférence pour la gomme crantée (type Vibram ou Michelin par exemple) bien plus polyvalente que le feutre plus glissant lors des marches d’approche ou des contournements en dehors de la rivière. À titre personnel, je trouve que les chaussures de canyoning (Terex d’Adidas ou TX Canyon de La Sportiva par exemple) sont plus ergonomiques, légères et ont un meilleur rapport qualité-prix que la plupart des chaussures de wading. Elles seront associées, selon les saisons et la configuration des berges, à un short, un pantalon de sport aquatique (voir encadré) ou de randonnée. Le réchauffement climatique plaide d’ailleurs en faveur de cette solution de plus en plus tôt dans la saison. C’est toutefois moins adapté aux grandes rivières où les changements de berges nécessitent de rentrer franchement dans l’eau, souvent au-dessus du nombril.
Le pantalon de plongée
Rappelons que le néoprène crée une couche d’eau isolante qui emprisonne la chaleur corporelle, empêchant ainsi de ressentir le froid quand l’eau pénètre. Son épaisseur peut varier de 1,5 à 5 mm selon la barrière thermique souhaitée, 3 mm constituant un bon compromis. L’élasticité du néoprène procure une liberté de mouvement inégalable pour escalader les blocs et remonter des berges très abruptes. Il amortit aussi bien mieux les chocs au niveau des genoux que les waders respirants. Il ne craint pas les ronces et les branchages, puisque même écorché, il reste opérationnel. Il se répare en outre très facilement. Bref un équipement durable vendu entre 35 et 80 euros.
Le plastron et son contenu
Le chest pack ventral, plus compact encore que le gilet et qui maintient le matériel plus haut, facilite la mobilité au bord de l’eau et dans la végétation. Les sacoches des street-fisheurs ou des pêcheurs de carnassiers du bord en général sont peu adaptées à la pratique en rivière de première catégorie, ne permettant pas bien d’évoluer en mode « sioux ». Le plastron sera choisi en fonction de sa praticabilité : nombre de poches et possibilités d’attache. Les principales accueilleront une ou deux petites boîtes de leurres pas plus mais au contenu bien pensé. Contrairement aux moucheurs qui ont tendance à accrocher des objets à l’extérieur de leurs gilets (outils ou bobines de fil notamment), le leurriste, plus polyvalent dans le choix de ses parcours, mobile et sportif dans son approche, à intérêt à tout ranger à l’intérieur pour que rien ne dépasse. C’est le meilleur moyen de ne pas perdre d’objets dans la rivière ou de les accrocher aux branches. Si le nombre d’attache interne n’est pas suffisant, de grosses épingles à nourrice piquées dans les parties épaisses du tissu peuvent très bien faire l’affaire. Le matériel et les outils indispensables à embarquer sont selon moi les suivants : une pince pour décrocher les hameçons (triples ou simples) et écraser les ardillons, un coupe-fil qui permet de sectionner le Nylon et la tresse, des bobines de fil légères et plates allant du 0,14 au 0,22 mm et un contenant pour l’eau (petite gourde ou Camelbak). Un thermomètre, un couteau, un flacon d’attractant, des agrafes, des hameçons de rechange, une mini-pince à anneau brisé, et une toise peuvent aussi compléter cet équipement en fonction de vos pratiques de pêche.
Épuisette ou pas
L’épuisette est incontestablement une alliée précieuse pour écourter les combats et assurer ses belles prises. Elle est aussi utile pour conserver les farios dans l’eau avant une éventuelle photographie lorsque l’on ne prélève pas. Le meilleur système de portage - ou plutôt le moins mauvais - consiste alors à l’accrocher au dos du gilet ou du chest pack avec un clip aimanté accompagné d’un cordon de sécurité pour ne pas la perdre quand elle se détache accidentellement. Elle est toutefois, selon moi, un outil très encombrant qui présente plus d’inconvénients que d’avantages mis sur la balance, surtout pour un débutant. C’est d’abord un investissement supplémentaire d’une quarantaine d’euros. Et surtout, elle finit toujours à un moment ou à un autre par s’accrocher à la végétation ou à se détacher lors des petits sauts et des franchissements de blocs, et cela même en ayant pris soin de choisir un aimant ferme. De plus, il n’y a pas plus nerveux qu’une fario, et quel que soit le filet retenu (ceux recouverts de plastique sont les moins mauvais), les hameçons ont une fâcheuse tendance à s’entortiller dans les mailles, surtout les triples. Personnellement je n’utilise donc l’épuisette que pour pêcher les grandes rivières dégagées ou quand je prends des photos pour votre magazine préféré.