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Une truite fario de 75 cm, récit d'un superbe record personnel

Crédit photo Laurent Madelon
Deux semaines avant la fermeture de sa saison 2021, notre ami et journaliste Thierry Bruand a capturé dans l’Arc, à la hauteur de Termignon, aux confins du département de la Savoie, à 1300 m d’altitude, une truite fario de 75 cm, une taille exceptionnelle pour ce type de milieu. Il raconte.

Pulvériser mon record personnel, le jour où je me déplace avec un ami excellent photographe professionnel, c’est une chance extraordinaire. Cela m’a valu de vivre, et de pouvoir la raconter ici, une mémorable journée de pêche, de celles que je souhaite à tout pêcheur… Nous sommes le 16 septembre 2021 et je profite de cette opportunité que permet, dans les départements alpins, la prolongation de la période d’ouverture jusqu’au 10 octobre. Pour la seconde année consécutive, j’ai sollicité Laurent Madelon, mon compère et confrère du magazine, pour aller faire quelques belles photos en montagne, en vue de nos prochains articles.

C’est juste avant de quitter ce poste, qu’il qualifie de miraculeux, que Thierry dépose instinctivement une dernière fois son leurre. Bien lui en prend !
Crédit photo : Laurent Madelon

Le ferrage est à l’avenant de la touche, ferme, lourd, limite brutal. C’est piqué… et bien piqué. Thierry sait déjà que c’est gros !
Crédit photo : Laurent Madelon

Ça part moyen, moyen

Pour le secteur, mon choix s’est porté sur l’Arc, en Haute Maurienne, rivière réputée pour sa densité de beaux poissons et ses magnifiques paysages. Disons-le franchement : mon début de partie de pêche est catastrophique. Je n’enregistre pas la moindre touche aux leurres durs, sur un secteur que je connais pourtant bien, pour y avoir cartonné les truites l’année précédente. Je me décide alors de basculer sur le Doron de Termignon, le principal affluent de l’Arc, et de pratiquer plutôt au micro leurre souple pour essayer de gratter quelques poissons, histoire de sauver cette matinée mal engagée… Résultat: quelques photos d’ambiance pour Laurent, et trois farios entre 25 et 28 cm capturées. En vérité, pas de quoi satisfaire mes attentes. Malgré ça, remontés à bloc après un copieux sandwich et une bonne bouteille de cidre, Laurent et moi convenons d’aller prospecter les gorges de l’Arc, en amont du bourg. Par une sorte d’intuition, je change de canne spinning pour un modèle plus nerveux et refais ma pointe avec un nylon un peu plus fort de 2/100. La belle luminosité du matin a laissé place à un temps plus couvert, mais heureusement il ne pleut pas.

La chance peut être une donnée importante à la pêche. Aujourd’hui, elle est visiblement avec notre champion. La truite vient en effet de basculer du bon côté, vers l’aval, une zone dépourvue d’obstacles.
Crédit photo : Laurent Madelon

Le combat se déroule sans encombre, canne haut de gamme et moulinet impeccable travaillent à merveille. L’épuisette, dans une gestuelle assez peu académique, est prête !
Crédit photo : Laurent Madelon

Le poste miraculeux

Je repars avec un minnow coulant cette fois-ci (voir encadré). Après quelques lancers infructueux sur des petits postes de bordure, un premier gros trou s’offre à moi. J’entrevois une belle profondeur avec deux gros blocs de part et d’autre. Je m’applique donc, en commençant par la cache située sur ma berge. J’enregistre une petite touche. Le poisson, non maillé, que j’ai pu voir grâce à la belle clarté des eaux, se décroche rapidement. Je me concentre alors pendant cinq bonnes minutes sur la veine d’eau principale, puis sur une seconde cache qui semble plus prometteuse. Mais là encore, sans aucun succès… Je monte alors sur le rocher de gauche dans l’idée de basculer sur le poste suivant, tout aussi attractif. Mais par réflexe, je redépose mon leurre une dernière fois, quasiment à la verticale, dans la partie la plus sombre, juste au ras du gros rocher. Je sais par expérience que prospecter un poste sous des angles différents peut parfois rapporter gros. Et là c’est la tape, lourde, très lourde ! Mon ferrage appuyé décolle légèrement le poisson du fond. J’aperçois assez nettement, le temps d’un flash, la silhouette claire du poisson. C’est énorme ! Pêcheur de truite chevronné, Laurent a tout de suite compris. Il se met à shooter tous azimuts.

Le matériel de Thierry

  • Canne : The Artist Puppet Master (Illex)
  • Moulinet : Iprimi 1000 (Daiwa)
  • Tresse : G-Soul Egi-Metal (YGK) 12,8/100
  • Pointe : Exceler 20/100 (Daiwa)
  • Leurre : Gamera HW (Gunki)

Hélas, l’ouverture de l’épuisette de Thierry se révèle bien trop petite pour accueillir l’énorme poisson qui repart d’un violent coup de queue. On a frôlé la catastrophe !
Crédit photo : Laurent Madelon

La bonne inspiration

Je pense tout de suite à une de ces arcs-en-ciel géantes qui sont parfois prises sur le parcours no-kill, plus en aval. Je sais, pour en avoir déjà touchées plus d’une, qu’elles opposent, dans ce torrent puissant, une défense diabolique. Il faut carrément les extraire de leur cache pour avoir une chance de les prendre. Ce que je fais, sans savoir encore, bien sûr, que c’est à une fario que je livre ce combat. Très bonne inspiration puisque le gros salmonidé, peut-être un peu surpris par une telle énergie, bascule assez rapidement de la vasque. Il se retrouve dix mètres en aval, dans une zone hyper favorable pour le travailler avec plus de sérénité. Des graviers fins, peu de courant et quasiment aucun obstacle : normalement, il ne peut plus rien m’arriver. Comme moi, Laurent a vu que c’était une fario et il continue de faire crépiter son Nikon de plus belle. Une première fois, je tente, sans succès, de rentrer le poisson dans mon épuisette, évidemment bien trop petite. Il repart alors très violemment mais le frein de mon moulinet, bien réglé, fait son travail. Petit à petit, je sens que la grosse fario commence à s’essouffler. Je décide alors de l’échouer, en bordure sur les graviers, et je lui saute littéralement dessus. Elle est prise, c’est une joie immense ! « Il va l’avoir sa couv’, le rédac-chef ! », s’exclame Laurent en traînant sur les mots, avec cet inimitable air de Savoyard bourru qu’il prend parfois pour plaisanter.

Calmement Thierry a repris le contrôle des opérations, laissant le poisson se fatiguer. Il parvient à l’amener au plus près pour l’échouer en bordure et s’en saisir.
Crédit photo : Laurent Madelon

En pleine forme

Et en effet, la séance photo finale peut commencer. Le plus intéressant dans cette histoire, chers amis lecteurs, surtout si vous patrouillez parfois dans ma belle région, c’est que j’ai évidemment remis à l’eau ce magnifique poisson en pleine forme, avec le plus grand soin. Il est encore dans la rivière…

Bravo à Thierry qui savoure son exploit sous l’œil de Laurent. La belle a bien mérité de reprendre ses esprits et de regagner sa rivière
Crédit photo : Laurent Madelon

Poisson sauvage... ou pas ?

D’où pouvait venir ce poisson magnifique ? C’est bien sûr la question que s’est posée Thierry qui a mené l’enquête. Les très grosses farios sauvages se prennent généralement dans des milieux spécifiques et bien connus : tributaires de grands lacs ou rivières de plaine issues de résurgence karstique, par exemple. En gros torrent d’altitude, c’est beaucoup plus improbable, notamment pour des questions thermiques. J’ai donc pensé immédiatement à un poisson de pisciculture, mais mon enquête n’a pas permis de trancher. J’ai pris l’avis de Damien Proner, technicien à la fédération de Savoie. En analysant les clichés, il a fait deux constats contradictoires. Selon lui, la robe et la physionomie de cette truite sont étonnantes, plus proches de celles d’une truite lacustre que d’un poisson d’élevage qui aurait été déversé. Deuxièmement, les nageoires pectorales semblent assez modestes pour un poisson né dans la rivière, qu’il soit de type méditerranéen ou atlantique d’ailleurs.

Une 65 cm, déjà...

J’ai donc consulté le président de la Gaule de Termignon qui a été assez clair : «Depuis le début de mon mandat, et même bien avant autant que je sache, nous ne déversons plus de farios adultes dans l’Arc, tient-il à préciser. Les enjeux génétiques sont importants car il y a des truites de souche sur notre secteur. Nous privilégions donc les arcs-en-ciel qui sont reprises rapidement. Une fario sauvage de 65 cm a déjà été prise sur le no-kill de Sollières-Sardières, trois kilomètres en aval. Alors pourquoi pas, d’autant que sur l’Arc, la nourriture est très abondante. Mais c’est vrai qu’en amont de la confluence avec le Doron, c’est quand même très surprenant !» Reste l’hypothèse d’un poisson de reprise qui aurait pu dévaler d’un secteur bien plus en amont où la gestion des sociétés privées est moins connue. Allez donc savoir…

 

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